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Soirée Roland Petit au Théâtre des Champs-Elysées
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paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
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MessagePosté le: Ven Sep 08, 2006 11:17 pm    Sujet du message: Soirée Roland Petit au Théâtre des Champs-Elysées Répondre en citant

je ne sais pas si d'autres "dansomaniaques" sont allés à cette soirée (et si nous en aurons quelques photos... Wink ).

Je serais curieux de voir si tout le monde partage l'enthousiasme du public. Personnellement j'ai trouvé la soirée très inégale (alors que l'an dernier j'avais adoré le Pink Floyd Ballet dansé par l'Asami Maki Ballet Tokyo).

La 1e partie pêchait à mon avis par une certaine fadeur (manque d'engagement, sans doute dû au trac des artistes) et des erreurs de choix.
Autant, lors des Galas des Etoiles du XXIe siècle, les extraîts choisis du Corsaire et des grands Tchaïkowski sont en général ce qui dans les oeuvres correspond aux "divertissements" (un pas de deux d'une scène festive par exemple), autant pour cette soirée Roland Petit n'a pas hésité à choisir des oeuvres aussi narratives que le finale de l'Arlésienne ou un des duos Don José - Carmen.
Or, c'est très difficile d'"entrer" dans le finale de l'Arlésienne quand on n'a pas eu les 30 minutes de tension dramatique qui précèdent. Ce qui fait que, là ou Le Riche ou Bélingard étaient hallucinés et fièvreux à Garnier il y a deux ans, au TCE Li Jun a été très gracieux, souple et propre, on se demandait bien pourquoi il se jetait par la fenêtre à la fin...
Même difficulté pour l'extraît de Carmen, malgré une belle interprétation.

Autre problème de choix, à mon avis, le pas de deux de Thais. Lucia Laccaria le danse au TCE quasiment tous les ans, touchant au plus profond de nos tripes et de notre subconscient, là où les jolis danseurs de ce soir (Wand Qimin et Li Jun) étaient sages et techniquement propres. Du coup cette chorégraphie, que d'ordinaire je trouve très forte, m'a paru complètement insipide et ennuyeuse.

De beaux moments en 2e partie. J'ai découvert les numéros de Luigi Bonino en Charlot, et j'ai trouvé la création sur une musique de Galliano très agréable et plutôt bien dansée (Tamiyo Kusakari et Lienz Chang).

Et nous avons eu trois excellentes prestations d'Altan Dugarai (Proust, Pink Floyd et Duke Ellington), un jeune danseur mongol que je trouve personnellement très impressionnant et charismatique (il me semble qu'il était déjà présent l'an dernier dans la soirée de l'Asami Maki Ballet).

Mais tout ceci n'est qu'une émotion personnelle, je précise que la soirée a eu un très beau succès et de nombreux rappels, il y aura surement d'autres compte-rendus plus enthousiastes que le mien.


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haydn
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MessagePosté le: Ven Sep 08, 2006 11:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Si compte-rendu enthousiaste il y a, ce ne sera pas le mien non plus, Paco. Et je serai sans doute encore bien plus sévère que vous, car j'ai trouvé cette soirée d'une affligeante médiocrité, tant sur le plan artistique que technique. Et le plublic, qui a effectivement beaucoup applaudi, était d'une consternante complaisance...


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paco



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MessagePosté le: Ven Sep 08, 2006 11:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ah bien ça me rassure... moi aussi je trouvais que techniquement ce n'était pas très au point (notamment des équilibres bien tremblant... Rolling Eyes ), mais comme je ne suis néophyte je n'osais pas trop en parler...


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haydn
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MessagePosté le: Ven Sep 08, 2006 11:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je développerai plus demain, Paco, car le spectacle mérite plus qu'un assassinat en deux lignes ; je ne pense pas que fondamentalement, les artistes présents soient mauvais, mais ils se produisent dans ce genre de gala entre deux avions, sans avoir le temps de répéter sérieusement, de s'adapter à la salle et à leur partenaire, de prendre leurs marques, et le résultat est malheureusement le reflet de ces mauvaises conditions de travail.

