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Preljocaj / McGregor [26/10 - 10/11/2007]
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noone



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Localisation: france

MessagePosté le: Dim Nov 04, 2007 1:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

j'adore lire toutes vos critiques, d'autant que je ne peux pas aller à l'opéra voir les spectacles concernés. Juste une petite remarque (histoire peut-être de lancer le débat): je lis "danse contemporaine"pour les créations de Mc Gregor et Preljocaj: les danseurs contemporains eux ne se reconnaissent pas vraiment dans ces gestuelles: surtout dans Mcgregor qui utilise une technique classique destructurée et poussive. (N'oubliez pas aussi qu'une danseuse de formation contemporaine ne met pas de pointes.)...Enfin, ce qui m'intéresse c'est de savoir si vous, public non professionnel mais totalement passioné et connaisseur considérez ces nouvelles gestuelles (Forsythe, Lock, McGregor......) comme de la danse contemporaine ou comme l'évolution inévitable d'une technique classique, qui n'empêchera pas au classique "tutu-pointes" cité par Haydn de continuer à exister. La danse contemporaine n'implique-t-elle pas un état d'esprit différent, ne relève-t-elle pas d'une recherche différente?


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22166

MessagePosté le: Dim Nov 04, 2007 6:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

* Pour rebondir sur les remarques de Garance et de Haydn :

La beauté a mille visages, et ne s'incarne certes pas au travers d'un seul modèle, d'un seul héritage, d’une seule tradition, et du seul éon classique en l'occurrence...

Je crois pour ma part que j'écris principalement pour réagir ici et maintenant, et que dans cette réaction, aussi vaine soit-elle, il y a en effet quelque chose du sentiment d'exister. C'est ce qui fait l'extrême relativité, tout du moins dans le cadre très éphémère d'un forum, de ces propos d’après-spectacle.

Réaction, oui en effet. Le ballet classique n’existe pas, ou si peu, dans la culture contemporaine. Lui accorder une toute petite place, peut-être même le privilégier, comme le dit Haydn, ne me semble pas relever de l’usurpation, ou de l’exagération. Peut-être est-il aussi possible d’en donner une image un peu moins rose bonbon, et d’en parler autrement qu’en termes d’amour ou de désamour passionnels (le fan béat, et toujours haineux, au fond) ou de bons et de mauvais points techniques (le jury de concours pointilleux). Ce qui ne veut pas dire que l’on ne succombe pas parfois à ce genre d’écueils.

Il est évidemment absurde d’opposer répertoire contemporain et répertoire classique, de glorifier l'un pour condamner l'autre, et, sans nier la réalité esthétique des styles, de façonner des conflits imaginaires des "danses" entre elles. La danse est un art, ou elle ne l'est point. Par ailleurs, tout le répertoire romantique et classique, loin d’être la simple incarnation d’un idéal de beauté hellénique, s’est nourri des danses dites folkloriques ou "nationales", stylisées en danses de caractère. Après, il est vrai que lorsqu’on parle de "répertoire classique", on voit tous à peu près de quoi il est question, alors qu’en matière de création contemporaine, le choix stylistique est trop large pour que l’on puisse en juger de manière globale.

Je ne pense pas qu’on puisse tenir un discours univoque sur quoi que ce soit, ou j’appelle cela de l’idéologie. On se rend au théâtre pour louer ou assassiner une pièce, pour s’assurer qu’elle correspond ou ne correspond pas à nos vues, toutes relatives, discutables à tout le moins, sur l’art. C’est un penchant très humain toutefois… Le jugement esthétique, quand ce n’est pas l’opinion, se mue en vérité universelle. Même si j’aime le langage académique pour lui-même, et plus que tout, je pense que dans ses réalisations, le répertoire du ballet classique aujourd'hui n’est certainement pas exempt de critiques, que ce soit dans la manière dont il peut être interprété (au-delà de la seule technique), ou dans les formes chorégraphiques et visuelles qu’il peut prendre. Je ne considère pas de ce point de vue l’Opéra de Paris comme l’alpha et l’oméga de la danse dite classique. Par ailleurs, voir le ballet classique au travers de ce seul prisme-là déforme la réalité de cet art: il y a à apprendre et à admirer aussi, et beaucoup, ailleurs. Ce qui est navrant, ce ne sont pas les goûts de chacun, qui m'importent peu, c'est bien l'inculture et l'ignorance assumées, sans parler de l'absence de curiosité...

