Nouvelles du Royal Ballet / News from the Royal Ballet

[paco]

Oui, j'ai vu Anastasia il y a quelques saisons et je n'ai vraiment pas aimé ce ballet. Au moins, ici ils ne donnent que le 3e acte, mais quand ils jouent le ballet en entier, la rupture stylistique de ce 3e acte par rapport aux deux précédents tombe comme un cheveu sur la soupe et ça ne passe pas très bien.
Je pense qu'à l'époque Kevin O'Hare avait ré-exhumé ce ballet pour Natalia Osipova - et il faut reconnaître que le rôle lui va très bien-.

[Katharine Kanter]

Over on balletcoforum, there's a thread on Laura's final bow at London on Saturday night, with some rather moving, to put it mildly, photographs of the celebration.

To get a handle on what a first-class dancer is Morera, and without running down the other young lady, compare the two here


https://www.youtube.com/watch?v=5H0-CF7Pz38

This pas de trois is a bit of a Dunce's cap : uninspired bit of music, aerobic choreography - by the end one's on hands and knees and the batterie frays. Everyone has come unstuck at Paris too, and at Paris, the women have to dance in some kind of hideous nylon nightie.

That said, Morera's work is a study in taste and judgment. Each angle of the body in effacé and croisé is presented so as to play light and shade ; the jetés held a fraction of a second to let the music breathe ; port de bras impeccable ; constant movement without posing or mug-shots.

This was one helluva dancer. Had she been "pretty", and taller than 5 foot 1, she'd have been given the roles and some of the filming ...

[paco]

Je n'y étais malheureusement pas, et je regrette que les discours de Kevin O'Hare pour les adieux des Principals ne soient pas publiés dans les archives du ROH. Il est très doué pour cela, avec des discours très subtils, sensibles, qui résument la carrière du Principal de façon toujours très intéressante. Pour les adieux de Bonelli il nous avait fait fondre en larmes (à vrai dire il a fini lui-même par verser quelques larmes à la fin de son discours)

[paco]

Quand je dis que Kevin O'Hare a le sens des hommages ... Le spectacle "50 ans de Carlos Acosta" a eu lieu la semaine dernière (apparemment ce fut brillant, avec Marianela Nunez dans divers PDD, Manon, Apollon etc. Encore un danseur qui défie l'âge ...) et immanquablement le Directeur du RB n'a pu s'empêcher de faire monter sur scène un énorme gâteau d'anniversaire à la crème qu'il a soigneusement découpé lui-même...

Sinon, pour ceux qui ont accès à Instagram et cherchent à occuper leurs soirées sous la pluie de l'hémisphère nord, je conseille de parcourir de temps en temps les comptes des Principals du RB : ils s'éclatent depuis leur retour du Japon, allant de galas en festivals et de festivals en galas, et pour notre plus grand bonheur ils en publient de brefs extraits presque chaque jour. Je suggère notamment les extraits du PDD de Don Quichotte par Mayara Magri et Matthew Ball - qui me convainquent définitivement de ne pas rater leurs dates lors de la reprise de DQ au ROH cet automne..., mais ce que postent Naghdi, Nunez, Bolle, Clarke et Kaneko selon les jours vaut aussi un regard.

[paco]

Natalia Osipova, blessée, n'assurera pas les deux premières représentations de DQ dans lesquelles elle était programmée début octobre (avec Marcelino Sambé). Elle sera remplacée par Mayara Magri.
Ses dates de novembre (avec Reece Clarke) sont maintenues pour le moment.

Mayara Magri que j'incite très fortement à aller voir lors de la retransmission cinéma fin octobre, avec Matty Ball (représentation où a priori Charles III sera présent). Je les ai vus tous les deux cet été dans un gala où ils ont dansé des extraits de Don Quichotte : c'est époustouflant, électrisant, excitant, renversant, ... bref je n'ai pas les mots pour décrire à quel point Kitri est dans l'ADN de Magri, au point qu'elle a transformé son partenaire Matty Ball en Tsvirko britannique, avec des manèges et pirouettes d'une puissance et virtuosité que je n'avais encore jamais vues chez lui !

