haydn Site Admin
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Posté le: Lun Juin 06, 2005 3:01 pm Sujet du message: 04 juin 05 Napoli |
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Napoli ou le Pêcheur et sa fiancée
Chorégraphie : August Bournonville (Actes I & III), Hans Beck (Pas de six, acte III), Dinna Bjørn (Acte II)
Musique : N. W. Gade, E. Helsted, H. S. Pauli, H. C. Lumbye
Décors : Søren Frandsen, Ove Christian Pedersen
Costumes : Søren Frandsen, Kirsten Lund Nielsen
Direction musicale : Graham Bond
Gennaro, un jeune pêcheur : Thomas Lund
Veronica, une veuve : Jette Buchwald
Teresina, fille de Veronica : Tina Høljund
Fra Ambrosio, un moine : Poul-Erik Hesselkilde
Giacomo, un marchand de macaroni : Kenne Hauge
Peppo, un limonadier : Flemming Ryberg
Giovanina : Louise Midjord
Pascarillo, un chanteur des rues : Mogens Boesen
Un joueur de tambour : Ole Just
Carlino, un marionnettiste : Ib Jeppesen
Golfo, un démon des mers : Niels Balle
Coralla, une naïade : Leslie Culver
Argentina, une naïade : Susanne Grinder
Pas de six (Acte III) : Gudrun Bojesen, Caroline Carvalho, Gitte Lindstrøm, Femke Mølbach Slot, Mads Blangestrup, Andrew Bowman
Trois dames : Camillia Ruelykke, Cecilie Lassen, Christina L. Olsen
Tarentelle (Acte III) : Izabela Sokolowska, Morten Eggert
Napoli fut créé à Copenhague le 29 mars 1842, alors que Bournonville rentrait d'un voyage "forcé" en Italie, après qu'un incident l'eût opposé au roi du Danemark en 1841 et qu'on lui conseilla de "prendre l'air" le temps de faire oublier son acte de lèse-majesté.
Acte I
L'action se déroule dans le port de pêche de Santa Lucia, près de Naples. Les marins vont bientôt rentrer au port. Teresina est courtisée par Giacomo et Peppo, mais elle ne veut pas trahir son amoureux, le gentil mais pauvre pêcheur Gennaro, qui est parti en mer.
Gennaro accoste avec sa prise. Il donne une partie de son poisson au moine mendiant Fra Ambrosio, et Teresina lui fait également l'aumône. Ambrosio bénit le jeune couple. Mais Gennaro suscite la jalousie de Teresina en faisait mine de lutiner la jeune cusinière Giovanina. Les amoureux se réconcilient bien vite, et Gennaro fait don d'un anneau en or à Teresina. Pendant ce temps, Giacomo et Peppo, furieux de l'échec de leur entreprise de séduction envers Teresina, dressent la foule contre Gennaro en prétendant qu'il a passé un pacte avec le Diable.
Les deux amoureux s'en moquent, et décide de partir faire une promenade en bateau sur la magnifique baie de Naples. Gennaro emporte sa guitare pour jouer la sérénade à sa belle. Malheureusement, une soudaine tempête fait chavirer la barque. Gennaro parvient à regagner la rive, mais Teresina disparaît dans les flots.
Désespéré, Gennaro informe la population que Teresina est morte noyée. Folle de douleur, sa mère, Veronica, attise la vindicte de la foule envers Gennaro. Seul le moine, Fra Ambrosio, fait montre de compassion envers l'infortuné pêcheur, et l'encourage à reprendre la mer pour aller à la recherche de Teresina. Il le bénit, et pour lui porter chance, lui confie une amulette à l'effigie de la Madonna dell'Arco, sainte-patronne du village, et dont on célèbre la fête ce jour-là.
Acte II
La scène représente la Grotte bleue, dans l'île de Capri, où vivent Golfo, un esprit des mers, et sa cour de naïades. Teresina n'est en réalité pas morte. Elle a été recueillie par une escouade de naïades, qui l'ont menée à la grotte. Golfo est subjugué par sa beauté, et ignore l'ardent désir de la jeune fille de retourner à Naples pour y retrouver son bien-aimé. Il la transforme en une divine naïade, privée de toute mémoire, et la couvre de bijoux.
Gennaro vogue en direction de la grotte et retrouve la guitare, abandonnée lors du naufrage. Arrivé à la grotte, il supplie les naïades de le conduire auprès de Teresina. Attendries, les nymphes des eaux finissent par céder ; la jeune amnésique ne reconnaît même pas sa mélodie favorite, que Gennaro lui joue à la guitare. Mais lorsque le pêcheur brandit le portrait de la Madonne que lui a confié Fra Ambrosio, le sort jeté par Golfo disparaît et Teresina retrouve enfin ses sens. Golfo tente vainement d'empêcher les deux tourtereaux de fuir, et tombe sous l'enchantement de la Madonne ; il couvre Teresina et Gennaro de richesses, avant que ceux-ci ne s'en retournent à Naples.
Acte III
Les fidèles se pressent au Monte Virgine, aux abords de Naples, pour célèbrer la fête de la Madonna dell'Arco. Le soleil brille, et le peuple est en habits de fête. Les gens évoquent le triste sort de Teresina, et Giacomo et Peppo continuent de les inciter à la haine contre Gennaro.
