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L'American Ballet au Châtelet, février 2007
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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 12:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Revenons comme promis sur la représentation de samedi soir.


Et faisons tout d’abord un (mauvais) sort à l’orchestre, qui comme le soulignait Paco, était d’une médiocrité inadmissible. Il est clair que, par mesure d’économie, le choix s’était porté sur une formation de troisième ordre – l’orchestre Pasdeloup, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut il y a cinquante ans – qui a saccagé aussi bien l’Invitation à la valse de Weber que le Lac des cygnes de Tchaïkovsky. Il est permis de penser que le nombre des répétitions avait été réduit au minimum, c’est à dire au mieux, un raccord, et ce sont malheureusement les danseurs qui en ont fait les frais (dans le «Pas de deux du Cygne noir», l’orchestre s’est quasiment arrêté de jouer, empêtré dans un décalage irrattrapable des cordes). En 2004, les artistes du Bolchoï avaient pour leur part dû subir l’orchestre Colonne (un peu plus digne quand même) au Palais Garnier, et seul le Mariinsky, l’an passé, dans ce même Théâtre du Châtelet, avait eu la bonne idée d’amener avec lui ses propres musiciens, infiniment supérieurs à toutes les phalanges instrumentales disponibles sur la place de Paris.

Mais revenons à la danse.

Pour ouvrir le spectacle, Drink to Me Only with Thine Eyes, ballet de Mark Morris sur des études de Virgil Thomson, au demeurant fort bien exécutées par Barbara Bilach. 1988, l’Amérique des années Reagan, avec pour mot d’ordre «Back to Basics». Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette chorégraphie gentillette, bien construite, mais parfaitement insipide à force de ne vouloir heurter personne et d’aplanir les plus infimes aspérités d’un langage chorégraphique policé à outrance. Apologie des valeurs traditionnelles, retour à l’esprit de la danse «naturelle» imprégnée d’esprit anacréontique, si prisée aux USA dans les années 1920, à la suite des expériences menées par Isadora Duncan, tel est l’univers dans lequel baigne ce Drink to Me Only with Thine Eyes, qui fait ici ou là penser à Dances at a gathering, mais sans le génie inventif de Jerome Robbins. L’interprétation donnée par les danseurs de l’ABT était elle-même extrêmement lisse, y compris dans «Ragtime Bass», seule partie de l’œuvre qui aurait pu faire place à un jeu un peu plus pimenté. Dommage.

Esthétique diamétralement opposée pour La Table verte (The Green Table), qui elle concluait la soirée par une chorégraphie militante, âpre, dérangeante.

L’ouvrage, conçu par Kurt Jooss en 1932, ne peut néanmoins se comprendre hors de son contexte historique, tant les références à la vie politique et artistique du début des années 1930 sont nombreuses et appuyées. En 1931, les troupes japonaises entraient en Mandchourie, en commettant les exactions que l’on sait, faisant fi des résolutions d’une SDN (Société des Nations, ancêtre de l’ONU), incapable de faire montre de la moindre autorité tant elle était paralysée par d’interminables et stériles débats internes. C’est l’impuissance des politiciens à prévenir, après la boucherie de 1914-1918, de nouveaux conflits sanglants que Kurt Jooss cherchait à stigmatiser par cette Table verte, qui évoque délibérément un casino, où un quarteron de négociateurs véreux joue l’avenir de l'humanité à la roulette. La seule triomphatrice est au bout du compte la Mort, magnifiquement incarnée par Isaac Stappas, de très loin le meilleur élément de la distribution. La représentation de la Mort résulte elle aussi d’un choix politiquement très orienté, puisque son casque ailé est une référence directe à la Marseillaise ou Le Départ des volontaires de Rude, qui orne l’Arc de Triomphe, et aux innombrables allégories figurant sur les monuments érigés dans les villes et campagnes françaises pour célébrer la victoire de 1918. Lors de la création de La Table verte, en 1932, le monde prenait conscience du fait que cette victoire, acquise au prix de vingt millions de tués, n’empêcherait de toute évidence pas un nouveau conflit généralisé ; l’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne n’était plus qu’une question de semaines.

