Don Quichotte - du 21 mars au 24 avril 2024

[Imtheboy]

Quelqu'un a-t-il assisté à la prestation de Sylvia Saint-Martin hier ? J'apprécie cette danseuse et j'aimerais savoir comment elle s'en est tirée.

[Lauriston]

Plein de choses restent dans ma tête après six représentations de Don Quichotte dans l’espace de trois semaines (29 mars, 5, 9, 12, 17 et 18 avril) – à quel point c’est un atout de manier son éventail comme une extension de son bras et savoir le faire claquer à bon escient (bravo Hanna O’Neill) ; l’énorme frustration provoquée par les ténèbres du campement des gitans quand on est au fond du deuxième balcon et on aspire à goûter toute la tendresse du pas de deux de Kitri et Basilio ; la douceur rhythmique de l’orchestre lors de l’ouverture de la troisième acte ; etc. etc. Mais ce qui m’a fait le plus réfléchir était la prestation de Lucie Devignes comme Danseuse de Rue le 17 avril. Dans un rôle où on peut en sortir avec un bon maintien et une certaine morgue (et où on se promène plus qu’on ne danse), Lucie avait un côté derviche tourneur – elle jetait ses bras au vent et ils tiraient son corps après eux. Ce n’était pas sans péril, car cet emportement avait tendance à la désaxer (si les poignards des matadors n’avaient pas été factices elle aurait laissé quelques orteils sur scène), mais elle gardait le spectateur en haleine.

C’est ce goût de risque, il me semble, qu’il faut pour faire un Don Quichotte mémorable. C’était une délice tous les soirs d’arriver à la deuxième moitié de l’acte II et la vision de Don Quichotte, un paradis de mesure et de retenue. Toutes les Dulcinées, toutes les reines des dryades, tous les Cupidons étaient excellents. Mais cette scène ne doit être qu’un interlude apollonien (apportant la grâce disciplinée de toutes les actes blancs des ballets classiques) dans un festin dionysiaque, et c’est là où on reste un peu sur sa faim avec cette production. Valentine Colasante et Hannah O’Neill sont des mains sûres, mais une Kitri ne devait-elle pas être autre chose? Ainsi l’intérêt de la distribution des premières danseuses. Silvia Saint-Martin apportait quelque chose d’imprévu, car il y avait de la colère dans sa Kitri d’acte I (je me suis dit qu’elle serait excellente dans La Mégère Apprivoisée) et Héloise Bourdon était vraiment joyeuse (à un tel point que je me suis demandé si elle n’avait pas perçu Neef et Martinez dans les coulisses, mais hélas non), mais c’était Roxane Stojanov qui a montré la plus de verve et d’espièglerie (me laissant avec la conviction que c’est elle qui remplira le trou que Dorothée Gilberte – notre grande danseuse comédienne – laissera derrière elle).

[keriluamox]

[Jonquille]

Oui, Matt Vuaflart remplaçait Thomas Docquir en matador !

[Gimi]

Merci de ces informations, notées pour un éventuel nouveau tableau, s’il y a des modifications en cascade d’ici mardi prochain (à noter que le retour de Yann CHAILLOUX en Don Quichotte a été pris en compte sur le site de l’Opéra)

[Gimi]

Il n’y a pas de cascades, mais pour l’instant, près d’un changement par représentation :
- le 19/4/24, Silvia SAINT-MARTIN a été remplacée par Koharu YAMAMOTO dans Cupidon
- le 20/4/24, c’est Ambre CHIARCOSSO qui a interprété La Première Demoiselle d’Honneur
- demain, 22/4/24, pas encore de modification
- le 23/4/24, Milo AVÊQUE remplace Pablo LEGASA dans Espada
- le 24/4/24, c’est à nouveau Matt VUAFLART qui remplacerait Yann CHAILLOUX dans Don Quichotte.
À suivre.

[Alexis29]

https://www.youtube.com/watch?v=pHPTGgJChv0

Carlos Acosta avec le Ballet de l'Opéra de Paris (année ?)

[sophia]

2004 (au débotté) - j'y étais!

[Katsu]

Alors, je n'y étais pas, mais cette représentation avait beaucoup fait parler et mettait en exergue une dissension bien connue.

Il y avait :
- d'un côté, les "tradi-parsiano-noureev", qui y ont vu une vulgaire démonstration soviétique, contraire au raffinement prétendument voulu par Rudolf (ils existent toujours).
- de l'autre, ceux qui ont été émerveillés cette danse éclatante venue tout droit de Cuba.

[malgven]

Hello, je reviens de Don Quichotte (Valentine/Paul ; Hannah/Hugo), et voici mes impressions :

Le 9/04 - Je suis placée au 2e balcon (je vois bien toute la scène, et du haut) : Au premier acte, Valentine entre sur scène telle la Fille populaire de la Cour de récrée. Basilio/Paul montre une nonchalance étudiée, il reste assez discret, mais réussit ses variations compliquées sans montrer le moindre effort - Bas de jambe délicat, sauts aériens, bref, magnifique technique.
Un couple assez crédible, autant que Kitri/Basilio peuvent l'être.
Kitri est volontaire, c'est une belle femme et elle le sait, elle n'a pas froid aux yeux, elle expédie les péripéties du ballet comme autant d'obstacles à l'accomplissement de sa volonté, car c'est Basilio qu'elle veut, même s'il n'est pas riche.

C'est le 3e acte que j'ai préféré: Paul Marque représente un tel soutien pour Valentine, ils se connaissent si bien, qu'elle peut prolonger ses équilibres avec un abandon presque sensuel.

Mention spéciale aux amies de Kitri (Naïs Dubosq et Bianca Scudamore), deux pestes pleines de vie dont on aimerait connaître aussi les histoires.

16/09 : Je suis placée en haut du parterre. Hannah o'Neil est une Kitri plus équilibrée, qui se fond quand il le faut dans le Corps de Ballet, et ne vole pas totalement la vedette à Don Quichotte (qui donne quand même son titre au ballet). Elle est une jeune fille de la bourgeoisie de Barcelone, plutôt bien élevée, qui s'est amourachée d'un beau gosse de barbier, et Hugo Marchand, physiquement assez fort, conquiert complètement sa dulcinée au cours du ballet. Celui-ci est un Basilio crâne et charmeur, même s'il montre de la fatigue dans sa variation du 3e acte.
Leur partenariat fonctionne bien, ils sont sensuels du début à la fin, et l'acte des Gitans est plein de douceur et de poésie.

J'ai bien aimé les danseuses de rue de Célia Drouy et Ida Viikinkosky, la première est propre et piquante, la deuxième plus sensuelle.

Camille Bon est aérienne et précise en Reine des Dryades, Ambre Chiarcosso un beau cupidon.

Inès MacIntosch en demoiselle d'honneur vole autant qu'elle danse, Ambre Chiarcosso est adorable.

C'est un ballet qui fonctionne bien, en particulier si on doit amener des amis qui ne connaissent pas la danse, et peuvent aller au bureau le lendemain pour raconter à leurs collègues qu'ils ont eu une soirée culturelle (puisque Don Quichotte est une oeuvre littéraire connue, ce qui fonctionne aussi avec Manon et Onéguine, mais Don Quichotte est plus joyeux).

[malgven]

[Gimi]

[malgven]

[malgven]

[Gimi]