sophia
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Posté le: Dim Fév 20, 2005 6:50 pm Sujet du message: |
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Pour continuer sur Shakespeare, "Othello" a aussi été adapté par Lar Lubovitch et le San Francisco Ballet. Et quand vous évoquez "Roméo et Juliette" ou "Le Songe d'une nuit d'été", on pourrait préciser qu'il y en a plusieurs versions: le "Roméo et Juliette" de MacMillan, celui de Béjart, celui de Noureev, celui de Grigorovitch..., "Le Songe" de Balanchine ou celui de Neumeier qui ne doivent pas avoir vraiment de rapport.
"La Dame aux camélias" a aussi fait l'objet de plusieurs ballets. Mais est-ce une grande oeuvre littéraire? C'est une autre question... Mais justement, j'aurais tendance à penser que la danse et la littérature sont deux arts irréductibles l'un à l'autre et que la valeur d'une oeuvre littéraire dont un chorégraphe peut en effet s'inspirer ne garantit pas forcément la qualité du ballet. On ne peut en tout cas les juger de la même manière ni avec les mêmes critères (je ne vais pas dire par exemple: "Roméo et Juliette" de Noureev, c'est mieux que Shakespeare, ce serait absurde), ce sont deux langages différents et je ne suis pas certaine qu'en étudier les rapports soit très prolifique sur le plan de la pensée.
De plus, si l'on réfléchit, y a-t-il tant de grandes oeuvres littéraires qui sont devenues des ballets un tant soit peu célèbres? Il y a bien sûr les exemples que vous avez cités auxquels on peut certainement ajouter quelques autres. De ce point de vue, je pense notamment à Roland Petit, un chorégraphe passionné de littérature qui ainsi a adapté "Le Diable amoureux" de Cazotte, "La Prisonnière" de Proust, "Carmen" évidemment (qui a donné plusieurs ballets par ailleurs), ou dernièrement "Clavigo" inspiré d'une pièce de Goethe... Quelqu'un comme Neumeier connaît bien la littérature et se passionne pour les mythes universels qu'il cherche à représenter sur scène à travers ses ballets; ce dernier point me semble, au-delà de l'expression littéraire, un sujet plus riche de réflexion que la simple étude de l'association danse/littérature.
Mais bon, en-dehors de ceux-là, je ne crois pas qu'un ballet, pour être grand, ait besoin d'une grande oeuvre littéraire comme source. Il a surtout besoin d'un livret efficace et intéressant, et un livret de ballet n'a pas grand chose à voir avec la littérature. Par exemple,
Théophile Gautier, qui est par ailleurs un très grand écrivain, est aussi l'auteur de nombreux livrets de ballets, parmi lesquels "Giselle", qui ne sont en aucun cas de la littérature. Et pourtant, "Giselle" est devenu le plus célèbre de tous les ballets. Grâce à la perfection du langage chorégraphique que l'on y trouve pour exprimer l'action et les passions des différents caractères, grâce aussi, il faut le dire, aux thèmes intemporels qu'il illustre à travers l'histoire. Les ballets de Petipa s'inspirent pour la plupart de contes qui ont davantage à voir avec le mythe qu'avec la littérature au sens strict ("La Belle au bois dormant" est une histoire bien plus ancienne que Perrault par exemple).
Sinon, pour réagir simplement sur votre intitulé "Danse et littérature", on peut aussi penser à ce que les écrivains ont dit de la danse dans leurs écrits: par exemple, des gens comme Paul Valéry, Cocteau, Claudel... (qui comme par hasard étaient les contemporains des Ballets Russes, cette magnifique entreprise de synthèse de tous les arts) ont beaucoup écrit sur la danse et les danseurs.
Voilà pour l'instant les quelques rélexions, ébauchées et sans ordre, que m'inspire votre post.
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