Dansomanie Index du Forum
Connexion S'enregistrer FAQ Liste des Membres Rechercher Dansomanie Index du Forum

Ballet de l'Opéra de Lyon - Soirée Forsythe - Septembre 2007

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Azulynn



Inscrit le: 13 Nov 2004
Messages: 659

MessagePosté le: Dim Sep 16, 2007 2:04 pm    Sujet du message: Ballet de l'Opéra de Lyon - Soirée Forsythe - Septembre 2007 Répondre en citant

Ballet de l'Opéra de Lyon
William Forsythe : Second Detail/Duo/One Flat Thing, Reproduced
Jeudi 13 septembre 2007

What's the (breaking) point ?

Le Ballet de l'Opéra de Lyon ouvre le bal 2007/2008 avec une soirée entièrement consacrée à William Forsythe, l'un des rares chorégraphes à s'être fait un « nom » ces vingt dernières années dans le monde de la danse classique. Les trois pièces proposées s'inscrivent dans une quête avouée de « nouvelles formes » qui ne s'embarrasse visiblement ni de communication, ni d'émotion.

Second Detail, créé en 1991, est sans doute la pièce la plus proche de celles qui ont assuré la renommée du chorégraphe. Quatorze danseurs en justaucorps et collants bleu pâle alternent, s'entremêlent et s'affrontent – les femmes sont sur pointe, et l'ensemble évoque fortement In the middle, somewhat elevated, dans une déclinaison plus pastel. Le début consiste en un enchaînement de courts solos et pas de deux , sous les yeux des autres danseurs postés au fond de la scène. L'intensité augmente jusqu'au moment où tous les danseurs chutent, à l'exception de deux femmes qui laissent deviner leur fatigue ; le manège reprend pourtant, plus vite, plus fort, dans une atmosphère de compétition (trois hommes qui s'attaquent successivement aux mêmes pas, puis plusieurs groupes qui « s'affrontent »). Arrive finalement en guise d'élément perturbateur une femme en toge blanche, pieds nus, à la danse sauvage, qui n'entre jamais en contact avec le reste du groupe et finit par se trouver enfermée dans un carré dessiné par les autres danseurs. Deux rangées d'entre eux s'élancent vers elle en grand jeté, et elle s'écroule. Second Detail s'achève alors abruptement sur le groupe qui se défait, certains se dirigeant vers les coulisses, d'autres vers les chaises alignées en fond de scène.
On retrouve dans Second Detail tout ce qui fait le style Forsythe : le jeu sur des formes extrêmes, sur des déviances du vocabulaire classique, la sensation d'assister à une compétition qui n'admet aucune réelle communication entre les danseurs. Les pas de deux s'apparentent souvent à un combat momentané, dont les protagonistes se fondent ensuite dans la masse. William Forsythe s'attaque notamment aux ports de bras, des lignes acérées remplaçant les courbes habituelles ; l'en-dedans remplace l'en-dehors sur pointe, jeu de miroir renforcé par la scène où plusieurs danseuses jouent à ouvrir puis fermer leur jambe (jusqu'à ce qu'un des danseurs vienne les placer, d'autorité, en-dedans). Les arabesques, typiquement, se brisent au moment où elles atteignent leur point d'orgue – le dos lâche, le corps plonge vers l'avant.
Cette oeuvre est sans doute extrêmement difficile à danser, et cela se voit. Les danseurs du Ballet de l'Opéra de Lyon, en effet, présentent Forsythe de manière plus humaine que ceux de l'Opéra de Paris (en général hyper-laxes, apparemment infatigables) ; la fatigue est apparente à la fin de certaines sections, et l'attaque de certains passages est tempérée par un moment de flottement ou d'inconscience. Chaque attitude ou arabesque heurte une limite physique naturelle. C'est une bénédiction : il s'agit donc bien d'être humains sur scène, et non d'un cirque monstrueux. Et pourtant demeure une fascination morbide pour cette démonstration qui nous met volontairement à distance des danseurs, corps d'attaque fabuleux qui ne parlent pas, ne transmettent pas d'affects. La danse classique au bord de l'arrêt cardiaque, dans tous les sens du terme.
On peut difficilement douter de l'intelligence de William Forsythe – il met en scène, littéralement, la fascination de son public, Artifact Suite en étant sans doute le meilleur exemple. Il est tentant d'affirmer qu'il s'agit du but premier, puisque les aspects purement chorégraphiques ont perdu en importance au fil du temps et de ses oeuvres. S'agit-il alors de la mise en scène d'une uniformité dévastatrice, qui revient sans cesse (la scène où tous les danseurs tombent, puis se relèvent et recommencent comme si de rien n'était) et qui détruit le reste (la danseuse en blanc, seul élément vraiment individuel) ? Est-ce un pied-de-nez à un public qui ne retiendra que la fascinante exaltation physique provoquée par ses pièces ? Disons du moins que les oeuvres de Forsythe sont bien plus qu'un simple divertissement, là où affleure sous la performance une habile mécanique de la séduction.