Sur le plan esthétique, ce sont évidemment les principes de l’expressionnisme germanique qui marquent l’ouvrage de Kurt Jooss, qui accumule les clins d’œil à Kurt Weil, au cabaret berlinois mais aussi au «réalisme socialiste» qui s’impose dans l’URSS de Staline à partir de 1929. Les rôles du Porte-drapeau et du Profiteur sont à cet égard parfaitement explicites.

Sans être d’une inspiration exceptionnelle, la musique, commandée par Jooss à Fritz Cohen est néanmoins très efficace, et la marche funèbre faite d’enchaînements de quintes à vide qui revient telle un leitmotiv à chaque apparition de la Mort est d’un redoutable impact.

La distribution, était, ainsi que nous l’avons souligné, très largement dominée par Isaac Stappas, qui seul se situait vraiment dans la ligne expressionniste de l’ouvrage, exagérant délibérément – et avec raison – la caractérisation de son personnage, tandis que les autres interprètes – notamment les trois soldats - peut-être par crainte du «mauvais goût», se situaient un peu en retrait. La même prudence a, semble-t-il, prévalu en ce qui concerne les maquillages, à l'origine vraisemblablement bien plus outrés – du moins si l’on en juge par les photos de la création – que ceux adoptés par l’ABT.

Dans ce ballet, qui est à regarder comme on lirait un livre d’histoire, on retiendra également l’excellente prestation de Blaine Hoven, dans le rôle du Porte-drapeau, ainsi que la performance des deux pianistes, David LaMarche et Daniel Waite, qui nous ont fort heureusement soulagé les oreilles des flonflons discordants de l’orchestre Pasdeloup.

Le programme était complété par Le Spectre de la rose, dans l’interprétation superbe de Herman Cornejo, danseur de petit gabarit, comme l’était Nijinsky lui-même, à la saltation d’une grande légèreté, très propre, fin et s’abstenant de tout effet superflu et vulgaire. D’apparence très classique, Le Spectre de la rose bouleverse néanmoins les conventions héritées du ballet romantique, puisqu'ici, une fois n’est pas coutume, c’est la partenaire féminine – en l’occurrence Xiomara Reyes – qui sert de faire-valoir au danseur masculin et doit se contenter d’un rôle subalterne sur le plan de la chorégraphie.

Enfin, si Gillian Murphy a été éblouissante du point de vue de la technique dans le Pas de deux du Cygne noir, on déplore qu’une fois de plus cet extrait du Lac des cygnes, sorti de son contexte, serve de prétexte à des démonstrations circassiennes qui n’ont vraisemblablement qu’un lointain rapport avec la chorégraphie de Marius Petipa. Pourquoi ne pas avoir plutôt choisi ici un Balanchine, où un étalage de virtuosité brillante et pétillante eût été parfaitement légitime? Aux côtés de Mlle Murphy, Angel Corella a été un partenaire solide, mais faisant preuve de plus de circonspection dans l’étalage de sa technique, avec notamment des cabrioles jamais véritablement battues.




Pour ceux qui s'intéresseraient particulièrement à la Table verte, il convient de signaler l'ouvrage d'Ann Hutchinson Guest et d'Anna Markard :






Kurt Jooss dans le rôle de la Mort. Source : http://www.peopleplayuk.org.uk



La Marseillaise de Rude. Source : http://www.assemblee-nationale.fr




Dernière édition par haydn le Dim Fév 11, 2007 2:06 pm; édité 5 fois
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sophia



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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 12:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviens sur la matinée d'hier (dans un théâtre à moitié vide!) qui voyait tout d'abord le retour des Ombres de La Bayadère, dans une autre distribution, composée d'Irina Dvorovenko et Maxim Beloserkovsky, une distribution enfin digne d'une compagnie, - qui, elle aussi, doit se prétendre, de là où elle est, "meilleure compagnie du monde" (les ridicules des uns n'ont d'égal que ceux des autres... Laughing ) -, comme l'ABT.

On ne s'étendra pas sur la prestation du corps de ballet, assez comparable à ce que l'on a pu voir mardi dernier... Les équilibres sont parfois instables, mais l'on passerait aisément sur ces approximations si la sécheresse des bras des ballerines, leur total absence de lyrisme ne venaient ôter tout son sens à cette descente légendaire, à ce tableau emblématique du ballet classique, rêverie grandiose et improbable d'un Marseillais exilé sous le soleil du Nord de l'Europe.