Sans vouloir faire dans le chauvinisme étriqué, lorsqu'on compare ce que Benjamin Pech ou Jérémie Bélingard nous ont donné à voir dans l'Arlésienne à l'Opéra de Paris, et ce qu'on nous a servi au théâtre des Champs-Elysées... ce n'était plus Alphonse Daudet, mais la Comtesse de Ségur! Manque total d'engagement dramatique, danse sans ampleur, sans souffle aucun. On est censé être au bord du drame, Frédéri va se suicider, incapable de choisir entre Vivette et sa passion chimérique pour l'Arlésienne, et on se retrouve face à deux jeunes gens proprets dont on a l'impression qu'ils s'apprêtent à partager le thé et les petits gâteaux...


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paco



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MessagePosté le: Sam Sep 09, 2006 10:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

oui, c'est exactement ce que j'ai ressenti de cet extraît de l'Arlésienne : quelque chose de gentil, propret, mais l'impression que les interprètes n'ont pas du tout idée du cadre dramatique dans lequel cet extraît s'insère.
Je préfère moi aussi rester sur le souvenir de la prestation extraordinaire de Bélingard à Garnier...


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haydn
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MessagePosté le: Sam Sep 09, 2006 11:45 am    Sujet du message: Répondre en citant

Comme promis, la suite de mes impressions sur ce spectacle à mon sens très contestable (au passage, le programme, s'emmêlant un peu les pinceaux dans son Bizet, attribue le livret de l'Arlésienne à Prosper Mérimée), et aux visées avant tout commerciales et communicantes. Les télés japonaises et chinoises étaient venues en force capter les strass et paillettes du Théâtre des Champs-Elysées, qui semblaient d'ailleurs plus compter que la danse elle-même.


Je ne serais sans doute pas très objectif en ce qui concerne Pink Floyd, car la musique du célèbre groupe de rock m'indispose tant, que cela peut rejaillir sur le jugement que je porte sur la danse elle-même, que je trouve d'une grande banalité et franchement vulgaire. Pour un peu, on se crorirait dans un film de Jackie Chan, et ce qui pouvait passer pour une audace en 1972, n'est plus que d'un triste ordinaire aujourd'hui, le bourgeois que l'on cherchait à épater en ayant vu tellement d'autres depuis ces temps immémoriaux...

On ne s'appesentira pas non plus sur Thaïs; intreprété avec une absence totale de lyrisme et de poésie, même si le travail des bras de Mlle Wang Qimin était convenable. Le Rendez-vous qui suivait était glacial, à des années-lumières du Saint-Germain-des-Près de Prévert.

Dans cette laborieuse première partie, la performance la plus réussie fut celle de Luigi Bonino, dans une très drôle parodie de Coppélia. Le même Luigi Bonino n'a malheureusement pas retrouvé sa verve comique après l'entracte, et les gags de Charlot danse avec nous sont tombés à plat.

Ni Dieu ni Diable, sur une musique de Richard Galliano - je rejoins là l'avis de Paco - était dansé de manière satisfaisante. Je ne peux m'exprimer sur Proust ou les intermittences du coeur, mon attention ayant été à ce moment détournée par un incident étranger au ballet lui-même, me privant de la concentration nécessaire pour me forger une opinion argumentée.


Carmen est, comme l'Arlésienne, tombée à plat, faute d'un investissement dramatique suffisant de la part de Wang Qimin et Li Jun ; là aussi, le contraste est cruel avec le souvenir laissé par Lucia Laccara, Marie-Agnès Gillot, Clairemarie Osta, José Martinez et autres Nicolas Le Riche...

Et si l'esprit latin avait quitté la Cigarière et son soupirant, il en fut malheureusement de même pour le swing américain que l'on a en vain espéré dans les extraits de Duke Ellington Ballet et Cheek to Cheek, bien poussifs, qui concluaient ce spectacle. Mais le public ne s'est manifestement pas formalisé de ces approximation, et a ovationné les interprètes ainsi que Rolant Petit, venu saluer à l'issue de la représentation.