Duo, courte pièce pour deux danseuses, semble d'une richesse moindre en comparaison – les deux protagonistes se livrent à d'incessants jeux de miroir (mouvements inversés, décalés, à l'unisson), et sont censées figurer le « temps qui s'égrène », si l'on en croit le programme. On admire le bel engagement de Maité Cebrian Abad et Dorothée Delabie, à l'image de celui de la troupe toute entière pour ce programme, mais il y a quelque chose de paradoxal dans ce Duo – les corps se répondent par des formes identiques, mais sans qu'il y ait de contact visuel ou émotionnel entre les protagonistes. La forme règne. On a pourtant le sentiment, lorsque les lumières se rallument et que les deux danseuses se sourient avant de saluer, qu'elle ne peut indéfiniment exister seule.

Les balletomanes sont peut-être plus familiers avec One flat thing, reproduced, la dernière pièce au programme de cette soirée, récemment éditée en DVD. La scène est ici envahie par de grandes tables blanches, et la chorégraphie joue sur la multiplication des niveaux et les interstices entre les plates-formes. L'idée est habile et donne lieu à des assemblages visuels intéressants, mais le tout se révèle un peu creux. Oui, les danseurs classiques peuvent tourner et bouger sur, entre, en-dessous et à côté de tables comme personne, à une vitesse étourdissante. Oui, tout ça est très moderne, comme le signalent les vêtements (sport) et la musique (électronico-insupportable). Mais la chorégraphie est mince : peu de structure, quelques gestes-clés, comme l'arabesque sur une table, répétés ad nauseam. La perception est étourdie par le déchaînement de mouvements - bruit et fureur, en quelque sorte, dans une surenchère constante qui n'est pas atypique de l'époque contemporaine. One flat thing, reproduced a d'ailleurs été la pièce la plus appréciée du public. On apprend dans le programme (au sujet de Second Detail) qu'il s'agissait de représenter « une machine humaine à danser » ; l'entreprise semble bien triste, à la fin de la soirée.




Dernière édition par Azulynn le Lun Sep 17, 2007 9:18 pm; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26671

MessagePosté le: Lun Sep 17, 2007 10:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Azulynn pour ce long compte-rendu du spectacle Forsythe à Lyon ; à noter qu'on trouve, sur le site de l'Opéra de Lyon, une petite vidéo de ces représentations :


http://www.opera-lyon.org/William-Forsythe.501.0.html


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
segolene



Inscrit le: 28 Juil 2005
Messages: 22

MessagePosté le: Lun Sep 17, 2007 8:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ce long et intéressant compte-rendu.
Par contre la danseuse de Duo s'appelle Dorothé Delabie, si je ne m'abuse...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Azulynn



Inscrit le: 13 Nov 2004
Messages: 659

MessagePosté le: Lun Sep 17, 2007 9:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, Segolene, j'ai corrigé mon erreur - avec mes excuses à la danseuse en question !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
wagneriano



Inscrit le: 08 Juil 2005
Messages: 213
Localisation: Rome

MessagePosté le: Mar Sep 18, 2007 11:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pourrais-je connaître le nom de la danseuse brune qui le 14 et le 15 septembre interprétait la femme en toge blanche, pieds nus, à la danse sauvage? Merci d'avance.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Lanou



Inscrit le: 12 Déc 2004
Messages: 352
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Sep 18, 2007 4:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Azulynn. On pourra retrouver ce programme à Massy pour les franciliens le 22 février 2008.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
wagneriano



Inscrit le: 08 Juil 2005
Messages: 213
Localisation: Rome

MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 4:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Article (en italien) sur le site web www.delteatro.it:

http://www.delteatro.it/articoli/2007-09/lione-danza-con-william-forsythe.php


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous pouvez voter dans les sondages de ce forum


Nous Contacter
Powered by phpBB © phpBB Group
Theme created by Vjacheslav Trushkin
Traduction par : phpBB-fr.com