Nous avons néanmoins eu droit, pour nous réconforter, à des solistes de grande classe, à propos desquels aucune réserve ne saurait être raisonnablement émise. Irina Dvorovenko n'est probablement pas la Nikiya du siècle, mais voilà, tout comme son partenaire Maxim Beloserkovsky, ils ont été formés, on le voit sans peine, pour servir et interpréter ce répertoire-ci, et c'est bien là toute la différence, une différence abyssale, on est désolée de le dire de cette manière quelque peu brutale. Leur prestation ne relève pas plus du show démonstratif que de la vision impressionniste et vaguement inspirée d'un ballet de Marius Petipa intitulé par hasard La Bayadère - Acte des Ombres, elle rend simplement compte de ce qu'est fondamentalement ce même ballet, et franchement, on n'en demande pas plus. Ajoutons que notre Nikiya, - certes un peu monoexpressive, mais elle est tellement belle -, possède une technique absolument impeccable, ne souffrant pour le coup pas la moindre approximation, et que son partenaire, d'un brio égal, loin d'incarner un prince bellâtre un peu lisse, sait ajouter ce qu'il faut de rugosité orientale à son interprétation de Solor.

En ce qui concerne les trois Ombres, Misty Copeland se révèle bien meilleure, techniquement parlant, que mardi soir; pour ce qui est du style, le côté piquant et énergique qu'elle adopte dans ce rôle me semble en revanche vraiment inadéquat... Rolling Eyes La deuxième Ombre, Carmen Corella, et plus encore la troisième, Melissa Thomas, furent en revanche malheureusement dépassées par les difficultés techniques.

Dans Drink To Me Only With Thine Eyes, une oeuvre de Mark Morris que je découvrais, les danseurs de l'ABT se montrent à l'évidence plus à l'aise, et surtout beaucoup moins empruntés que dans le répertoire de Petipa (on a parlé ici de la version Makarova, qui est celle dansée à l'ABT, mais honnêtement, Noureev ou Makarova, est-ce vraiment là le problème?). Au début, on se demande où l'on va et on a un peu peur devant ces improvisations sur des pas académiques du style "en pyjama et au saut du lit" Laughing , mais finalement la chorégraphie se révèle plutôt plaisante. Certes on reste dans le joli, le décoratif, mais les danseurs semblent heureux d'être là, l'oeuvre possède des vertus pour vous vider le cerveau, et franchement qui aura l'audace de faire la fine bouche devant cette succession de tableaux légers, alternant duos, trios ou ensembles, après avoir vu quelques créations de l'Opéra de Paris du type Millepied dernièrement, dont le vide intersidéral les caractérisant n'a d'égal que la prétention faussement intellectuelle?

La matinée s'achevait sur l'excellent Fancy Free, enlevé par l'impeccable distribution de la première, formée de Ethan Stiefel, José-Manuel Carreno, Herman Cornejo pour les garçons et Stella Abrera et Gillian Murphy pour les filles. Chacun y apporte ses qualités propres et sa personnalité, campe un personnage aux contours bien définis et l'alchimie fonctionne à merveille. Un grand chorégraphe (Jerome Robbins) idéalement servi ici.

Si la matinée nous a un peu réconciliée avec l'ABT (attention, comme dirait Paco, ce n'est pas le délire non plus...), la soirée aura achevé cette tentative de rapprochement diplomatique.

Je ne reviendrai pas sur Drink To Me Only With Thine Eyes évoqué précédemment, sinon pour dire que la distribution en était sensiblement différente. Comme je ne connais que très peu de danseurs de l'ABT, je ne me risquerai pas à faire des commentaires précis sur tel ou tel, j'ai simplement noté qu'Angel Corella ne dansait pas le soir et que la prestation de celui qui le remplaçait n'avait rien à voir: en matinée par exemple, Angel cabotinait dans une scène qui présente une espèce de parodie d'espagnolade (en tout cas c'est dans ce sens qu'il la tirait) qui a d'ailleurs suscité les rires du public, alors que le soir, l'interprétation n'était investie d'aucune signification particulière (et d'ailleurs il n'y a eu aucune réaction du public! Mr. Green). Bref, indépendamment de cet épisode, j'ai trouvé le ballet plutôt mieux dansé l'après-midi...

Et puis Herman Cornejo vint...