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F. de l'O.



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MessagePosté le: Sam Sep 09, 2006 10:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
(...) car le spectacle mérite plus qu'un assassinat en deux lignes.

La formule (où j'avais d'abord pris le « plus » pour un « mieux ») était donc un appel a minima ! La peine était trop courte ! Il fallait un assassinat en vingt lignes...
Cet humour sarcastique (qui, tendant au noir à ce point, était jusqu'alors inconnu ici) serait une nouveauté de la rentrée ?...

Autre nouveauté : l'épanouissement du style constaté chez Sophia, en particulier dans son merveilleux compte-rendu des représentations londoniennes du Bolchoï. Compte-rendu long mais totalement exempt des marques de doute et de timidité qui, dans le passé, accompagnaient parfois chez elle la longueur... Texte où l'on observe au contraire qu'elle ose enfin s'abandonner au lyrisme quand il le faut -avec exactement la même conscience désormais assurée de sa puissance de séduction (et le même effet de sensualité) que celle dont témoigne ce regard sans cillement allant avec le mouvement de tête par lequel les femmes, à de certains moments, répandent la chevelure dénouée sur les épaules nues...


PS : Regrettable « strass et paillettes »...
(Parmi toutes les stupéfactions que j'attends de la fin des temps : ce jour où l'on verra enfin le strass sans les paillettes -absolument aucun espoir avant...) Wink




Dernière édition par F. de l'O. le Lun Sep 18, 2006 1:02 am; édité 1 fois
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holiday



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Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Sep 11, 2006 3:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Avec un peu de retard, je vais mettre moi aussi mon grain de sel, mais sans pour autant relever le niveau. Paco, Haydn, je suis tout à fait d'accord avec vous. J'ai été absolument consternée par le vide intersidéral de cette soirée. Zéro poésie et zéro engagement des danseurs.
Des ballets présentés, je ne connaissais que l'Arlésienne et Carmen, et j'ai été très déçue de les revoir, tant l'impression que m'en avait laissée l'Opéra de Paris était encore prégnante. Présenter l'Arlésienne dans une version totalement morcelée (un peu au début, un peu au milieu, un peu à la fin) transforme ce bijou en une soupe immonde.
Pour le reste, je n'ai pas mieux à dire, d'autant plus que je n'avais pas de programme. Je trouve d'ailleurs scandaleux qu'il faille payer pour avoir une liste des pièces et des interprêtes. Rien qu'un petit bout de papier pour avoir ces informations sommaires aurait été bien pratique pour suivre ce qui se passait sous nos yeux. C'eût été un minimum.
Espérons que le reste de la saison soit meilleur...


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sophia



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Messages: 22166

MessagePosté le: Lun Sep 11, 2006 8:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime bien l'expression de "vide intersidéral" employée par Holiday pour qualifier cette soirée... Elle décrit assez justement cette sensation de pesanteur dans laquelle on s'enfonce en assistant à un spectacle dont on ne voit pas la fin.

Concrétement, on ne cesse de regarder sa montre en attendant la délivrance, on s'évente avec le faux programme à 5€ (en réalité une feuille de distribution améliorée) car on n'a pas jugé bon de faire fonctionner les climatiseurs, et l'on se console en se disant que l'on est de toutes façons atteint irrémédiablement de bolchoïte aiguë et que désormais tout, absolument tout nous paraîtra fade! Wink

