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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Lanou
Inscrit le: 12 Déc 2004 Messages: 352 Localisation: Paris
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 1:21 pm Sujet du message: |
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Je voulais me taire, enragé par des sentiments excessifs, mais puisque l’on me pousse à une enragée diatribe… Ce soir-là, 23 mars 2006, de l’Opéra de Paris, il n’y avait que deux artistes complets : Thibault et Fiat. Pêle-mêle, parce que je ne sais pas faire autre chose : A. Dupont, qui m’avait surpris lors de la générale est retournée dans son insondable tour d’ivoire, et a du oublier qu’un public la regardait : qu’elle soit glaciale est une chose, qu’elle soit inexpressive en est une autre. De mon huitième rang d’orchestre, je ne pouvais que subir la beauté de cette femme qui cherche à être belle, et c’est tout. Je vais m’en arrêter là pour Nikiya, je me lasse de me répéter à propos d’Aurélie Dupont. C. Accosta est absolument fabuleux et j’ai entendu de nombreux cris d’admiration à telle millième pirouette, à telle cabriole à dix mètres du sol ; la pantomime est assez rudimentaire, mais son visage est empreint de sentiments sincères. Je regrette de n’avoir pu y aller la première fois, il me manque une deuxième vision pour mieux l’apprécier.
E. Abbagnato, certainement une très grande Gamzatti, le deuxième acte en moins.
Et Thibault… Et Thibault. Oui, l’épicentre des applaudissement était plutôt au niveau du huitième rang… Dès la procession, dès son entrée, dès le milieu de la variation, dès la fin de la variation, Thibault est l’Idole du public. J’avoue faire la claque, mais je certifie ne l’avoir en aucun cas entretenue. Thibault est une ResPublica à lui tout seul. Dans les escaliers me permettant de sortir de la salle, je n’ai entendu parler que de ce « type en doré ». Personne ne s’y trompe. Qu’il soit ainsi négligé me rend douloureuse chacune de ses prestations. Et Fiat, que j’espère promise à de beaux augures que ceux de son collègue en or. Impliquée, elle me surprend de plus en plus, et malheureusement Mlle Ould-Braham a été remplacée en deuxième ombre par Mlle Hurel, qui n’est certes pas mauvaise, mais voir la blonde évanescente m’aurait consolé. Il semblerait que là encore, être un bon danseur soit un critère de non admission dans le panthéon des Etoiles. Qu’importe, lorsque l’on est aimé des Dieux et adulé du spectateur.
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segolene
Inscrit le: 28 Juil 2005 Messages: 22
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 3:03 pm Sujet du message: |
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Je vous trouve très dur avec Melle Dupont dont j'ai beaucoup aimé l'interprétation lors de la représentation du 11. Je pense que son interprétation est dans la lignée de celle d'Isabelle Guerin.
Pour moi, Nikiya se doit d'être inaccessible : c'est une danseuse sacrée, elle est intouchable... Gamzatti par contre représente la femme sensuelle, volcanique, c'est une tentatrice... Et c'est pourquoi Solor les aime toutes les deux. Chacune représente un aspect de LA femme. Cette opposition est pour moi le point central de ce ballet.
Alors bien sûr, je n'ai pas vu les autres distributions mais j'ai trouvé qu'Aurélie Dupont était tout à fait à la hauteur du rôle...
Au fait, Haydn ne nous aviez-vous pas promis une deuxième série de photos de la soirée du 1?
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 3:37 pm Sujet du message: |
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Je partage assez l'avis de Lanou sur Aurélie Dupont, mais ça, ça n'étonnera personne!... Pour moi, ce n'est pas forcément une danseuse froide, car la froideur peut être un parti-pris esthétique qui se justifie dans certains rôles (Lopatkina est froide, mais quelle merveille!); ce que je lui reproche, c'est de toujours tout interpréter de la même manière: quel que soit le rôle, nous avons la belle Aurélie Dupont, sa merveilleuse technique et son sens aigu du style: jamais de faute de goût, ça c'est certain, mais l'ennui que suscite un artiste, c'est une faute bien plus grave à mon avis que les imperfections de tous ordres... Et quand on sent un manque de passion ou d'engagement scénique, on peut difficilement adhérer soi-même.
Cela dit, je l'ai sincérement bien aimée en Nikiya à la première représentation (pas dans toutes les scènes , mais dans l'acte des Ombres elle y est idéale), ce qui m'a moi-même étonnée, mais au bout de trois ou quatre représentations avec elle, je comprends que l'on puisse un peu craquer et/ou saturer (d'autant qu'elle est quand même très très distribuée, sans même parler des DVDs, et lorsqu'on va souvent à l'Opéra, on aime voir de nouvelles têtes).
Je crois surtout qu'avec Acosta, le partenariat ne fonctionnait pas vraiment et chacun dansait un peu dans son coin... De ce point de vue-là, il est vrai, rien ne vaut le couple Letestu/Martinez.