Malheureusement programmé une seule fois à l'occasion de cette tournée, Le Spectre de la Rose, ballet mythique de Fokine créé par Vaslav Nijinsky et Tamara Karsavina dans ces même lieux en 1911, était pour moi, et pour beaucoup je pense, l'attraction principale de cette soirée, et incidemment de cette tournée. 9' pour convaincre, 9' pour nous emporter dans une autre dimension, que nous n'avions, avouons-le, pas éprouvée jusque-là, la dimension artistique tout simplement, seul véhicule des émotions profondes et véritables, ce seul ballet dansé par le fabuleux Cornejo suffira au final à justifier la venue de l'ABT...

Une chorégraphie qui ne tient à rien et faite de pas grand-chose, une valse archi-éculée, tout peut sombrer ici très vite dans une miévrerie ou une vulgarité insupportables. Cornejo échappe magistralement à ces travers en incarnant un spectre faunesque, à la sauvagerie disciplinée par la mélancolie dont sont tissés tous les rêves. On aura évidemment apprécié sa danse évidente, en parfaite adéquation avec le style de l'oeuvre, ses merveilleux sauts et plus encore ses réceptions d'une légéreté exemplaire... Il pourrait danser les yeux bandés... 9' échappées à l'usure du temps... Herman Cornejo ne doit guère dépasser les 1,70m et pourtant il est le plus grand danseur de l'ABT...

A ce moment exceptionnel succédait le classique parmi les classique de tous les galas, toujours un peu artificiel sorti de son contexte, le Pas de deux du Cygne Noir. On pourra faire tous les reproches que l'on voudra à cette interprétation, clinquante, "show-off", d'un style hollywoodien hors de propos... etc; j'ajouterai que ce n'est pas non plus forcément là le style qui me touche en plein coeur (que vous êtes loin de Paris, Ulyana!), mais je ne pense pas, néanmoins, que dans ce genre-là, on puisse faire quelque chose de plus parfait que ce qu'a fait Gillian Murphy hier soir. Enfin, personnellement je n'ai jamais vu. Une technique pareille allié à un tel sens de la scène. Oui, s'il y a une légitimité à parler d'un style américain de danse (je parle de danse classique évidemment, pour le reste, chacun sait ce qu'il en est), alors c'est comme ça que l'on veut voir les danseurs américains. Ce qu'ils ne nous ont pas montré dans La Bayadère, - revenons-y encore une dernière fois - , celle-ci ne relevant pas d'un style différent, plus athlétique, auquel on n'est pas habitué, etc..., mais étant simplement mal dansée. Donc Gillian Murphy, bravo, c'était extraordinaire, du grand spectacle qui, à sa manière, nous a ravie et emportée.

19' au compteur de l'ABT!

On en aurait presque adoré La Table Verte... Bon, là c'est vrai, j'exagère... Wink J'ai dit précédemment ce que j'en avais pensé, donc on ne va pas se répéter, pour éviter de lasser! Quoiqu'il en soit, je trouve l'oeuvre admirablement dansée et interprétée. Isaac Stappas dans le rôle de la Mort m'a semblé encore plus saisissant que David Hallberg dans le même rôle. Pour le reste, je salue notamment ce travail très difficile et subtil effectué par l'ensemble des interprétes qui consiste à gommer toute trace de pathos ou de sentiment dans leur jeu pour atteindre à une forme d'abstraction: on voit là l'influence que cette oeuvre a pu avoir chez une Pina Bausch.

Suite des commentaires sur l'ABT ce soir, après la matinée d'aujourd'hui, ultime représentation de la troupe à Paris, avant de s'envoler pour Londres...




Dernière édition par sophia le Dim Fév 11, 2007 10:34 pm; édité 1 fois
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Azulynn



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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 5:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour humilier (à juste titre !) la presse française et son silence en matière de danse, c'est un journal anglais, The Independent, qui publie une critique de la première parisienne de l'ABT. Jenny Gilbert exprime la même déception que les balletomanes parisiens, même en ce qui concerne Fancy Free.
L'article : American Ballet Theatre, Theatre du Chatelet, Paris

Citation:
To be fair, the hallucinatory opening of "The Kingdom of the Shades", with its file of ghostly girls descending from the Himalayas, was largely competent. It was when all 24 converged on the flat that the jetlag told. Ports de bras flailed, knees wobbled and the sum effect, far from suggesting a single form multiplied in a hall of mirrors, only drew your eye to cracks in the picture. And things hardly improved with the entrance of Paloma Herrera, a Nikiya whose dour expression and lacklustre turns made you think maybe nobody warned her about the andouillette on the lunch menu. (...)