Cela dit, -car il y a toujours un "cela dit" quelque part et il faut bien songer aussi à soigner son cynisme!-, je n'accablerais pas uniquement les danseurs...
Certes, on peut leur reprocher beaucoup de choses: une technique défaillante ici ou là, une propreté dans l'exécution des pas parfois aléatoire, un style totalement inadéquat (le "Duke Ellington Ballet" exécuté sans le moindre début de commencement de "swing" a quand même été un sommet, qui m'a personnellement plus gênée que L'Arlésienne, certes un peu mièvre, mais dont les interprètes, Wang Qimin et Li Jun, n'ont pas non plus à rougir face à la "concurrence internationale"), mais je ne sais pas s'il est vraiment judicieux de les comparer avec des danseurs aguerris à Roland Petit depuis des décennies comme ceux de l'Opéra de Paris...
Bref, on ne peut pas éluder complétement la question culturelle (tellement prégnante dans des oeuvres comme Carmen, L'Arlésienne ou les pièces sur les musiques de Duke Ellington), et je serais curieuse de voir ces danseurs, je pense notamment à ceux du Ballet de Chine, dans un répertoire qui leur est plus approprié... Ce n'est aucunement de la condescendance de ma part, puisque la contrepartie est également vraie: on pourrait ainsi en dire de même des Français, des Russes ou des Américains dans leur répertoire historique et "naturel" ou au contraire dans un répertoire d'emprunt, etc... Tout le monde a compris, je pense, même si le sujet est bien plus complexe que mes deux pauvres phrases d'explication ...

Ce que j'ai réalisé lors de cette soirée, et le fait que les danseurs n'étaient pas des plus enthousiasmants y a probablement contribué (on s'attache moins à la force interprétative qu'au langage chorégraphique lui-même), c'est surtout la pauvreté et la médiocrité chorégraphiques de l'ensemble. Je passe sur l'extrait de L'Arlésienne absurdement coupé de son contexte et sur le pas de deux de Carmen tellement peu inspiré (contentons-nous de parler ici de l'interprétation), mais le reste, le reste, d'un Pink Floyd tellement daté qu'on croit à une parodie seventies (mais ce n'est en rien le cas!!!) à un Charlot banal et pas drôle (des tartes à la crème pareilles, on en a vu mille et cent fois, et de bien plus réussies...) en passant par Marcel Proust (que diable venait-il faire dans cette galère?), sans même parler de l'insoutenable (enfin, cela n'engage que moi...) Méditation de Thaïs, -à vous donner envie de devenir adepte de l'avant-garde la plus radicale (euh, là, j'exagère...)- et de tout ce dont je ne me souviens pas, eh bien, on se demande, et sérieusement, ce qu'il reste de la danse ou plutôt de l'art chorégraphique.

Que reste-t-il, comme le dit la chanson, que reste-il de nos amours? eh bien, franchement, -et on en restera à l'euphémisme-, pas grand-chose...
Triste gala: décidément la nostalgie n'est plus ce qu'elle était... Confused Confused Confused


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Lacdescygnes



Inscrit le: 10 Mar 2006
Messages: 118

MessagePosté le: Lun Sep 11, 2006 9:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
sans même parler de l'insoutenable (enfin, cela n'engage que moi...) Méditation de Thaïs, -à vous donner envie de devenir adepte de l'avant-garde la plus radicale (euh, là, j'exagère...)-

En effet, c'est un tantinet exagéré de mon point de vue...
Citation:
on se demande, ce qu'il reste de la danse ou plutôt de l'art chorégraphique.

Citation:
Ce que j'ai réalisé lors de cette soirée, et le fait que les danseurs n'étaient pas des plus enthousiasmants y a probablement contribué (on s'attache moins à la force interprétative qu'au langage chorégraphique lui-même), c'est surtout la pauvreté chorégraphique de l'ensemble.

En laissant de côté la prestation des danseurs, je me demandais si votre sévère jugement était dû au néfaste effet du morcellement des oeuvres, de ce fait peu mises en valeur, ou s'il exprimait une évaluation définitive du talent de Roland Petit...




Dernière édition par Lacdescygnes le Mar Sep 12, 2006 12:02 am; édité 1 fois
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haydn
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MessagePosté le: Lun Sep 11, 2006 9:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En ce qui me concerne, je trouve aussi Sophia un peu sévère au sujet des chorégraphies. Pink Floyd a manifestement mal vieilli, mais Carmen, L'Arlésienne, Les Intermittences du coeur sont des oeuvres de qualité, qui ont simplement souffert d'une interprétation inadéquate. Les danseurs concernés sont certainement d'excellents artistes, qui dans d'autres conditions, doivent être capable de performances du meilleur niveau. Mais ces galas, dont, encore une fois, l'objectif est surtout commercial, ne sont pas forcément le meilleur moyen d'apprécier le talent des exécutants.


