Nouvelles de La Seine Musicale (Boulogne)

[Florestiano]

Mon sang n'a fait qu'un tour à la lecture de l'interview que Jean-Luc Choplin (ex-Châtelet, président de la Seine Musicale) offre au Figaroscope :

[paco]

Sans compter le Bolchoi et même l'Australian Ballet (compagnie remarquable, de niveau tout à fait comparable au Royal Ballet !)

[Florestiano]

Bien sûr. Cela étant, j'ai l'impression que ces propos relèvent plus de projets en cours, qui restent à boucler ou à lancer, que d'annonces en bonne et due forme. Mais ces projets sont exaltants !

[haydn]

Cela dit, la situation de la Seine Musicale, sur l'île Seguin, n'est pas optimale - avec notamment une desserte en métro peu pratique via Pont de Sèvres sur la ligne 10 -, et elle risque surtout d'être réservée aux happy few à gros pouvoir d'achat qui résident dans l'Ouest parisien... Mais peut-être est-ce la cible visée, justement.

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[frederic]

Ai-je bien compris que la salle pouvait compter plus de 4000 spectateurs ? Cela me semble une véritable méchanceté pour le ballet!...

[Florestiano]

Il semble que l'aventure Choplin à la Seine Musicale fasse long feu : https://www.francemusique.fr/actualite-musicale/remous-la-seine-musicale-jean-luc-choplin-sur-le-depart-38881

Adieu, veau, vache, cochon, tournée du Bolchoï à Paris ? Snif

[haydn]

C'est surtout l'aventure de la Seine Musicale tout court qui risque de s'arrêter là. Que ce soit pour le rock ou le classique, construire deux salles d'une capacité respective de 6000 et 1000 places dans un lieu totalement excentré, à 10-15 mn à pied de la première station de métro (pont-de-sèvres), desservie par une seule ligne (la 9), où il n'y a que très peu de public potentiel (l'essentiel de la population francilienne réside à l'est, en raison des coûts excessifs de l'immobilier à l'ouest), c'était le fiasco assuré. Mais comme c'est généralement le cas dans les partenariats public-privé, c'est le public - donc le contribuable - qui va payer l'ardoise et le privé qui va sauver ses billes.

Pour les tournées du Bolchoï, là, je ne m'inquiète pas trop. Si le Bolchoï veut vraiment venir à Paris, il y aura d'autres salles, bien plus centrales et attractives pour les spectateurs.

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[paco]

Tout à fait d'accord avec Haydn. D'un point de vue démographique, l'emplacement excentré de la Philharmonie faisait sens, en revanche la Seine Musicale était une aberration, notamment compte tenu de l'absence de transports en commun à proximité. A titre strictement personnel, j'en ai fait l'essai : bien qu'habitant dans le centre ouest de Paris (nord du XVe arrt), je mets plus de temps, porte à porte, pour aller à la Seine Musicale que pour aller à la Philharmonie (qui est pourtant déjà très éloignée) ! Tout est dit...

[haydn]

La sociologie du public de la Philharmonie n'est sans doute pas exactement la même que celle de la salle Pleyel, qui était auparavant le "temple" des concerts symphoniques à Paris. Mais à La Villette, tant pour des considérations démographiques (déplacement de la population de l'Ouest vers l'Est et le Nord-Est de Paris et de l'Île de France) qu'en raison de synergies avec des infrastructures culturelles existantes (grande halle de la Villette, Cité de la Musique, Conservatoire...), la mayonnaise avait tout de même beaucoup plus de chances de prendre. Et il y a aussi deux stations de métro, une gare RER et une station de tramway à moins de 500 mètres...

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[Florestiano]

Auparavant, Pleyel et le TCE se partageaient de manière assez équilibrée les concerts symphoniques de prestige - certaines formations étant fidèles historiquement au TCE, les autres à Pleyel.

Paradoxalement, la Philharmonie a au contraire contribué à assécher l'offre symphonique du TCE (désormais réduite à un nombre très étroit d'orchestres), l'institution ayant dû faire des efforts pour se démarquer sur le volet lyrique - opéras et récitals qui formaient une part importante de son offre mais qui se sont étoffés ces deux/trois dernières saisons - voire chorégraphique dans une moindre mesure.