The one redeeming feature in this performance is the blaze of energy that is Angel Corella. Perhaps as the only man in this flagging number he felt it incumbent on himself to add some pep, but the volcanic fury of his solos seem to come from another story. The performance is brilliant without a doubt - it's virtuoso style in the Baryshnikov mould, and the Formula One oomph is thrilling. But Corella's effect on rest of the cast is like a speeding car on pedestrians, flashing by without so much as making eye contact.

The company looks more integrated and at ease in Dark Elegies, created by Antony Tudor for Rambert, but restaged so soon after for American Ballet Theatre that they feel it's really theirs. Set to Mahler's Songs on the Death of Children, it's an unusually mordant subject for dance. Its costumes are drab, its style spare. Yet the skill and tenderness with which Tudor - and in turn these self-effacing dancers - shows a community coming to terms with grief, first with anger, then with resignation and gradual acceptance, makes it ultimately uplifting. (...)

[Dans Fancy Free :]Ethan Stiefel is marvellously loose-limbed as the goofy one. Jose Manuel Carreno is stupendously athletic as he bounces off tables and chairs. But for all its fun and virtuosity this is a tricky ballet to pull off at the end of a programme. The sexual politics have dated, and the evening ends not with a bang but a whimper. It is, as the French would say, "une soirée ratée". A bit of a non-event all round.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 8:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Azulynn

A noter que pour la représentation de ce dimanche après-midi, comme ce fut déjà le cas samedi soir, Adrienne Schulte, apparemment blessée, a du être remplacée, en l'occurence par Hee Seo, dans le quatrième Lied de Dark Elegies.


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Fanchon



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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 9:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour, je reviens sur le spectacle du samedi 14h30... Vous dites Sophia que Nikiya ne souffrait pas la moindre approximation...descendre de pointe lors d'un développé à la seconde.. ça peut arriver... mais de là à tout lâcher... bras et jambes, Shocked elle a une belle technique et de belles jambes...mais quand même,ce n'est pas une repetition!et comme elle n'avait aucune expression...on regardait la technique!

Bref,je ne vais pas revenir sur les differents ballets,mais même Fancy Free,qui à mon gout manquait d'energie,(j'attendais peut être un coup d'éclat pour sauver le spectacle Confused ) ne m'ont pas convaincu...


Déception,déception Crying or Very sad



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Fanchon
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sophia



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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 10:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Non, je ne suis pas d'accord, Fanchon. Je ne pense pas qu'on puisse se permettre de telles "critiques", - disons aussi rapides -, vis-à-vis des danseurs, ou alors il faut d'abord les appliquer à nos artistes, dont les défaillances de ce type sont aussi légion... Parce que si on commence à faire l'inventaire de tout ce qui n'allait pas, dans le même genre, chez les solistes parisiens dans La Bayadère de la saison dernière, pour ne prendre que cet exemple, alors... Rolling Eyes Bref.
Pointer des insuffisances techniques, stylistiques ou interprétatives globales, c'est une chose, et de ce point de vue, je crois qu'on a suffisamment évoqué le cas de Paloma Herrera, mais pour le reste, non, Irina Dvorovenko, pas plus que l'ABT d'ailleurs, ne méritent d'être expédiés de cette manière. Comme je l'ai écrit, elle n'est pas la Nikiya du siècle (mais est-ce ce qu'on lui demande forcément?), mais sa prestation, oui, était plus que digne, revêtue d'un sens et techniquement accomplie. Pour ce qui me concerne, ce n'est certainement pas ce genre de faute, - et d'ailleurs je n'ai pas vu celle que vous décrivez -, qui condamne une prestation. Les représentations de l'ABT à Paris ne me font pas délirer d'enthousiasme, loin s'en faut, mais je pense tout de même que la qualité d'une prestation se mesure à autre chose qu'à la seule "propreté" technique (au sens parisien du terme), sachant qu'encore une fois, Irina Dvorovenko m'a semblé largement au-dessus du niveau moyen des solistes vus couramment en ce qui concerne la seule technique...




