Le Ballet national de Cuba de retour à Paris [6-20/07/2017]

[serge1 paris]

Ca permet de remplir la salle...de toutes façons ça n'enlève rien au talent des danseurs.

A moins qu'il y ait eu des nominations pendant la tournée et que le site officiel ait du mal à suivre...mais c'est probablement seulement la liste des danseurs qui tiennent les premiers rôles.

De toutes façons la compagnie n'a pas vraiment intérêt à accélérer les nominations car dans l'histoire récente tous les garçons promus se sont très vite envolés vers d'autres horizons...

[haydn]

C'est que malheureusement le Ballet de Cuba n'a absolument pas les moyens d'offrir les mêmes rémunérations que les compagnies occidentales (ou russes). Et comme leur école, par ailleurs, "produit" des danseurs talentueux en assez grand nombre, les tentations sont fortes. Entre une vie modeste à Cuba et un salaire confortable à Londres ou à New York, le choix est souvent vite fait, même si le climat est moins doux...

_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[Ambrine]

A peine avais-je cliqué sur le paiement que déjà je regrettais mon choix.
Zut. Pourquoi opter pour un gala sans décors ni orchestre, et sans la compagnie dans son ensemble, plutôt qu'un Don Quichotte haut en couleurs ou un Giselle plus blanc que blanc ?
Et pourtant, non-rien-de-rien-non-je-ne-regrette-rien.

La soirée s'est amorcée doucement mais sûrement avec 2 solistes plutôt jeunes (? en fait je n'en sais rien) à la danse sage et propre dans un extrait de Casse-Noisette. Puis la virtuosité est allée croissante, d'abord avec Luis Valle dans Raymonda et surtout Osiel Gouneo, bodybuildé en Acteon, aux sauts aussi impressionnants que subtils dans leur complexité, virtuose mais pas que.
On le sent capable d'autre chose ou de tout ou de plus que cela.
Ce surcroît de complications était aussi frappant dans les fouettés d'Anette Delgado dans le cygne noir (ou peut-être était-ce Viensay Valdés dans Don Quichotte) : non contente de tourner longtemps (désolée je n'ai pas compté les fouettés), bien droite, et tout et tout, il a fallu encore qu'elle nous embrouille avec des mouvements de bras ... sophistiqués. Hallucinant.
Yolanda Correa aussi s'est révélée brillante et très expressive dans le rôle de Juliette mais elle a été plus applaudie dans le pas de deux de Balanchine dans la seconde partie.
Cette seconde partie a d'ailleurs débuté de façon tragique, de multiples pannes de musique venant entraver la concentration des danseurs pendant quasiment tout l'extrait du Corsaire, à des moments techniquement pas simples.
J'ai soupçonné un vague désarroi plus chez Luis Valle que chez sa vaillante (en ces circonstances) compagne mais heureusement tout le public, visiblement exaspéré par cette punition imméritée (pas d'orchestre et une musique défaillante !), a tout bonnement multiplié les acclamations en tous genres et ce Corsaire a finalement été le plus applaudi de la soirée, à l'exception de l'ovation finale faite à Mme Alonso montée sur scène.
Hormis Muñescos, mélange de théâtre dansé et de poésie, condensé de fraîcheur avec les 2 mêmes solistes plutôt jeunes (? en fait je n'en sais rien) et Invierno inspiré de Casse-Noisette mais sans pointes, ce bien joli programme était donc essentiellement composé de "tubes" des pas de deux classiques.
Et après des équilibres tenus à la perfection par Viengsay Valdes et les ultimes sauts d'Osiel Gouneo dans Don Quichotte, toute la compagnie invitée est venue sur scène en tenue de ville applaudir les solistes et Mme Alonso qui a eu droit à the standing ovation.

Ces artistes dotés de peu de moyens mais de beaucoup de talent ont enthousiasmé la salle où de nombreux sièges sont néanmoins restés vides.
Alors probablement que demain au marché j'irai et dans mon panier un Don Quichotte je mettrai.

[sophia]

Merci Ambrine. Des conseils à donner pour le choix des places?

