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CatherineS
Inscrit le: 09 Mai 2015 Messages: 1497
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Posté le: Jeu Avr 07, 2016 7:25 pm Sujet du message: |
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A l'Opéra Mathias Heyman va aborder Roméo après avoir dansé brillamment Mercutio. |
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3594
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Posté le: Ven Avr 08, 2016 12:36 am Sujet du message: |
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CatherineS a écrit: |
il y a une tendance à le considérer comme une sorte de "bad boy". |
Il est vrai que tous les Romeo & Juliet de Shakespeare que je vois en Angleterre depuis 30 ans, Royal Shakespeare Company comprise, représentent systématiquement Roméo en blouson cuir tatouages moto piercing. C'est d'ailleurs cette façon de le représenter qui m'a amené à me pencher sur le véritable statut des personnages de la pièce, et de me rendre compte qu'effectivement Roméo n'avait rien d'un prince charmant.
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nabucco
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 1462
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Posté le: Ven Avr 08, 2016 10:00 am Sujet du message: |
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frederic a écrit: |
Mais non Nabucco! Cela n'a rien d'une évidence. Vous pouvez être péremptoire dans votre manière d'affirmer les choses et escamoter ce qui n'entre pas dans votre raisonnement, mais cela ne change rien. Je ne reproche pas à Romeo de "faire le Prince" , je dis qu'il n'est pas Prince, non pas parce que je le décrète mais parce que c'est noir sur blanc dans la pièce de Shakespeare: il n'y qu'un Prince, le Prince de Vérone et ses parents qui sont Mercutio et Paris. Capulet et Montaigu sont présentés comme des chefs de familles " Two households". Aristocrates? Probablement puisqu'ils portent l'épée et s'expriment en vers.
Et au fond, est ce si important? Quelle est finalement votre critique de fond car je ne la saisis pas?! Si vous voulez défendre une autre vision de Romeo, pourquoi pas! D'ailleurs, il s'agit du ballet et pas de la pièce mais votre manière d'asséner les choses et de ne jamais tenter de dialoguer est - how to put it nicely?!- irrespectueuse et un tantinet….fatigante!…. |
Ce n'est certainement pas de vous que je vais prendre des leçons d'argumentation !
Sur l'aspect historique, qui est aussi largement la perspective de Shakespeare (qui dans la pièce, certes, synthétise, schématise un peu la réalité historique, bien sûr, mais le fait avec un sens étonnamment aigu des réalités politiques des communes italiennes du XIIIe-XIVe), je ne me suis visiblement pas fait comprendre. La lutte de partis au sein des villes italiennes, qui finit par rendre caduques les institutions communales, c'est un élément fondamental de l'histoire politique de ces villes, partis qui ont des fondements complexes: héritage des luttes entre guelfes et gibelins, points forts territoriaux, et bien sûr, comme on le voit bien dans la pièce, clans familiaux (famille au sens large, il est abondamment question de cousins dans la pièce, dans un sens beaucoup plus flou que la définition actuelle). Les Capulet et les Montaigus incarnent clairement dans la pièce ces partis, et c'est vraiment intéressant de voir que Shakespeare rend très bien le côté hiérarchisé de ces clans (les chefs de parti et les hommes de main - Roméo ne se bat que par un concours de circonstance, alors que pour les autres c'est leur moyen d'exister, c'est une nécessité vitale et pas un trait de caractère). Qu'ils aient une épée ne veut pas dire grand-chose, être armé chevalier est un peu le degré zéro de la noblesse, mais dans une Italie où la ville a capté la quasi-totalité de la noblesse il est patent qu'on a affaire à une noblesse de tout premier plan.