[paco]

Menace de grève de l'Orchestre du ROH dans les prochaines semaines. En effet, les musiciens réclament le rétablissement de leur salaire pré-Covid. Au moment de la pandémie, ils avaient accepté une diminution de 10% de leur salaire pour aider la compagnie à survivre (rappelons que les institutions culturelles britanniques n'ont pas bénéficié des mêmes aides qu'en France).

Aujourd'hui, ils sont toujours avec 10% de moins sur leur fiche de paie, malgré le fait que la situation soit revenue à un niveau normal (du moins en apparence, car en réalité l'institution va toujours aussi mal : mercredi dernier, pour une Forza del Destino de Verdi à laquelle j'ai assisté, il restait environ 10% de places inoccupées, et surtout les restaurants des foyers à l'entracte étaient quasiment vides, or le modèle économique du ROH repose en partie sur les revenus des foyers, bien plus importants, en période normale, qu'à l'ONP).

De fait ils réclament, et c'est bien normal, le rétablissement de leur paie d'avant Covid, et menacent d'une grève s'ils ne sont pas entendus. Lors de la retransmission cinéma de la nouvelle production de das Rheingold, les musiciens ont arboré un t-shirt jaune avec des revendications bien visibles.

A suivre. Pour le moment les représentations de Don Quichotte ne sont pas impactées (première en cours, avec Nunez et Muntagirov et, dans les rôles "secondaires", rien moins que Magri, Richardson, Sissens...)

[paco]

Petit compte-rendu de mon « spectacle de rentrée » au Royal Ballet, avec la reprise de Don Quichotte dans la production de Carlos Acosta, avec en ce qui me concerne la distribution Mayara Magri/ Marcelino Sambé.

Comme beaucoup de spectateurs j’étais impatient et excité de retrouver la compagnie après plusieurs mois d’absence, le mois de septembre au ROH ayant été entièrement consacré au lyrique et notamment à la nouvelle production du Ring de Wagner. Cette impatience et joie des retrouvailles, telle qu’elle transparait notamment des réseaux sociaux, s’est ressentie jusque dans la salle, avec un public particulièrement surchauffé, riant de bon cœur à une production si théâtrale, applaudissant à tout rompre au milieu des manèges et fouettés, ce qui a contribué aussi à une émulation collective très sensible sur le plateau, les danseurs se surpassant en engagement.

Je n’avais pas revu la production d’Acosta depuis longtemps et je l’avais un peu oubliée. En la redécouvrant je l’ai trouvée épatante, je n’avais pas souvenir qu’elle était aussi brillante ! Au lieu d’un enchaînement de numéros académiques Acosta a tissé une véritable histoire, développant davantage le prologue (avec, en corollaire, une partition musicale plus élaborée à cet endroit) et n’hésitant pas à ajouter de la pantomime en superposition des variations. Ainsi, tout ce qui est dansé s’inscrit avec lisibilité et fluidité dans un continuum théâtral, incluant çà et là quelques ponctuations de « palmas » en mode flamenco, sans que cela ne soit exagéré.

Il faudrait que je revoie le DVD de la création, mais je n’avais pas souvenir d’une telle théâtralité, quasi shakespearienne. Peut-être la production a-t-elle été retravaillée depuis. En tous cas, il faut assurément une compagnie comme le Royal Ballet pour assumer cette approche : au-delà de la perfection technique, tous les danseurs du corps de ballet sont également de remarquables comédiens, jouant avec naturel comme s’il s’agissait aussi de leur métier. Un aspect remarquable de cette production est que chaque individu du corps de ballet a un rôle à jouer. Même quand l’action principale se déroule au premier plan, en arrière-plan il se passe aussi quelque chose, une action, une histoire dans l’histoire. Ainsi, ce ballet s’éloigne totalement d’un enchaînement de variations académiques comme c’est souvent le cas, pour devenir une véritable « comédie dansée ».

L’autre point qui m’a transporté – et dont je n’avais pas souvenir- est l’explosion de vie, de lumière, de joie, de pétillement, qui caractérise la chorégraphie, et notamment le premier acte. De ce point de vue, il s’agit probablement de la production qui se rapproche le plus de celle du Bolchoi, avec ce véritable choc du premier acte, 50 minutes d’énergie continue, de peps, de joie de danser, de variations toutes plus spectaculaires et électrisantes les unes les autres.

Cette reprise a également bénéficié de la direction musicale formidable de Valery Ovsyanikov, vive, rythmée, taillée sur mesure pour une compagnie aussi virtuose (risquant même un accéléré irrésistible sur les fouettés de Kitri au dernier acte).