A la surprise générale, apparaissent Teresina et Veronica, suivies de Gennaro. La foule est persuadée que le retour de Teresina est dû à un acte de sorcellerie, et s'en prend à Gennaro. Une bagarre éclate. Le calme ne revient que lorsque Teresina parvient à trouver Fra Ambrosio, qui prend la défense de Gennaro et explique que le sauvetage de la jeune fille est l'oeuvre de la Madonna dell'Arco. Les forces obscures des entrailles de la Terre ont été conquises par la bienveillance et l'amour du Christ.
La joie s'installe, et après avoir vénéré la Madonne, Fra Ambrosio bénit à nouveau le jeune couple. Les réjouissances culminent en une tarentelle endiablée. Veronica rejoint Teresina et Gennaro, qui rentrent à Naples en une équipée triomphale, juchés sur une charette décorée de fleurs.
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A la différence de La Kermesse à Bruges, les scènes de pantomime, qui revêtent également une importance capitale dans Napoli, sont ici plus étroitement imbriquées avec les parties dévolues à la danse "pure", si tant est qu'une telle expression ait un sens chez Bournonville. La part belle est faite aux rôles de caractère, et Flemming Ryberg, entré au corps de ballet en 1957 (!), a pu faire montre de tout son talent d'acteur comique dans le personnage truculent de Peppo, le limonadier. Une telle longévité pourra surprendre les habitués de l'Opéra de Paris, mais au Ballet Royal du Danemark, les artistes ne sont pas contraints de prendre leur retraite passé la quarantaine. Lorsque leur âge et leur condition physique ne leur permet plus de tenir les traditionnels rôles de jeunes premiers, les artistes ont la possiblité, s'ils le désirent, d'occuper des postes de "danseurs de caractère", qui correspondent en réalité essentiellement à des emplois de mime. Et les ballets de Bournonville offrent fort heureusement de très nombreuses occasions à ces comédiens-danseurs de se produire sur scène.
Le héros de la soirée n'en fut pas moins Thomas Lund, qui est un peu l'alter ego danois de notre Emmanuel Thibault national. Ce danseur fin et racé posséde un saltation d'une incroyable légèreté, et semble défier les lois de la pesenteur, tant il sait camoufler avec art l'effort qu'il doit produire pour prendre ses envols. Tina Højlund fut une Teresina à la hauteur de ce partenaire d'exception, pétillante de vie et d'une solidité technique à toute épreuve.
Dans le fameux pas de six du troisième acte (paradoxalement dû à Hans Beck et non à Bournonville), Gudrun Bojesen et Caroline Cavallo ont toutes deux pu faire montre de leur remarquable expérience de la scène. Néanmoins, la jeune Femke Mølbach Slot sortait du lot par une danse allerte et précise, et communiquait à la salle son bonheur manifeste d'être de la fête. Une personnalité hors du commun, dont on pourrait bien reparler un jour prochain.
Il convient également de saluer une fois de plus Tim Matiakis, dont l'agileté et le ballon avaient déja fait merveille dans La Ventana.
Le moment le plus problématique fut le second acte, reconstruit pratiquement ex nihilo par Dinna Bjørn, la chorégraphie originale de Bournonville étant perdue. La rupture de style est nette, et l'on se trouve brutalement plongé dans un univers qui appartient plutôt à Petipa. Les solistes dansants y sont quelque peu sous-employés, et le Golfo de Niels Balle, peu théâtral, était un démon bien peu terrifiant.
Seul le corps de ballet se tirait avec les honneurs de ce guêpier. De manière générale, il faut d'ailleurs louer l'excellence de ce corps de ballet, très discipliné et dont les exécutions ne souffrent aucune approximation.
Le troisième acte de Napoli est particulièrement délicat, dans la mesure où un très grand nombre d'interprètes doivent évoluer dans un espace assez restreint et chargé en décors. La moindre erreur de positionnement sur le plateau peut avoir des conséquences catastrophiques, et on ne peut encore une fois que souligner le très grand professionalisme des danseurs danois.
Ce dernier acte était également l'occasion d'applaudir les enfants de l'école de danse du Ballet Royal du Danemark, en se rappelant que Bournonville s'est toujours attaché à permettre aux plus jeunes de se produire également dans ses créations, en leur offrant des rôles d'un réel intérêt.
L'orchestre, conduit de manière experte par Graham Bond était d'excellente tenue, et l'on observera qu'à Copenhague, les musiciens demeurent dans la fosse jusqu'au dernier rappel. Soyons justes, la présence de la Reine y était peut-être pour quelque chose.
Enfin, à l'issue de la représentation, une réception fut organisée en l'honneur d'Anne-Marie Vessel Schlüter. Cette danseuse, entrée au corps de ballet en 1965, et devenue directrice de l'Ecole de danse en 1979, célébrait dans la liesse ses 40 ans passés au Ballet Royal du Danemark.
Dernière édition par haydn le Lun Juin 06, 2005 6:25 pm; édité 2 fois |
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