Dernière édition par sophia le Dim Fév 11, 2007 10:26 pm; édité 3 fois
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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 11, 2007 10:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dernière représentation de l’ABT pour sa tournée parisienne, en ce dimanche 11 février 2007.

Cet ultime programme s’ouvrait par Symphonie concertante, de George Balanchine. Contrairement à ce qu’on attendait d’une compagnie américaine, l’interprétation que nous en a donnée l’ABT était, du moins en ce qui concerne le corps de ballet, relativement peu «strass et paillettes», et versait parfois dans une excessive sécheresse, rappelant les défauts de l’Opéra de Paris dans le même répertoire. Corps de ballet à l’unité d’ailleurs discutable dans les deux premiers mouvements de la Symphonie de Mozart, mais qui s’est rattrapé dans le finale par des alignements impeccables. Concernant les solistes, j’ai été personnellement peu sensible à la technique superlative de Gillian Murphy (l’«alto») ; cette dernière cherchait trop ostensiblement à accaparer la vedette au détriment de sa partenaire, Stella Abrera, tout en faisait peu de cas de la musicalité. Pourtant, s’il est une chose que même les anti-balanchiniens les plus irréductibles se doivent de reconnaître, c’est bien le sens inné de la musique dont a toujours fait preuve Mr. B. Symphonie concertante suit les plus petites inflexions de la musique de Mozart, chaque pas, chaque mouvement de bras correspond à un trait instrumental, et la moindre approximation ne peut que gâter l’effet recherché par le chorégraphe. Mlle Abrera (le «violon») s’est en revanche à nouveau très favorablement signalée, par un moelleux de bon aloi et surtout par une très belle qualité de saut.

Par ailleurs, une fois de plus, l’orchestre Pasdeloup n’a pas été à la hauteur de la tâche, et à l’issue de Symphonie concertante, certains spectateurs ne se sont pas privés de manifester leur mécontentement par des sifflets à l’endroit des musiciens.

Paradoxalement, la partition des Kindertotentlierder de Mahler, qui sert de support à Dark Elegies a été beaucoup moins maltraitée, en dépit d’une difficulté d’exécution bien plus grande ; peut-être justement en raison de cette difficulté, l’orchestre y aura consacré plus de temps de répétition, et obtenu, sous la baguette d’Ormsby Wilkins, un résultat acceptable. Le Baryton Detlef Roth s’est quand à lui acquitté de la partie vocale à la satisfaction générale.

Je ne m’étendrai pas sur la chorégraphie d’Antony Tudor, dont la sensiblerie exagérée me reste étrangère ; d’autres sauront en parler mieux que moi. Soulignons toutefois l’excellence de l’interprétation qu’en ont donné les danseurs de l’American Ballet Theatre, d’autant plus méritoire que cette pièce peu spectaculaire est néanmoins d’une redoutable difficulté technique.

Petite déception enfin avec In The Upper Room de Twyla Tharp, une créatrice dont on apprécie pourtant grandement l’inventivité et l’humour corrosif, pas vraiment «politically correct». Le corps de ballet accusait manifestement une certaine fatigue, à l’issue d’une semaine de travail intense, et l’insupportable musique de Philipp Glass n’arrangeait guère les choses. Par ailleurs, suite sans doute à un zèle excessif des machinistes du Théâtre du Châtelet, toute la salle s’est retrouvée noyée sous une âcre fumée artificielle ; vu l’effet irritant produit sur les naseaux et les yeux des spectateurs installés au fond de la corbeille, on imagine aisément quel fut le calvaire des danseurs sur le plateau…

Pas de «standing ovation» donc, pour couronner cette chorégraphie spectaculaire, mais des applaudissements néanmoins nourris. Les exigences physiques de cette «fantasia au pénitencier» qui parodie joyeusement tout à la fois Balanchine, le cinéma hollywoodien et les shows télévisés sont telles qu’un peu d’indulgence reste de mise d’autant qu’émergeaient quelques personnalités marquantes, telles Kristi Boone ou Jared Mathews.




Dernière édition par haydn le Lun Fév 12, 2007 1:21 pm; édité 1 fois
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sophia



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MessagePosté le: Lun Fév 12, 2007 12:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots, comme promis, sur l'ultime représentation de l'ABT à Paris cet après-midi.