Pour ce qui est des créations contemporaines ou des entrées au répertoire d’œuvres dites de "danse contemporaine" (au sens simplement temporel) à l’Opéra, - puisque telle était la question -, je pense qu’il y a aussi, comme pour tout, "à boire et à manger". Le label "danseurs de l’Opéra" ne suffit certainement pas à mes yeux à sauver ou à racheter une œuvre que je trouve médiocre, d’autant qu’on peut légitimement considérer ceux-ci comme parfois un peu "lisses" pour des œuvres qui exigeraient plus d’âpreté ou disons, moins de joliesse. J'ai au fond bien aimé la dernière soirée de ballets proposée, mais souvent, ce qui m’a gênée dans des créations récentes et a été à l’origine de mes critiques ou réserves, c’est un emballage un peu trop clinquant, pompeux ou simplement dans l’air du temps, quelque chose d'étouffant aussi probablement, qui recouvrait finalement un "pas grand-chose" chorégraphique, de surcroît source d’ennui (je ne vais pas reprendre ma petite liste, mais peut-être que ce syndrome aura atteint son apogée avec l'oeuvre de Millepied l’an dernier, pas forcément désagréable au demeurant, mais exemplaire en ce qu'elle a été pour moi du genre aussitôt vue, aussitôt oubliée, d'ailleurs le titre m'échappe...). Le problème, ce ne sont certainement pas les créations en soi (qui sont en réalité très peu nombreuses en cette saison qualifiée souvent de "très contemporaine", en forme de jugement négatif, par les spectateurs), mais parfois leur qualité intrinsèque, toute relative. D’une certaine manière, il en faudrait bien plus, et dans différents styles… Autre point, il faut aussi qu’on arrête avec cette idée que le classique à l’Opéra, c’est Noureev ou rien… Parce que c’est faux, et parce que c’est aussi la meilleure façon de faire du ballet classique une forme figée, un objet de musée qui ennuie tout le monde, ou encore un truc à touristes (et moi aussi, il m’arrive d’être touriste, donc je ne condamne personne…). Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce qui fait que j’ai toujours envie d’aller voir les artistes de l'Opéra et que j'en apprécie malgré tout les saisons, ce sont justement les nombreuses créations ou entrées au répertoire réussies - mais déjà relativement anciennes - où les qualités des danseurs sont véritablement exploitées (car c’est aussi cela la question qui se pose dans un théâtre national), voire transcendées, et où ils sont, sinon incomparables, du moins fulgurants: Le Parc, Appartement, Wuthering Heights, Orphée et Eurydice, Bella Figura et tant d’autres, que oui, je préfère au Lac des cygnes ou à La Bayadère tels qu’on les danse ici (ce qui ne veut pas dire non plus que je n’aime pas voir Le Lac des cygnes ou La Bayadère, je parle de manière globale, et c'est principalement une affaire de style). Avant de jeter des anathèmes, ce pour quoi les balletomanes sont assez doués il est vrai, on peut peut-être s'interroger sur les raisons de la méfiance des uns envers les autres. On cherche aussi dans l'art, souvent, parfois, je ne sais (jamais pour certains peut-être), quelque chose de familier, de rassurant - démarche indéniablement narcissique -, avant de faire naître en soi, de posséder cet éclectisme spirituel et plus encore, cette infinie disponibilité pour l'étrangeté - toujours "inquiétante", comme l'on sait, depuis Freud - si caractéristiques de la modernité (et pour ma part, je ne porte pas de jugement là-dessus, j'essaye juste de comprendre)...



* Pour répondre (en partie seulement) à la question de Noone :