Quant au "prince de Vérone", il faut d'abord bien voir ce que veut dire "prince" : c'est - à cette époque, on n'est pas chez Saint-Simon! - une marque de déférence, réservée à quelqu'un qui détient une forme de souveraineté, mais ce n'est ni une fonction précise, ni un titre de noblesse. Là encore, ça renvoie à une réalité historique tout à fait précise : le dépassement des conflits de parti par la création d'une nouvelle autorité, la signoria. L'émergence de nouveaux groupes sociaux, notamment les marchands, qui ne sont pas intéressés par les aspects militaires de ces conflits mais voudraient commercer plus librement, fait qu'une partie croissante de la société hors des partis rivaux se trouve en mesure de peser, et la désignation d'un signore qui se surimpose aux institutions communales est la solution. On voit très bien dans la pièce qu'il s'agit d'un pouvoir nouveau, qui peine à s'imposer face aux partis - le sens de la pièce, c'est la défaite des partis et leur soumission à ce nouveau pouvoir, qui n'est pas un pouvoir d'origine dynastique; mais on voit aussi que la jeune génération, elle, est déjà plus proche de ce pouvoir-là. On voit d'ailleurs très bien que le prince, lui, apparaît seul: sa légitimité est toute autre, personnelle, pas familiale.
Maintenant que vous vous en fichiez, c'est votre bon droit, et je reconnais bien que tout ceci est plus flou, par la force des choses, dans le ballet où on n'a pas le temps de bavarder; cela dit, rien dans le(s) ballet(s) ne contredit les données politiques fondamentales de la pièce, y compris la haute noblesse de Roméo.
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Joelle
Inscrit le: 06 Avr 2013 Messages: 882
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Ven Avr 08, 2016 5:35 pm Sujet du message: |
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Merci pour ces explications Nabucco mais Romeo et Juliette n'est nullement une pièce "historique" comme vous savez. Donc oui! je me fiche un peu du contexte historique. Au fond, je disais une chose simple en réaction à la vision de Romeo:
1: ni la date d'écriture, ni celle de la pièce elle-même, ni celle de la représentation aujourd'hui ne relient Romeo à ce héros romantique hérité d'une vision dix-neuvièmiste de Shakespeare trop souvent dépeint dans les mises en scènes ou dans les productions du ballet
2: Est-il "noble"? Peut-être bien que ce ne soit pas écrit par Shakespeare. En revanche, ce qui est dans la pièce, c'est qu'il est un assassin et un hors-la-loi ce qui l'éloigne d'une représentation purement aristocratique.
3: Ma vision est littéraire et non pas historique: Roméo et Juliette, ce n'est pas Richard 2!
Mais j'arrête là car ce débat doit lasser les membres de ce forum.Si j'ai écrit tout cela, c'est précisément parce que les distributions de Roméo et Juliette me semblent contestables et en particulier, il est clair à mes yeux que François Alu - qui n'est pas précisément le plus qualifié pour l'emploi de "prince"- aurait été probablement un grand Roméo: le contenir dans le rôle de Mercutio atteste d'un manque de vision artistique. Point final!
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CatherineS
Inscrit le: 09 Mai 2015 Messages: 1497
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Posté le: Ven Avr 08, 2016 7:55 pm Sujet du message: |
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Je ne vois pas en quoi un prince ou un noble ne pourrait devenir un tueur et un hors la loi, les romans et l'Histoire avec un grand H en est rempli ! Le fait qu'il tue ne lui enlève pas sa naissance et ce n'est qu'au milieu de l'histoire qu'il devient cet "assassin". Roméo n'a jamais tué avant, il n'a pas participé aux rixes des rues. Il se contente de courir après Rosaline et il ne tue qu'au bout des 2/3 de la pièce. Il me semble que Rodrigue autre grande figure noble est un assassin ! A vous lire Roméo est le plus grand des criminels !