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paco



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MessagePosté le: Lun Sep 11, 2006 11:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

j'avais adoré ces chorégraphies à Garnier (Carmen, Arlésienne), ainsi que Thais par Laccara au TCE. J'en conclus donc, ce qui arrive souvent en musique ou au théâtre, qu'une interprétation médiocre ou sans engagement (ce qui était le cas vendredi) suffit à dévaluer complètement une oeuvre, ici une chorégraphie


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holiday



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MessagePosté le: Mer Sep 13, 2006 1:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois qu'effectivement, le talent de Roland Petit n'est pas à remettre en question. C'est un chorégraphe de talent, il n'y a qu'à voir l'Arlésienne dans son intégralité Wink .
Ce qui était choquant, c'était de voir à quel point, comme Sophia l'a dit, certaines chorégraphies paraissent démodées. Mais tout le monde ne peut pas pondre un chef d'oeuvre à chaque fois !
Cette soirée était aussi difficle à supporter par son hétérogénéité. Passer des Pink Floyd à Bizet puis à Duke Ellington sans transition n'est pas franchement aisé, d'autant plus que les chorégraphies étaient elles-aussi très hétéroclites. Tout cela donnait l'impression d'un grand collage sans réel fil conducteur. Un grand mille-feuilles insipide et indigeste.
Mais encore une fois et quite à le marteler, Roland Petit n'y est pour rien.


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Lacdescygnes



Inscrit le: 10 Mar 2006
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MessagePosté le: Mer Sep 13, 2006 5:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Je crois qu'effectivement, le talent de Roland Petit n'est pas à remettre en question.

En ce qui me concerne, je n'en ai jamais douté.
Mais Sophia ne semblait pas parler que d'extraits mal choisis et mal agencés, ou encore de chorégrahies démodées. Elle a évoqué le "langage chorégraphique lui-même". Je pense qu'on peut se demander si elle estime comme vous Holiday, que "Roland Petit n'y est pour rien".


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22166

MessagePosté le: Mer Sep 13, 2006 7:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chère Lacdescygnes,

Votre remarque au sujet de la sévérité dont j'ai fait preuve et que je n'aurais évidemment pas la mauvaise foi de nier renvoie à des questions intellectuelles et esthétiques fondamentales sur lesquelles je ne cesse de m'interroger moi-même et qui dépassent largement la personne de Roland Petit, chorégraphe de la seconde moitié du XXème siècle.

Je crois à la légitimité de l'exercice intellectuel de la critique, que je situe dans son essence même bien loin du règne de l'opinion. La danse classique n'est pas pour moi un art populaire, ce qui veut dire qu'elle exige un apprentissage qui peut être celui de toute une vie si l'on veut vraiment en appréhender la profondeur (et cela vaut, bien que cela se situe à des niveaux complètement différents, autant pour le public que pour les artistes eux-mêmes). Il y a une vérité dans la danse qui est à chercher au-delà des chaussons roses, au-delà du divertissement pour petites filles sages et grand-mères nostalgiques, mais aussi au-delà de la technique et des (souvent pseudo-) questions de style. Et c'est bien cela que j'essaye de comprendre. Maintenant, si je n’ai pas répondu plus rapidement à votre post, ce n’est ni parce que je ne l’avais pas vu, ni parce que je n’avais pas jugé digne d’y donner suite, c’est simplement parce qu’il me paraît renvoyer à des questions complexes auxquelles je ne suis pas certaine, en l’état actuel de ma culture, de mon expérience et de ma réflexion, de pouvoir apporter les réponses que je voudrais, c’est-à-dire des réponses claires, exhaustives et peut-être même à certains égards "incontestables". Mais je suis encore loin de cela... (on appelle cela "work in progress" en anglais!!)