Sans être aucunement spécialiste de la danse au sens technique du terme, je crois que les noms que vous citez sont des noms contemporains certes (en cela, ils appartiennent à la danse contemporaine, celle d’aujourd’hui), mais leurs œuvres, qu’elles plaisent ou non, s’inscrivent dans une histoire et une évolution des formes et sont issues aussi, plus ou moins, de la technique classique, même si elles ne sont pas réductibles à cette seule influence. Certains courants actuels, de la non-danse par exemple, me semblent en revanche en marge de cette histoire, et se situeraient peut-être davantage du côté des arts plastiques, de la performance théâtrale... Il y a, au moins en Occident, une histoire de la danse (j'entends ici comme art), comme il y a une histoire de la musique, une histoire de la littérature, une histoire de la peinture... En même temps, et fort heureusement, le passé n’est pas aboli pour autant par le présent. Il n'y a pas non plus de progrès en art, pas plus qu'il n'y a de décadence en soi d'ailleurs (des périodes de flottement sûrement...). On continue de jouer Mozart, de lire Balzac…, malgré Schönberg ou Proust, et chacun a sa légitimité… Maintenant, pour ce qui est du processus créatif, écrire, composer, chorégraphier, peindre…, comme on le faisait du temps de, ou à la manière de… Petipa (par exemple), pour ce qui est de la danse, pose en effet forcément un problème… Mais c’est un autre débat.


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Silk



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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 5:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La danse "moderne" ou/et "contemporaine" ou/et "nouveau classique", choisissez les termes que vous voulez... m'a t oujours offert des moments d'interêt (plus ou moins soutenus il est vrai) et toujours des instants (plus ou moins longs...) d'enthousiasme mais ce programme découvert sur la scène de Garnier me laissera l'une de mes pires impressions !
Non, non et non, je refuse de me laisser envahir par tant de violence ( Médée) et d'inintéret (Genus) réunis en un seul programme !
Non, non et non, je n'ai pas trouvé les danseurs si motivés ( à l'exception d'Isabelle Ciaravola, remarquable dans Genus ) !
Non, non et non, en tant que spectateur, je ne paye pas le prix d'un billet pour compatir au manque d'imagination de pseudo-chorégraphes qui crois que gesticuler peut s'assimiler à de la danse ! Les danseurs de l'Opéra de Paris ( et tous les autres bien sur ! ) méritent de vrais créateurs.
Un seul mot pour résumer ce non-programme : à fuir !!!


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haydn
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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 5:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il me semble que plutôt que d'être fui, ce programme mérite au moins d'être découvert (du moins en ce qui concerne Genus, puisque le Songe de Médée est une reprise).


Après, on en pensera ce qu'on en voudra...


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nabucco



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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 5:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis toujours surpris qu'on résume à ce point le Songe de Médée à sa violence. Il y a, certes, une scène sanglante à la fin (l'histoire de Médée, de toute façon, ne se prête guère à l'opérette), mais, plutôt que la cruauté de la scène incriminée, c'est au contraire l'ambiguïté du geste de Médée, qui m'a toujours semblé autant une onction qu'un geste brutal.

Quant au McGregor... je vais le revoir samedi (billets pris avant la première), je serais vraiment heureux que quelqu'un ici arrive à trouver un angle qui me permettrait d'y trouver de l'intérêt, sachant que le charme des danseurs n'a pas suffi la première fois...


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haydn
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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 6:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En ce qui concerne Genus, Nabucco, vous serez toujours libre de ne pas l'aimer, et moi de l'apprécier...


Pour Médée, nous sommes d'accord ; de toute façon, on ne fera jamais de l'histoire de Jason et Médée une bluette à la manière de la comtesse de Ségur, et même le célébrissime opéra éponyme de Cherubini, est loin de faire dans la dentelle. La Callas y aura fait trembler plus d'un...


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sophia



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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 6:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La violence fait partie du mythe et la tragédie se donne aussi pour but de représenter, de mettre en scène la cruauté et la barbarie, présentes au coeur même de la civilisation. C'est la raison pour laquelle il ne peut y avoir de manichéisme dans cet univers. C'est ce qui en fait la force, et je ne pense pas qu'on puisse transiger avec cela, l'atténuer d'une manière ou d'une autre. De toute façon, personne n'est dupe du fait qu'on est là au coeur d'un processus de représentation, dans un monde de convention, où tout est symbolique, ou encore cathartique, pour employer un gros mot.
Preljocaj, dans un cadre différent, celui d'un théâtre sans paroles, me semble très respectueux de l'esprit de la tragédie, par l'extrême concentration du livret, et par la tension qu'il parvient à créer, sans temps mort ni bavardage superflu, jusqu'au dénouement fatal. La musique de Mauro Lanza, âpre et minimaliste, sert aussi idéalement le propos.
Quant à cette fameuse scène de meurtre, son symbolisme, presque régressif, est tellement appuyé que j'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre qu'on puisse s'en offusquer ou trouver qu'il y a là quelque chose de visuellement insoutenable. On est quand même très loin du naturalisme ou de l'hyperréalisme dont nous sommes abreuvés à longueur de temps dans d'autres médias. Tout se passe comme si le chorégraphe était cette présence invisible, nous montrant du doigt Médée commettant le geste fatal et nous murmurant: "regardez cette peinture rouge, et ces sceaux, etc..., c'est du théâtre!".


