Bilan de la Saison 2004-2005 à l'ONP

[louvigné du dezert]

Faire un bilan a-t-il du sens? Si je gagne 10€ aujourd'hui et si je les perds demain, le bilan est : zéro. Si je vois un ballet sublime un soir et un ratage somptueux le lendemain, le bilan est : sublime. L'art ignore l'arithmétique.

Inversement, on peut se faire, sur plusieurs saisons, un idée générale de la tendance de la maison.

Sans m'y risquer, je noterai toutefois la baisse de la proportion de ballets classiques et la négligence , que j'espère passagère, dont fait l'objet le ballet romantique (pour des motifs idéologiques).

Pour Cendrillon, c'était un ratage non rattrapable par les danseurs, quel que fût leur talent (et il était grand), en raison de l'erreur de mise en scène : il y a vingt ans qu'Hollywwod n'excite plus personne , surtout dans des décors sinistres pour brechtiens fatigués. Cendrillon, c'est un conte. Il faut le danser dans cet esprit.

[sophia]

Lemoyne, je peux en effet me contenter de dire que je n'ai pas aimé "Wolf", ou même ne pas en parler du tout pour éviter de polémiquer.
En utilisant le terme de "fumisterie" pour parler d'une oeuvre, j'ai pleinement conscience que j'entre dans une autre dimension que celle de la critique raisonnée à laquelle je m'efforce autant que possible de me plier lorsque je parle d'un spectacle.
Mais voilà, chacun a ses limites, et au terme de cette saison, dans le cadre d'un bilan, on éprouve parfois le besoin de se lâcher. Et il est symptômatique que le relâchement de la pensée aille de pair avec celui des mots...

[lemoyne]

Ok je comprends.

[haydn]

[haydn]

Et pour répondre à Sophia sur le "bilan" qu'elle dresse de la saison, je suis en désaccord avec elle sur Les Sept péchés capitaux chorégraphiés par Laura Scozzi, qui m'ont apporté beaucoup de plaisir (Clairemarie Osta tout comme Elisabeth Maurin y furent des comédiennes fabuleuses), et qui je crois ont aussi apporté du plaisir aux danseurs, trop heureux de pouvoir faire valoir leurs aptitudes théâtrales.

[haydn]

Je vais me faire très bavard ce soir : pour le ballet romantique, à nous aussi de faire des efforts pour sensibiliser le public - et pourquoi pas même certains "décideurs" - à l'intérêt de ce répertoire. Il y a évidemment les grandes oeuvres que tout le monde connait (Giselle, La Sylphide), mais il faudrait aussi que l'Opéra prenne conscience qu'il est assis sur un véritable trésor chorégraphique, avec tous les ballets des Gardel et autres Vestris : l'Empire et les débuts de la Restauration n'ont pas forcément été une période faste pour les arts en général (encore que Chateaubriand à lui seul rachèterait presque toutes les fautes de goût de la Terre), mais ils ont constitué, pour la chorégraphie, un véritable âge d'or dont il faudrait restituer ne serait-ce que quelques miettes au public d'aujourd'hui.

[louvigné du dezert]

Une preuve parmi d'autres de la vitalité du ballet romantique, c'est que Kader Belarbi s'en est, de son propre aveu, inspiré pour Hurlevent (première partie, sur terre, seconde partie dans l'au-delà).

Pour le reste du répertoire, mon manque d'érudition - je devrais plutôt dire mon ignorance crasse - m'interdit d'avoir un avis autorisé, mais je suis convaincu de sa richesse. Quant aux motifs du peu d'intérêt des décideurs, je ne sais à quoi l'attribuer...La France n'entretient pas un rapport très sain avec ses traditions.

Bien que cela n'ait rien à voir avec la danse, je suis enchanté qu'il y ait sur Dansomanie quelqu'un qui soit aussi enthousiaste que moi à l'endroit de Chateaubriand.
Rien à voir avec la danse...Après tout, un ballet inspiré de René, avec Le Riche ou Belingard - les Amélie ne manqueraient pas - chorégraphié par Belarbi, par exemple, ce n'est une idée pas si sotte, non?

[haydn]

Pour un ballet inspiré de René, qui sait, après le Caligula à venir de Nicolas LeRiche, qui ferait référence à l'oeuvre éponyme de Camus...

Peut-être pourrions-nous ouvrir un atelier d'écriture, sur Dansomanie? Certes, cela ne vaudrait pas Chateaubriand, mais bon...