Si l'on a oublié ce que le mot "Etoile" veut dire, alors Gillian Murphy se charge de nous le rappeler avec brio et éclat dans cette Symphonie Concertante, dont la distribution composée également de Stella Abrera et de Gennadi Saveliev s'avère nettement plus satisfaisante que celle de mercredi dernier, beaucoup trop déséquilibrée. Encore sous le choc de son Cygne noir proprement hallucinant, qu'on ne peut que saluer très respectueusement, et ce, quelles que soient nos préférences artistiques, on la retrouve impériale dans ce ballet de Balanchine qu'elle sert à merveille. Si Herman Cornejo s'impose à nos yeux comme l'artiste le plus significatif et le plus intéressant de la compagnie, Gillian Murphy semble occuper une position comparable chez les femmes... Entre le petit brun au physique loin des normes en vogue et la grande rousse aux jambes interminables, on voit bien que le vrai talent, le talent artistique, le seul qui importe, ne se mesure pas à un physique archétypal... A ses côtés, Stella Abrera est loin de faire pâle figure et l'on aura été charmé par son sens artistique, sa grâce et une élévation impressionnante dans les sauts, qualité qu'elle partage avec Gennadi Saveliev, nettement plus élégant que Marcelo Gomes dans le même rôle. Pour ce qui est du corps de ballet, on lui aura trouvé les mêmes défauts que ceux que l'on avait précédemment évoqués: non, la discipline d'ensemble n'est pas parfaite, mais surtout, cela danse "petit": les bras sont scolaires, on attend un élan, un envol, une majesté qui ne viennent pas et l'on reste finalement coincé dans un exercice par trop laborieux. Et encore une fois, le souvenir nostalgique des compagnies russes dans ce répertoire se fait insistant...

Rien à dire de plus sur Dark Elegies, un ballet qui, s'il est incontestablement dansé avec subtilité, ne me parle décidément pas. Alors, il reste évidemment le chant sublime de Mahler...

Je ne sais pas si j'ai forcément envie de m'étendre sur In The Upper Room. Entre On achève bien les chevaux (ce film qui évoquait les marathons de danse auxquels participaient dans les années 30 des candidats ruinés par la Grande Dépression et avides de gagner un peu d'argent), A Chorus Line (le fameux musical de Broadway) et A la Recherche de la Nouvelle Star (pas besoin d'explications! Mr. Green ), - car c'est un peu un mélange de tout cela et d'autres choses encore, des références savantes aux plus triviales -, il y a quelque chose d'insupportable, de physiquement insupportable, dans ce crescendo qui jamais ne semble vouloir cesser... En même temps, cet exercice ludique, sans complexes, et si américain pour cela, a quelque chose de fascinant. Une impressionnante mise en scène, non dépourvue d'ironie, de l'entertainment à l'américaine, destinée au sens propre du terme à sidérer le public! Et de ce point de vue, une vraie réussite... Mr. Green


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Lun Fév 12, 2007 1:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ayant pu assister à plusieurs des spectacles de cette troupe, mon impression c'est qu'elle n'a pas été vue ici dans les meilleures conditions.

L'affiche d'annonce, couleur rose passée années 50, fort petite et brouillonne, n'a même pas été remarquée par nombre de balletomanes, et cela aussi a dû plomber la billetterie.

Similairement, je ne suis pas sûr que le Théâtre du Châtelet, aussi légendaire qu'il soit en raison de son association d'avec les Ballets Russes de Diaghilev (ABT étant l'héritier direct des Ballets Russes aux USA), soit idéal de nos jours pour la danse.

Pour l'auteur de ces lignes, debout dans le poulailler, cela ne changeait rien, mais pour des personnes qui auraient payé 75 euros pour être confortablement assis derrière un pillier, ce n'est pas pour rire.

Et comme l'un des journaux anglais l'a remarqué, du point de vue du danseur, débarquer de l'avion le lundi pour danser le mardi alors que les conditions de voyage transatlantique sont, de nos jours, litéralement infernales, était une imprudence. Dans les premiers deux jours, l'on sentait sur scène une fatigue énorme.

Personnellement il me semble souhaitable que ABT revienne d'ici peu, invité à l'Opéra Garnier, par exemple, et présente deux programmes - des ballets courts, ainsi qu'un ballet en trois actes. Gelsey Kirkland remonte pour la troupe une nouvelle "Belle au Bois Dormant", qui sera présentée au mois de juin 2007. Pourquoi ne pas porter cette production ici?