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Silk



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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 7:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mais, chère Sophia, je ne m'offusque pas de cette scène finale de violence... Et c'est parce que je suis capable de reconnaitre de belles qualités théatrales à "Médée" que je regrette la gratuité de cette scène finale que j'estime proche du ridicule avec sa débauche de colorant rouge !
Ceci étant, je suis sure que nous n'avons pas tous la même sensibilité et donc apprécions cette "Médée" à des degrés divers.
Ce qui m'a fortement déplu, outre l'indigence du propos chorégraphique de Mac Gregor, c'est l'association dans un même programme de ces deux ballets. Trop de violence, c'était trop ! Ce n'est pas ce que je recherche en venant voir un spectacle chorégraphique !
Partir à la découverte d'un univers ? OUI volontiers... Le subir ? NON définivtivement...


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Pierre



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Messages: 982
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Nov 05, 2007 11:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques uns ont-ils eu la chance (car beaucoup de représentations annulées ces dernières semaines) d'asssiter à la Tosca sur la scène de Bastille. Côté violence, cela y va sec :

- un suicide en direct live avec l'ultime cri de vengeance de Tosca "on se retrouvera devant Dieu, Scarpia !"
- précédé d'une exécution capitale également en direct live du malheureux crétin qui croyait les fusils chargés à blanc
- bien sûr quelques minutes avant, la belle Tosca avait trucidé Scarpia d'un coup de poignard dans le palpitant au beau milieu de la table de la salle à manger
- faut dire que l'affreux bonhomme l'avait quasi violée contre la promesse de libérer son amant en train de se faire torturer dans les caves du dictateur

et le tout sur la musique fortissimo de Puccini...

Preljocaj, à côté, c'est de la guimauve ! Wink


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paco



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Messages: 3628

MessagePosté le: Mar Nov 06, 2007 1:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
Seuls Nosferatu de Gallotta, et Wolf, d'Alain Platel me sont réellement restés en travers de la gorge...


A ce propos, je me remets tout juste de Vsprs du même Platel, donné au Théâtre de la Ville il y a une dizaine de jours. Je pense qu'on y atteint le sommet du sac de noeuds dans la tête et de la complaisance dans la déprime morbide. Dommage du reste car les danseurs sont excellents.

Ceci pour dire que, hélas, il n'y a pas qu'à Garnier que les créations manquent d'inspiration (aux rares exceptions déjà citées dans ce fil par Sophia et d'autres dansomaniens)...

Dégât collatéral de mon expérience Platelienne, j'ai revendu mes places pour le spectacle McGregor/Preljocaj de l'ONP, craignant de retomber dans le même genre de prise de tête. Réflexe stupide, mais inévitable vu le copier/coller d'inspiration auto-déprimée auquel se livrent nombre de créateurs ces temps-ci.

Vivement les "classiques" de fin d'année...


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nabucco



Inscrit le: 14 Mar 2007
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MessagePosté le: Mar Nov 06, 2007 3:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

haydn a écrit:
En ce qui concerne Genus, Nabucco, vous serez toujours libre de ne pas l'aimer, et moi de l'apprécier...


Certes, mais je serais ravi qu'on me donne quelques clefs qui me permettraient de revoir ce ballet d'un autre oeil (car oui, je suis capable de changer d'avis...)!


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haydn
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Messages: 26671

MessagePosté le: Mar Nov 06, 2007 11:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots sur la représentation de ce soir :

A l'affiche du Songe de Médée, la distribution que nous avons déjà évoquée ici, réunissant Delphine Moussin, Yann Bridard et Muriel Zusperreguy.

Delphine Moussin est une mère aimante, qu'on a du mal à croire vraiment cruelle ; sa Médée est plus humaine que celle de Marie-Agnès Gillot ou Agnès Letestu, qui privilégiaient le registre de la folie, de la fureur incontrôlée, à celui du déchirement intérieur. Delphine Moussin semble plus tiraillée de l'intérieur, mettant constamment en balance son désir de vengeance et ses sentiments maternels.