Parmi les distributions qui alternent, la Première a été assurée par Marianela Nunez et Vadim Muntagirov, qui ont obtenu un véritable triomphe à en juger par les échos dans les media et réseaux sociaux, jusqu’à provoquer une cohue de fans à la sortie des artistes.

Mercredi il s’agissait de Mayara Magri et Marcelino Sambé. Pour Magri l’enjeu est de taille, car c’est elle qui a été choisie pour la captation vidéo. D’emblée disons-le, Kevin O’Hare a vu juste en faisant ce choix, tant Kitri est l’ADN de Magri. Elle avait déjà abordé le rôle lors de la précédente reprise, et surtout se l’était réapproprié avec brio cet été lors de galas avec Matthew Ball, son partenaire à la ville et à la scène (et avec qui sera réalisée la vidéo).

Dotée d’une technique superlative et d’une personnalité décapante, elle s’identifie au personnage de façon évidente. Un volcan en éruption permanente, une explosion d’énergie, une Kitri tantôt mutine tantôt amoureuse, transformant les difficultés techniques du rôle en autant de moments où elle s’amuse littéralement.

La soirée avait pourtant mal débuté pour elle dans la variation d’entrée : dans l’enthousiasme du moment et voulant trop en faire dans l’explosion de vie, elle a pris trop vite un pas et, au lieu de danser, a réalisé un vol plané, retombant sur le sol tête la première dans un fracas bien sonore, après lequel nous étions nombreux dans la salle à penser que le rideau allait être baissé et que la soirée allait s’arrêter là. Mais que nenni : sitôt tombée sitôt relevée (même pas une seconde entre les deux...) et poursuivant la variation et la totalité de l’acte. En fait, dans la salle nous étions plus tendus qu’elle, et si en ce qui me concerne j’ai eu du mal à suivre pendant quelques minutes, finalement quand j’y repense elle n’a pas montré la moindre hésitation ni la moindre baisse d’énergie dans la suite de l’acte.

Les deux actes suivants furent un émerveillement sans relâche : d’abord une belle romance avec Basilio au début du 2e acte, nocturne dansé avec beaucoup de délicatesse, puis vint le véritable choc de la soirée, le tableau de Dulcinée : de ma vie je n’ai jamais vu des ballonnés aussi parfaits, aussi naturels, sans effort, d’une précision d’orfèvre, traçant une diagonale sans le moindre écart. Puis vint le PDD du dernier acte, avec des fouettés inimaginables, sourire radieux au visage, avec un accéléré étourdissant, tout en maintenant le même degré de précision.

Çà et là il reste à corriger certains travers : une énergie qui gagnerait parfois à être mieux maîtrisée, et de temps en temps des gestes trop abrupts, qui mériteraient plus de liant. Mais ce sont des broutilles au regard d’une prestation à l’issue de laquelle on est en droit d’affirmer que Mayara Magri est à l’orée de devenir une très grande Kitri, une Kitri de référence dans les prochaines années.

En Basilio, Marcelino Sambé fut incontestablement excellent. Lui aussi s’amuse des difficultés techniques, avec au premier acte des portés à une main d’une durée surréaliste (d’autant plus spectaculaires que Magri, dans ces cas-là, opte pour une position six o’clock d’une précision diabolique, créant ainsi visuellement une ligne continue, sans le moindre écart, depuis le pied de Sambé, sa jambe, son bras, jusqu’à la pointe du chausson de Magri). Malgré des cuissots ayant pris beaucoup d’ampleur (ce qui est le cas de la plupart des danseurs du RB), sa danse n’est jamais lourde bien au contraire. Tout est délicat, quasiment lyrique, exécuté avec beaucoup de souplesse. Quant à sa variation du 3e acte, elle s’inscrit parfaitement dans les figures que l’on a l’habitude de voir chez un Tsvirko, avec manèges, sauts et bonds à la fois naturels, sans efforts, tout en étant puissants et virtuoses.