Pour en revenir au sujet du débat, qui suis-je en effet pour me livrer à ce que vous appelez "une évaluation définitive du talent de Roland Petit"? La réponse est, vous l'aurez deviné, contenue dans la question... Nul n'est parfait, mais je ne voudrais pas que le "définitif" soit mon fait. Je ne demande, comme dirait l'autre, qu'à être "étonnée". Quant à évaluer objectivement le talent d’un artiste, créateur ou interprète, si quelqu’un a le droit de se livrer à un tel exercice, je ne vois que l’Histoire, cette maîtresse de justice et de vérité, à être seule en mesure de nous apporter une réponse pour le coup définitive et incontestable. Je pense que si le Gardien de la Vie et le la Mort, quel qu'Il soit, voulait bien nous prêter encore une existence dans cent ans, il y a fort à parier que nous serions bien surpris du résultat. Ne rêvons pas trop toutefois, je doute fort que le ballet classique, ou ce que nous appelons de ce nom, soit encore à l’ordre du jour… Mais ne nous égarons pas…

Il y a, lorsqu'on y réfléchit, une certaine vanité, pour ne pas dire une vanité certaine, -quand ce n'est pas de l'outrecuidance-, dans le fait d'"assassiner" en deux lignes un chorégraphe qui crée des oeuvres depuis 50 ans dansées souvent par les plus grands artistes. On pourrait dire la même chose à propos des danseurs... Qui sommes-nous et à quel titre parlons-nous lorsque nous distribuons des bons et des mauvais points à tel ou tel? Le ballettomane commet trop souvent le péché de croire que parce qu'il assiste un nombre totalement irraisonné de spectacles (en réalité ce sont ceux d’une seule compagnie la plupart du temps, une compagnie qui est pour lui le mètre-étalon à l’aune duquel tout est jugé…), il est un « connaisseur », alors que…, eh bien alors que NON !!! Donc, moi, en tant que « ballettomane honteuse » (on n'est pas sérieux quand on a 18 ans, mais quand on en a le double ou le triple..., on n'est pas loin de la psychopathologie... Mr. Green), je vous dirai simplement que j’ai des goûts et des dégoûts affirmés que je ne cherche pas à cacher et que tout le monde est à même de deviner dans ce que j’écris, quelques certitudes, mais certainement pas la science infuse… Il y a notamment quelque chose que je sais (bon là, c’est vrai, je ne prends pas trop de risques…), c’est que tout ne se vaut pas, que tout n'est pas égal à tout, qu'il y a des petits, des moyens, des grands et une infime minorité de réels génies (créateurs ou interprètes) – et j’ajouterais d’ailleurs « heureusement » ! car si le sublime frappait à nos portes de loges chaque soir, nous serions tous morts ou atteints de folie depuis longtemps…

La forme du gala, -ce sont les règles du genre-, n'est pas le meilleur lieu pour goûter à l'art chorégraphique proprement dit, -le but en est autre-, et vous avez raison, les uns et les autres de le rappeler.. A cela s’ajoute le fait que les oeuvres de Roland Petit comportent une dimension dramatique et théâtrale non négligeable qui ne peut que très difficilement transparaître dans des oeuvres tronquées. C’est particulièrement vrai dans des ballets comme L’Arlésienne ou Carmen, bien que le spectacle de l’autre soir ait finalement présenté peu d’œuvres de ce type... Si en plus de cela, les interprètes vous plongent dans une torpeur de vieillard, il ne vous reste plus alors qu’à rêver d'un bon restaurant ou de tout autre lieu où vous comptez finir votre soirée… Donc, Lacdescygnes, très banalement, je dirais en effet que ma sévérité a à voir avec tout cela.