Yann Bridard et Muriel Zusperreguy jouent eux aussi sur un registre différent des créateurs des rôles de Jason et de Créüse, Wilfried Romoli et Eleonora Abbagnato. M. Bridard et Mlle Zusperreguy cèdent à leurs désirs amoureux en une sorte sinon d'innocence, du moins d'inconscience de la tragédie que leurs libertinages vont engendrer, alors que W. Romoli et E. Abbagnato semblaient s'abandonner à leur irrépressible et fatale attirance mutuelle en toute connaissance de cause.


Genus se laisse revoir avec plaisir ; on soulignera à nouveau la prestation remarquable du couple vedette, incarné par Marie-Agnès Gillot et Benjamin Pech, décidément revenu en grande forme. Simon Valastro prenait pour sa part la difficile succession de Jérémie Bélingard, et sans avoir toute les facilités de celui-ci, a réalisé une prestation de haut niveau ; son expérience et sa maitrise du style de Forsythe, auquel la chorégraphie de Wayne McGregor fait constamment référence, s'imposaient de manière évidente. A ses côtés, Fanny Fiat, sans éclipser la souveraine Dorothée Gilbert qui l'avait précédée dans le rôle, a fait montre de sa rigueur et de sa solidité technique habituelle.


Dans le sextuor, outre Mlle Fiat et M. Valastro, on remarquait Laure Muret, figure solide et expérimentée de la compagnie, ainsi qu'Alexandra Cardinale, autre familière de Forsythe, et qui trouvait ici l'occasion de mettre en valeur sa grande laxité.

Enfin, dans le corps de ballet, Laurène Lévy et Mathias Heymann se distinguaient une fois de plus avec évidence ; on mentionnera également les performances artistiques de Laura Hecquet et Allister Madin, qui formaient un duo efficace, ainsi que de Mathieu Botto, qui paraissait à son affaire dans cette création.


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sophia



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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2007 1:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai revu Genus ce soir, dans une distribution sensiblement différente de celle de la première, en-dehors de la présence du couple Gillot/Pech, à propos duquel on ne peut que renouveler les éloges. Moins homogène, moins percutante aussi, cette distribution réserve toutefois de bonnes surprises, comme Simon Valastro qui, même s'il ne possède pas la précision extrême dans le geste de Jérémie Bélingard, présente une énergie et une dynamique intéressantes ainsi qu'un bel engagement. De même pour Fanny Fiat qui, sans la vélocité dont faisait preuve Dorothée Gilbert, affirme sa forte présence scénique dans le sextuor. Seul le pas de deux dansé sur le thème de violon, interprété par Agnès Letestu et Mathieu Ganio dans la première distribution, et ici par Emilie Cozette et Stéphane Phavorin, m'a paru bien laborieux. C'est toutefois le passage qui me semble aussi le plus faible de la chorégraphie.