Le comble est que, malgré un tandem aussi superlatif, eh bien Espada a failli « steal the show ». Comme d’habitude Joseph Sissens brûle les planches, assumant complètement un Espada machiste en diable, crevant l’écran, occupant le plateau sans appel par son charisme naturel, la puissance et la virtuosité de sa danse. Les autres rôles ont également brillé. Il serait injuste d’isoler tel ou tel soliste de l’ensemble de ces personnages qui ont chacun une histoire à raconter dans cette chorégraphie/ mosaïque finalement assez « chorale ».

Ma prochaine distribution sera Osipova-Clarke en novembre. D’ici là d’autres distributions valent le déplacement (Naghdi-Ball, Kaneko-Bracewell, Magri-Ball pour la captation vidéo, Nunez-Muntagirov...), mais je n’aurai pas la possibilité d’y assister.

[sophia]

Merci Paco!

[paco]

Petite photo du tandem le plus complice actuellement dans Don Quichotte au Royal Ballet. Drôle, pétillant de vie, virtuose, le duo Osipova-Clarke a apporté cette touche d'originalité à ce ballet, jouant à fond la théâtralité voulue par Carlos Acosta.

En faisant de Reece Clarke, en janvier 2020, le partenaire "attitré" de Natalia Osipova pour tous les classiques du Royal Ballet, Kevin O'Hare a réalisé un coup de génie, tant ces deux personnalités matchent bien et s'entendent au point de transcender les difficultés techniques pour composer un vrai duo de comédiens-danseurs.

Samedi, un grand Basilio est né (il s'agissait d'une prise de rôle), Reece Clarke allant bien au-delà du personnage un peu latin-lover de ce ballet. Aux caractéristiques du joueur, dragouilleur, il apporte une dimension virile très hispanisante que l'on trouve peu chez la plupart des Basilio, lui apportant une partie de l'ADN d'Espada.
Techniquement au sommet (prestance, sauts, virtuosité, solidité extrême du partenariat), il s'est même permis des improvisations de pas complexes, en harmonie avec ceux exécutés (et tout aussi improvisés) par Natalia Osipova.

Celle-ci pas dans sa meilleure forme -peut-être tout juste remise de sa blessure du mois dernier- mais cela reste néanmoins Osipova, c'est-à-dire une expérience unique, incomparable, électrisante, transcendante. Chaque soir elle est une Kitri différente, comme d'habitude elle vit son personnage jusqu'au bout de chaque ongle et chaque orteil.

C'était mon dernier DQ de cette saison. Prochain spectacle du RB en ce qui me concerne : Manon en février (Osipova-Clarke et Nunez-Bolle, + probablement une soirée Magri et une soirée Kaneko). Cette saison je zappe Casse-Noisette, un an sur deux suffit ...

Je profite de ce post pour signaler qu'Alina Cojocaru dansera au Sadler's Wells du 25 au 28 janvier, une création sur le scénario de La Strada de Fellini (musique de Nino Rota, chorégraphie de Natália Horečná). Puis à Bath début février avec Matthew Ball, un spectacle de Kim Brandstrup.


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[haydn]

Merci pour le compte-rendu et la photo, Paco!

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Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[paco]

Le Royal Ballet se produira en tournée au mois de juillet à New-York, au Jacob's Pillow Dance Festival. Il s'agit d'un festival plutôt orienté danse contemporaine ou petits formats (= ne pas attendre de Giselle ou Lac).

Sont prévus une oeuvre de Ashton, McGregor, Pam Tanowitz, Wheeldon.

Parmi les Principals programmés : Natalia Osipova (pour le Ashton), Marcelino Sambé, Sarah Lamb, Matthew Ball, Mayara Magri et Anna Rose O'Sullivan. Ils seront bien entendu entourés d'une partie du corps de ballet et de divers Soloists.

[Alexis29]

Paco,

Jacob's Pillow n'est pas à New York mais dans le Massachusetts (plutôt du côté de Boston).

[paco]

[paco]

Hier soir, à l'issue de la dernière représentation de Don Quichotte; Kevin O'Hare est monté sur scène pour célébrer les 10 ans de Natalia Osipova au Royal Ballet.
Comme à l'accoutumée, ce fut un discours plein de sensibilité, avec pour résultat que l'intéressée s'est transformée en fontaine de larmes, sous une pluie de lancers de fleurs et d'ovations.

J'aime beaucoup cette tradition du RB de célébrer les anniversaires et parcours de membres de la famille.

[Entrechat 4]

Quelle chance d’assister à cela. Bravo à cette artiste d’exception