Je sais pertinemment que vous vouliez en arriver à la distribution de François Alu en Romeo, mais personnellement je ne le vois aucunement dans le rôle ! Roméo n'est peut-être pas un prince mais il est un beau gosse style gendre idéal ! |
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Florestiano
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1802
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Posté le: Sam Avr 09, 2016 1:56 am Sujet du message: |
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frederic a écrit: |
Merci pour ces explications Nabucco mais Romeo et Juliette n'est nullement une pièce "historique" comme vous savez. Donc oui! je me fiche un peu du contexte historique. |
Après les master classes d'exégèse que vous prenez un plaisir évident à administrer sur ce fil sur la manière dont Roméo "doit" être interprété, ce propos ne manque pas de sel, frederic
Prince ou pas, criminel ou pas, aristocrate ou pas, à côté de la plaque ou pas, fidèle à on-ne-sait quelle orthodoxie ou pas, le couple Gilbert-Marchand a en tout cas remporté ce soir un succès qui ne demande qu'à se confirmer dans les représentations de la dernière ligne droite de cette série, qui sera également marquée, espérons-le, par l'entrée en piste de Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann.
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Sam Avr 09, 2016 6:52 am Sujet du message: |
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Mais Florestiano, vous avez raison et le couple Gilbert/Marchand avait déjà eu un franc succès dimanche dernier: si les régisseurs n'avaient pas rallumé la salle, c'eût été un triomphe. Je ne fus pas le dernier à applaudir car je suis toujours très respectueux des danseurs. Pour autant, ce n'est pas à l'aune des applaudissements que je mesure l'émotion que me procure une représentation. Et je l'ai déjà dit plus haut: je conçois parfaitement que l'on puisse être emporté par leur interprétation. Sans sarcasme aucun!….
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nikiya
Inscrit le: 13 Déc 2005 Messages: 76
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fandorine
Inscrit le: 29 Avr 2012 Messages: 376
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Imtheboy
Inscrit le: 06 Déc 2008 Messages: 89
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Posté le: Sam Avr 09, 2016 10:19 pm Sujet du message: |
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Quel dommage, je me faisais une joie de voir MOB et Heymann dans ce ballet...
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LucyOnTheMoon
Inscrit le: 18 Nov 2008 Messages: 984
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Posté le: Dim Avr 10, 2016 11:54 am Sujet du message: |
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dur dur... bon rétablissement à elle !
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Imtheboy
Inscrit le: 06 Déc 2008 Messages: 89
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Posté le: Dim Avr 10, 2016 7:21 pm Sujet du message: |
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Bonjour à tous,
Quelques remarques sur la représentation de ce dimanche 10 avril (Baulac/Heymann).
Je n'avais jamais vu Léonore Baulac dans un grand rôle, et je dois dire qu'elle m'a coupé le souffle. Elle a une capacité à exprimer et livrer des émotions peu commune. Quelle vie, quelle fraîcheur ! Cela collait bien avec son personnage. La scène de la rencontre des deux amants a été la meilleure que j'ai vue (2011 ou 2016). Les deux danseurs, par leur engagement et leur virtuosité, ont réellement donné l'impression qu'une explosion d'adolescence avait lieu au beau milieu de ce bal.
Il y a une spontanéité dans la manière de danser et de bouger de Léonore Baulac qui est vraiment saisissante. Elle met une intention dans chacun de ses gestes, et j'ai trouvé que cela n'était pas forcé : elle reste naturelle.
J'ai trouvé que ce couple rendait l'histoire particulièrement déchirante. Sur ce plan, un bon cran au-dessus de ce que j'avais vu précédemment. J'ai mis un certain temps à revenir sur terre après le spectacle !
Bien que cela ait été dit mille fois : Alu est décidément incomparable. Quelle belle gaieté insouciante il donne à son Mercutio.
Je me suis également aperçu que le pas de deux du lit (acte III) ne "marchait" pas avec moi, quelle que soit la distribution. J'ai l'impression que sur un plan dramaturgique, il tombe mal.
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nikiya
Inscrit le: 13 Déc 2005 Messages: 76
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Posté le: Dim Avr 10, 2016 8:07 pm Sujet du message: |
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Bonne nouvelle, si l'on peut dire, Myriam ne souffrirait en fait que d'une élongation sévère au mollet, elle doit donc s'arrêter trois semaines mais pourra finalement interpréter Gisèle.
_________________ Je danse par passion,et elle me nourrit amplement.
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