Chefs et ensembles se passent le mot et la Philharmonie reçoit moult éloges des artistes en termes d'acoustique et de confort de travail. C'est désormais le barycentre de la vie symphonique, malgré sa localisation.
Mais le point de rupture avec toutes les institutions parisiennes traditionnelles, c'est très clairement que la Philharmonie, en plus d'une programmation attendue de sa part, a énormément développé un axe de rayonnement au sein de la cité, au service de tous les citoyens (ateliers musicaux pris d'assaut, éveil musical, formation des jeunes via le développement d'orchestres amateurs, programmation thématique plus familiale le week-end, diversification des formats de concerts). Et par ailleurs, un service client extrêmement performant, jeune et dynamique, aux antipodes des méthodes médiévales du TCE ou de l'Opéra de Paris (qui s'améliorent chacun dans leur genre).
Avec (i) un fond de commerce existant (tout le stock de spectateurs de Pleyel), (ii) cette politique volontariste d'ouverture et de recherche de nouveaux public et (iii) un ancrage territorial et citoyen innovant, ça paie.

Et il est facile de refaire l'histoire en revisitant a posteriori pourquoi c'est un succès... mais n'oublions pas que beaucoup (pour ne pas dire l'écrasante majorité) prédisaient un échec cuisant - "imaginez, mon bon monsieur, une salle de concert au fin fond du XIXème...", "oh lala, l'argent du contribuable qu'on gaspille", j'en passe

Je vous promets, je ne suis pas le fils caché de Laurent Bayle (le patron de la Philharmonie), mais à l'heure où on se lamente inlassablement sur le renfermement sur soi d'institutions telles que l'Opéra, il faut saluer le travail extraordinaire de ce lieu de vie qu'est la Philharmonie.

Oups, je m'éloigne un peu de la Seine musicale, là.

[Florestiano]

[Delly]

Le "lancement" de la Philhar' avait bénéficié d'une couverture médiatique intelligente et .... phénoménale. Reportages TV sur tous les aspects (bâtiment, histoire, architecture, musique, sociologie...), des "teasers" avant l'ouverture officielle, et jusqu'à ce jour le moindre concert, même complet, est largement relayé avec mise en valeur de l'artiste autant que de la salle. Du coup il y a des gens qui veulent "aller à la Philharmonie" peu importe ou presque le concert, juste pour voir le bâtiment, un peu comme Garnier. J'ai d'ailleurs longtemps cru que c'était une scène publique (mais j'oubliais que de nos jours ça ne se fait plus...).

Bon avouons aussi qu'il y a eu une certaine presse qui a présenté la Seine Musicale comme "la contre-Philhar des bourgeois de l'Ouest qui n'ont pas envie d'aller vers le 9-3 chez les prolos pour aller écouter du classique et qui se font leur salle à eux." Voire comme des élus de l'Ouest qui voulaient leur salle à eux, pour ne pas laisser ce prestige à l'Est. C'est stupide, et je ne sais pas si ça pèse lourd dans la fréquentation, mais entre ça, le lancement raté (stupéfaction le jour où j'ai pris le temps de lire le descriptif : belle salle, belle programmation, lancé en catimini???!), les pubs mal ciblées et peu dynamiques, la mauvaise desserte, c'était raté pour faire du nombre...

[paco]

[fandorine]

Pour y avoir été 2 fois en matinée , la grande salle ressemble plus à un hall d'aéroport qu'à une salle de spectacle. Le Palais des Congrès semble presque cosy en comparaison. Les contrôles de sécurité sont assez désagréables (petites bouteilles d'eau confisquées, palpation ...). C'est un peu excessif pour le public BCBG essentiellement familial de la salle.
Pour Alvin Ailey, j'avais pris des places au parterre: horrible, on ne voyait que la tête des danseurs.
Pour West Side Story, une place dans les hauteurs de la salle n'a guère été plus satisfaisante : toute l'émotion du spectacle était atténuée par la distance.
Sans parler du confort très sommaire des chaises/fauteuils.
Ce n'est pas en adéquation avec les tarifs pratiqués.
Pour le coup, la nouvelle Salle Pleyel me semble mieux positionnée en terme de rapport qualité/confort/prix.

[Alexis29]

Sait-on déjà si l'hommage à Robbins des Etés de la danse va avoir lieu là-bas ?