[Ambrine]

J’étais au premier rang du balcon latéral impair. Ces balcons semblent peu prisés et pourtant à mon avis on y voit bien partout malgré le garde-corps. Il faut juste regarder légèrement de côté. Ce n’est pas mal du tout.
Les premiers rangs du parterre ne m’ont pas choquée par rapport à la scène, la visibilité ne doit pas y être pire qu’aux premiers rangs d’autres salles.
Il est vrai que les spectateurs ne sont pas séparés de la scène par la fosse.
Pour les autres places du parterre, la salle parait assez inclinée mais comme partout, il ne faut pas se trouver derrière un géant ou un chignon trop montagneux.
Rien à dire sur le premier balcon de face.
Quant aux balcons du deuxième, je ne les conseille jamais mais cela n’engage que moi.

[sophia]

Un nouvel article de Philippe Noisette dans Paris Match, accompagné d'un diaporama.

[serge1 paris]

Il fallait être motivé pour aller voir Giselle un samedi après midi de grande chaleur .

La révélation promise par Noisette n'a malheureusement pas réussi à remplir la salle dont la jauge n'a pas du dépasser les 50% et les replacements étaient encouragés par les hôtesses pour remplir les premiers rangs. J'en profite pour signaler que le prétendu carré d'or est une véritable arnaque et n'a rien de mieux que les catégories suivantes.

La Giselle d'Alicia Alonso conserve tout son charme avec ses naïvetés ainsi que ses décors et costumes hyper basiques.

La chorégraphie rend le livret très lisible même si certaines complexités dans la danse ne manquent pas de réveiller l'intérêt. En particulier, un Pas de 10 à la place du Pas de 2 qui mettrait en difficulté pas mal de compagnies prestigieuses. Il y avait d'ailleurs deux Albrecht d'autres soirées dans le Pas de 10 !

Grettel Morejon et Rafael Quenedit n'ont pas déçu.

Grettel Morejon est déjà dans le sillon des meilleures Giselle cubaines avec infiniment de fraicheur au début du premier acte, une scène de la folie vraiment très réussie puis beaucoup de poésie et d'évanescence dans l'acte blanc.

Rafael Quenedit a un physique qui va chavirer beaucoup de coeurs mais il met aussi beaucoup d'émotion et de sincérité dans son Albrecht. Sa technique est véritablement sans faille avec des sauts et des pirouettes impressionnants et une "star quality" qui devrait lui assurer un bel avenir.

A suivre au prochain épisode ...

[sophia]

Dix ans après leur première venue dans le cadre des Étés de la danse (qui se tenaient alors dans la fournaise du Grand Palais), retrouvailles cet après-midi avec le ballet de Cuba. Et premier et principal constat...

... RIEN N'A CHANGE!

On ne s'attardera pas sur la scénographie - le mot semble presque trop pompeux pour évoquer les "décorations" (comme au disait au XIXe siècle), au dessin simple et naïf, délestées de tout pittoresque nordique, qui caractérisent cette production du ballet. Ne parlons pas des éclairages de l'acte II, qui évoqueraient plutôt une féerie boulevardière que le grand ballet d'opéra...

On ne s'attardera pas non plus sur la qualité, parfois tonitruante, de l'enregistrement musical - ce sont là les limites bien connues de la compagnie cubaine. On imagine à peine ce que doit être l'orchestre de La Havane vécu en live!...

Mais qu'importe... Giselle, "apothéose du ballet romantique", se contente de peu.

Pour le reste, l'impeccable tradition cubaine, avec ses garçons joyeusement virtuoses et ses filles aux ports de bras moelleux et aux pointes d'acier, est toujours vivante. Un romantisme un brin désuet, mâtiné de sensualité hispanique ou caribéenne, comme le voulait Fernando Alonso, aussi éloigné de l'amour français de la géométrie que du lyrisme russe - et c'est très bien ainsi. On aime décidément beaucoup ce pas de dix du premier acte (en lieu et place du pas de deux des paysans), qui semble tellement emblématique de l'"esprit cubain" : des garçons puissants, qui se prennent tous pour des solistes, des filles à la gestuelle tout en grâces sensuelles et en rondeurs.

Le couple de jeunes qui officiait pour cette matinée a, me semble-t-il, parfaitement tenu ses promesses. J'ai été particulièrement impressionnée par la Giselle de Grettel Morejon, qui vient s'inscrire dans la grande tradition des Giselle cubaines - avec un petit air de Viengsay Valdès, ne trouvez-vous pas? Une joyeuseté naïve, une danse si légère et contrôlée qu'elle semble être née sur une pointe, des équilibres d'un naturel confondant, et surtout, surtout, un acte II aux portes du sublime, dans l'entre-deux de la vie et de la mort, magnifiquement accompagné par le corps de ballet. Il faut voir cette Giselle cubaine pour saisir cette image originelle des Wilis, qui a à peu près disparu ailleurs : celle de figures féminines fondamentalement ambivalentes, dont la cruauté sommeille sous les voiles blancs, évocatrices en réalité d'une féerie noire et macabre.