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1128 Localisation: PARIS
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1128 Localisation: PARIS
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 4:39 pm Sujet du message: |
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Lanou
Inscrit le: 12 Déc 2004 Messages: 352 Localisation: Paris
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1128 Localisation: PARIS
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 4:58 pm Sujet du message: |
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Segolene, l'opposition entre Nikiya et Gamzatti n'est pas celle qu'il y a entre Odette et Odile qui représentent effectivement chacune deux aspects de la femme. Ici on est en Inde, pas dans une culture judéo-chrétienne où la chair est toujours liée au péché et à la faute. Il n'y a pas, pour faire bref, d'un côté une créature ouvrant sur le monde spirituel et associée au bien et de l'autre, une créature liée au corps, aux sens, à la matière et donc au péché et à la tentation.
Je pense que l'interprétation du personnage de Nikiya comme pour le personnage de Gamzatti est beaucoup plus ouverte que pour Odette/Odile, à bien des égards des rôles très codifiés avec un horizon d'attente précis. Mais il me semble que de la danseuse sacrée indienne doit se dégager nécessairement une certaine sensualité qui n'a rien à voir avec le péché pour le coup; sa destinée en fait aussi un personnage tragique. Ce sont donc des registres qui permettent de composer un personnage à plusieurs facettes. Qu'elle soit inaccessible dans l'acte des Ombres, c'est parfaitement légitime, mais dans les deux premiers actes, elle est au contraire profondément humaine dans ses sentiments. Alors après, on peut accentuer évidemment la noblesse du personnage, sa grandeur sacrée, mais ce n'est pas exclusif, me semble-t-il.
Quant à Gamzatti, elle est d'abord la fille d'un rajah à qui personne ne résiste et qui se retrouve en proie à la jalousie losqu'elle comprend qu'elle a une rivale. Elle n'est pas "méchante" par essence. C'est une princesse dont on doit sentir le pouvoir, l'assurance, mais aussi la jalousie et la blessure peut-être. Pour moi, le pas de deux du deuxième acte, c'est vraiment la manifestation de la puissance dans tous ses aspects, pas seulement le pouvoir matériel mais aussi le pouvoir des sens: c'est la victoire du fort contre le faible, tout simplement. De ce point de vue, la version Noureev est tout à fait réussie et Dorothée Gilbert a été la plus parfaite incarnation de cette idée.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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doudou
Inscrit le: 03 Mai 2005 Messages: 1128 Localisation: PARIS
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26521
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3560
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 12:47 pm Sujet du message: |
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oh la la, j'arrive en retard pour répondre à toutes ces interventions sur le forum :
Lanou, je suis ravi que vous ayez fait la claque le 23, personnellement je suis pour le rétablissement d'un chef de claque ds une salle, au sens de "chauffer la salle". Je trouve en effet que les publics, surtout en France, sont de plus en plus froids et indifférents à ce qui se passe sur scène. Même les concerts de jazz commencent à en patir, où il n'est pas rare d'entendre des "chut" qd un malheureux quidam ose applaudir un solo de contrebasse...
Or, on a vu jeudi à quel point les artistes réagissent différemment selon que le public participe au spectacle ou non. Emmanuel Thibault était certes très bien mardi, mais jeudi il s'est carrément surpassé, et à mon avis l'encouragement initial du public n'y était pas pour rien. Après, vous avez raison, la claque s'efface par la réaction naturelle du public, comme cela s'est produit jeudi après la prestation de Thibault. Donc, continuez de faire la claque, la qualité des spectacles y gagne !
Pour ce qui est du débat sur Aurélie Dupont (que personnellement j'ai beaucoup aimé), j'ai un peu l'impression d'assister aux débats qu'il y avait dans les années 80 sur Pavarotti, entre ceux qui le trouvaient indifférent et le décrivaient comme un menhir glacé (au sens théâtral du terme) et ceux qui le trouvaient génial. Je suis très néophyte en danse, mais je ne trouve pas qu'Aurélie soit indifférente et cherche uniquement à "être belle". En tous cas ce n'est pas comme ça que j'ai ressenti sa Bayadère. En revanche certains rôles lui conviennent mieux que d'autres. Nykia lui va autrement mieux que Juliette, où l'introversion est hors sujet.
Quant à mon enthousiasme pour cette série de représentations avec Acosta et Dupont (réponse à Sophia), c'est uniquement dû au fait que je n'aime pas tellement ce ballet, que d'ordinaire je trouve ennuyeux et fade. J'avais un mauvais souvenir de la reprise de 2002 où la Zakharova m'avait mortellement ennuyé (alors là dans le genre indifférence dramatique on y était vraiment), et cette fois-ci, par la fraîcheur d'une Dupont et l'engagement dramatique d'Acosta et Abbagnato, j'ai soudain découvert que ce ballet n'était pas si inintéressant que ça. Bref j'ai été agréablement surpris, d'où mon enthousiasme. Tout est relatif...
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Lanou
Inscrit le: 12 Déc 2004 Messages: 352 Localisation: Paris
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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