Après avoir vu Genus pour la troisième fois, en oubliant volontairement le discours autour de l'oeuvre - dont j'ai déjà dit en quoi il me paraissait difficilement conciliable avec le travail chorégraphique - et en se concentrant cette fois sur la seule chorégraphie et sur le seul spectacle, quelques remarques plus générales me viennent à l'esprit, indépendamment de la question des interprètes d'un soir. Il est un point désormais évident à mes yeux: la technique poussée à son point de paroxysme, dans un cadre nu, d'une abstraction totale, sans vaine surcharge décorative (la scénographie ne s'impose pas ici au point de faire concurrence à la danse ou d'usurper sa place), a bien quelque chose de fascinant qui finit par résister à toutes les objections. Un peu à la manière de Forsythe dans Artifact Suite, cette fascination est mise en scène par le chorégraphe qui se livre en fait, tout en les utilisant, à une véritable perversion des codes du spectacle de ballet. Dans les ballets du répertoire, disons classique au sens large pour schématiser, a fortiori dans les ballets narratifs, la technique est évidemment une condition, une nécessité, mais elle n'est là que pour être dépassée par autre chose. Il s'agit ainsi, et surtout, pour l'interprète d'inscrire sa personnalité dans un rôle et de lui apporter une dimension artistique - de créer autrement dit -, tant il est vrai que nous ne souhaitons pas voir sur scène uniquement de bons élèves consciencieux qui se contentent d'exécuter des pas à la perfection tout en souriant à leur professeur. Ici, c'est un peu l'inverse qui se produit: l'interprète, en quelque sorte déshumanisé, déconstruit par la dynamique que le chorégraphe imprime aux corps, devient pure technique en même temps que pure énergie: il se métamorphose en machine à danser. De ce point de vue, je trouve particulièrement envoûtante la première partie de l'oeuvre, aidée en cela par la musique, et notamment le sextuor, avec cette montée en puissance de l'énergie, suivie d'un arrêt brutal, un effet de crescendo que l'on retrouve aussi dans le dernier tableau. L'émotion naît, l'enthousiasme même, du moins en ce qui me concerne, de l'extrême technicité requise par la chorégraphie, très loin de toute forme de gesticulation - elle se veut au contraire rationnelle et d'une implacable précision et logique -, très loin aussi de toute expressivité, de tout lyrisme. L'"homme-machine" en quelque sorte. Dans toute sa froideur et dans toute son a-moralité, le mouvement d'avant (ou d'après) l'hominisation, pour reprendre la thématique chère à McGregor. Une utopie pour le corps humain, chorégraphiée et mise en spectacle, en tous les cas. Et il s'en dégage une vraie beauté. A contrario, le pas de deux dans la boîte, qui semble signifier sinon une forme de sentimentalité, du moins une intimité retrouvée, m'a moins touchée en le revoyant, malgré la qualité des interprètes.


Si Genus se situe aux marges de l'humanité et relève à bien des égards de quelque "rencontre du troisième type", Le Songe de Médée, en première partie de cette soirée pas franchement joviale, mais pas du tout déprimante (je le précise pour l'ami Paco), est, par son caractère tragique et son recours au mythe grec, l'expression même de l'humanité dans toute son ambivalence (possibilité de lecture de ce programme), entre civilisation et barbarie, raison et folie. L'oeuvre, tendue, oppressante, avec sa musique qui suggère une sorte de compte à rebours vers une mort annoncée, affiche un esthétisme et une séduction visuelle qui contrastent avec un dénouement dont la mise en scène, par son caractère tellement outrancier dans la régression infantile, a quand même quelque chose d'un peu grotesque. Delphine Moussin me plaît beaucoup dans ce rôle, bien que l'on puisse évidemment émettre des réserves après avoir vu Marie-Agnès Gillot à la création. Son apparition notamment est d'une grande beauté, d'une noblesse rare, tout comme la relation d'amour qu'elle parvient à rendre dans les scènes auprès de ses enfants, puis de son époux. Elle convainc, il est vrai, davantage en mère aimante et en épouse un peu passive qu'en héroïne de la folie, mais au moment du dénouement, elle sait aussi se montrer saisissante par la brutalité et la sauvagerie inédites de sa gestuelle. Je trouve quand même qu'elle a globalement réussi sa prise de rôle. Le couple qu'elle forme avec Yann Bridard est juste et équilibré, en revanche, le duo Jason/Creüse me paraît manquer un peu de sensualité et de conviction.


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sophia



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MessagePosté le: Mer Nov 07, 2007 1:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Daniel Conrod de Télérama, déçu par un Wuthering Heights "indigeste" et un Roméo et Juliette "étique", la saison opératique commence vraiment maintenant, avec cette soirée Preljocaj-McGregor.

La critique de Télérama


Crédit : Pascal Victor/Artcomart


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haydn
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Messages: 26671

MessagePosté le: Mer Nov 07, 2007 11:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Emilie Cozette et Stéphane Phavorin ont remplacé Agnès Letestu et Mathieu Ganio initialement prévus dans Genus ce mercredi 7 novembre.


Je vous parlerai un peu plus tard de cette représentation, dont on retiendra notamment les performances d'Alice Renavand, superbe Créüse, dans Le Songe de Médée, et d'Isabelle Ciaravola, d'une beauté à couper le souffle dans Genus.

En ce qui concerne Genus, la distribution de ce soir était particulièrement bien équilibrée, et nous avons eu droit a un fort beau spectacle où brillaient, outre Isabelle Ciaravola donc, Marie Agnès Gillot, Benjami Pech, Jérémie Bélingard, Myriam Ould-Braham, Laurène Lévy, Mathias Heymann, Emilie Cozette et Stéphane Phavorin.


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