En revanche, je n'ai pas trouvé qu'émanait du couple une alchimie bouleversante. Le duo fonctionne dans une certaine retenue, sans effusion lyrique, et si le jeune Rafael Quenedit a une belle prestance et du potentiel bondissant, il me semble plus vert dans son jeu et dans sa danse que sa compagne.

Pleyel dispose d'un beau plateau et les places sont confortables, offrant d'à peu près partout une belle visibilité. Le lieu, idéalement climatisé au passage, manque toutefois un peu d'âme... et Dieu que c'est triste une salle qui n'a pas fait le plein.

[sophia]

"Alicia Alonso, lider maxima (sic) du ballet cubain", par Rosita Boisseau, dans Le Monde.

[serge1 paris]

Ca finit par devenir émouvant, cette obstination d'Alicia Alonso à rester à la tête de la compagnie jusqu'à son dernier souffle !

Il faut une incroyable énergie vitale pour continuer à suivre les épuisantes tournées internationales à 96 ans. Et quel contraste avec la jeunesse de la compagnie qui parvient en permanence à se renouveler en conservant le même style malgré les défections.

Rafael Quenedit est beaucoup plus jeune que Grettel Mojeron. Il n'a pas une allure typiquement cubaine, c'est plutôt un danseur noble à la Roberto Bollé même s'il saute plus haut et tourne plus vite ! Avec une telle présence sur scène alors qu'il a tout juste 20 ans vous le trouvez un peu vert ? Ou bien vous le trouvez trop beau garçon ?? C'est vrai que c''est plus dur de donner l'impression d'être désespéré quand on a un physique aussi avantageux ...

En tout cas, il semble avoir son petit fan club car on trouve déjà sur Facebook des extrait de ses prestations de cet après midi.

[sophia]

Il m'a paru très jeune en effet et - de fait? - moins accompli que sa compagne (attention, il était très bien quand même!). Mais est-elle beaucoup plus expérimentée?

[serge1 paris]

A vrai dire, je me rappelle avoir vu le nom de Grettel Morejon sur des distributions dans des petits rôles à Cuba il y a 7 ou 8 ans.

J'avais été amusé par le prénom, car à Cuba les prénoms sont une source infinie d'étonnement avec les origines les plus diverses russo-arabo-asiatiques mais les origines germaniques sont rares. C'est la seule raison pour laquelle je ne l'ai pas oubliée car, par contre, je n'ai aucun souvenir marquant de la danseuse et j'ai été assez étonné par la qualité de sa Giselle.

Il me semble d'ailleurs qu'elle est déjà en grand progrès par rapport à la video de ses débuts que vous aviez retrouvée sur YT.

Les danseuses cubaines ne peuvent que progresser dans ce rôle car, en une saison, elles dansent Giselle plus souvent que les étoiles de l'Opéra de Paris en toute une carrière !

[sophia]

En fait, je me rends compte que l'impression que j'ai eue de voir des solistes dans le pas de dix n'est pas qu'une métaphore : certains des "amis de Giselle" (Raul Abreu, Patricio Revé) de cette matinée sont aussi des Albrecht sur d'autres représentations.

[Ambrine]

Dans le gala également où elle dansait dans Casse-Noisette et Muñescos, j'ai trouvé que Grettel Mojeron éclipsait son partenaire.
C'est fou que ces deux-ci dansent Giselle. Ils paraissent si jeunes et il faut une telle maturité pour ces rôles. Ils étaient évidemment parfaits dans la chorégraphie enfantine, Muñescos.

[Isabelle dupuys]

Toujours cette même fougue, cette incroyable énergie chez les filles et les garçons. J'avais hésité à prendre des billets pour cet énième Giselle d'autant que pour le Ballet de Cuba on pense plutôt à Don Quichotte et pour autant je n'ai pas été déçue. Lyrisme et émotion sont bien au rendez-vous même si musicalement on souffre un peu... Mais comment font-ils pour être toujours à ce niveau d'excellence ? Un danseur part deux autres le remplacent ! Bras, jambes tout est au point. Il reste des places et il y a les cours publics, franchement n'hésitez pas !