Pour autant, indépendamment de ce contexte peu porteur, est-ce que je pense que Roland Petit est sinon un grand génie, du moins un grand talent dans le domaine de la chorégraphie? Tel est, me semble-t-il, l'objet principal de votre question. Après toutes les précautions oratoires que j’ai pu prendre, je me garderai de vous répondre en deux lignes et d’expédier un oui ou un non définitif… Comme je l'ai dit, je n'ai ni la science infuse, ni une connaissance exhaustive de son oeuvre, ni le recul nécessaire pour me livrer à des jugements par trop définitifs. Il y en a qui s'y livrent de manière tellement ridicule ailleurs que je préfère prévenir que guérir... Mr. Green
Mon jugement, notre jugement est aussi influencé par ce que je cherche, par ce que nous cherchons dans un spectacle de danse: cela peut être d'abord des interprètes et ensuite de la belle danse, cela peut être encore l'inverse, ou bien autre chose comme une épaisseur théâtrale, une chorégraphie solide pour les solistes ou pour le corps de ballet, les deux à la fois, ou au contraire un simple divertissement qui se contente de flatter les yeux et les oreilles… Et comme je l’ai dit plus haut, il y a, que l'on parle des créateurs, des oeuvres ou des interprètes, des petits, des moyens, des grands…etc., et les choses ne sont pas non plus uniformes...

Ce que je respecte et admire chez Roland Petit, c’est essentiellement son talent pour découvrir et s’attacher de véritables artistes et interprètes (et pas seulement des danseurs, au sens de techniciens) : je pense, pour ceux que je connais et apprécie, à Nikolaï Tsiskaridze et Ilze Liepa pour qui il a chorégraphié La Dame de Pique, Altinay Asylmuratova, Nicolas Le Riche pour qui il a créé Clavigo avec Clairemarie Osta, Zizi Jeanmaire évidemment, une Carmen toujours incomparable (avec celle de Marie-Agnès Gillot)... Roland Petit aime bien se faire applaudir à la fin des spectacles, et poutant quel chorégraphe actuel est autant au service et aime autant les danseurs, ses danseurs, que lui?
Ce sont aussi quelques ballets que j’apprécie, au premier chef Le Jeune Homme et la Mort (si je ne devais en garder qu’un, je n'hésiterais pas une seule seconde, ce serait celui-là…), Carmen, et dans une moindre mesure, Clavigo ou Notre-Dame de Paris.
Si les ballets que je retiens sont avant tout des ballets qui permettent de mettre en valeur de grands interprètes, des ballets qui sont aussi des oeuvres théâtrales -et c'est en cela que réside pour moi leur principal pouvoir d'attraction-, en revanche, bien souvent, en-dehors de quelques soli et pas de deux fameux, puissants ou impressionnants, je trouve que la chorégraphie proprement dite en est un peu "légère" (quand ce n'est pas "facile" ou "complaisante"), et plus encore en ce qui concerne les parties dévolues au corps de ballet, où, du Diable amoureux en passant par la gentillette Arlésienne jusqu'à Clavigo ou La Dame de Pique, j'ai un peu l'impression de revoir encore et toujours les mêmes ensembles et tics chorégraphiques... De ce point de vue, je ne sais pas si les chorégraphies de Roland Petit sont en soi "immortelles", mais ce dont je suis persuadée, c'est qu'elles peuvent se hausser au niveau de certains chefs d'oeuvre lorsqu'elles trouvent des interprètes qui parviennent à les transfigurer et à en transcender la relative banalité chorégraphique. A l'image de Marie-Agnès Gillot dans le rôle de Carmen ou dans celui de la Mort ou encore de Mr Stéphane Phavorin, qui, un jour de décembre 2005, fut digne d'être couronné meilleur danseur du monde au moins durant les trois minutes où il a été (que dire d'autre?) le Fantôme de l'Opéra (et pleurez sur vous-mêmes, tous ceux qui n'ont pas voulu VOIR)...


Voili-voilou pour ce long bla-bla... Embarassed Wink

P.S.: désolée, mais Thaïs, musique et danse, danse et musique, je ne peux vraiment, mais vraiment pas!!! (c'est ce que je pourrais ranger par exemple dans la catégorie "complaisant"...)


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