Quant aux solistes, si effectivement l'on peut trouver les prestations de Mlles. V. Part et P. Herrera inquiétantes (étaient-elles en méforme?), nous avons aussi chez nous à Paris quelques solistes légèrement dubitatifs. Donc, ne jetons pas la première pierre....

De toute manière, il ne fait aucun doute qu'en la personne de Mlle. Gillian Murphy et de M. Hernan Cornejo se présentent deux danseurs qui seraient étoile n'importe où au monde.

Mlle. Murphy, très belle, ruisselante de "glamour", est l'une des rares ballerines - avec Maria Alexandrova et Marianela Nunez - qui, aujourd'hui, ait un poids normal. Comme ses deux redoutables consoeurs, sa puissance, son énergie, son attaque, sont pratiquement illimitées, et, si le travail est aussi d'une propreté exemplaire, elle a néanmoins intégré que la danse c'est du THEATRE, et non un exercice scolaire.

Je ne pense pas que l'on puisse la critiquer pour LE MEME DEFAUT qui prévaut partout au monde en ce moment : les hyper-extensions et les "arabesques" penchées à 180 ° qui sont en fait un grand écart.

En tout cas, j'ai aussi beaucoup apprécié Mlle. Julie Kent, d'une grande exactitude, très fin travailleur, et excellent partenaire.

Pour ce qui est des solistes masculins, la plupart sont espagnols, sud-américains ou de l'ex-URSS, en provenance d'écoles où l'aspect "grand spectacle" prime.

Or, l'idéologie dominante aux USA aujourd'hui, caricatural machisme, déteint naturellement sur la vie au théâtre.

Les hommes semblent avoir des connaissances assez faibles de pantomime classique, leur visage n'est pas dessiné, composé en fonction des affects, et le regard est souvent flou, presque comme regardant dans le vide. Il y a aussi une difficulté avec le temps lié, et généralement avec les pas de liaison.

Afin d'arriver au pas spectaculaire, aux six tours, etc. l'on escamote le "in-betweeness". Or la danse est justement dans le "in-betweeness". Il me semble essentiel d'instaurer des cours de pantomime, et peut être de donner régulièrement des cours de l'école Bournonville afin de permettre aux gens de travailler l'accentuation, la rythmique et aussi, les difficultés techniques des pas de liaison.

Il est important de souligner que cette troupe n'est pas subventionnée. Ce qui est fort regrettable, car les USA ont absolument besoin d'une troupe nationale comme l'Opéra de Paris.

ABT a néanmoins crée une école, il y a deux ans, basée sur la méthode de Enrico Cecchetti, et dirigée par un Cecchettiste de renom, M. Franco de Vita. Cette école accepte des enfants de 13 à 17 ans, et bientôt prendra les gens depuis l'âge de 8 ans. Voici le germe d'une académie nationale, à laquelle l'on souhaite aux autorités de reconnaître la signification culturelle.


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sophia



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MessagePosté le: Lun Fév 12, 2007 3:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

katharine kanter a écrit:
nous avons aussi chez nous à Paris quelques solistes légèrement dubitatifs. Donc, ne jetons pas la première pierre....


Des solistes qui doutent ou qui nous font douter?... Wink


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sophia



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MessagePosté le: Mer Fév 14, 2007 5:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dans Dancing Times de février, un article de Robert Greskovich accessible en ligne sur l'ABT, de retour à Londres après 16 ans d'absence, avec un programme presque identique au programme parisien.
http://www.dancing-times.co.uk/DT200702/dancingtimes200702-1.html


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 12:10 pm    Sujet du message: Le Spectre Répondre en citant

Je reviens sur Le Spectre de la Rose avec M. Cornejo et Mlle. Reyes.

Les formes que veut Fokine sont des formes précises.

Ce sont des formes strictement classiques, mais dont les contours sont légèrement estompés (sfumato), et dont la sévérité est légèrement détendue - par exemple, comme le remarque Tully, la fameuse cinquième en couronne de Nijinski, qui est une couronne tout à fait rigoureuse, mais légèrement détendue.

Si vous tapez sur "Youtube" "Le Spectre de la Rose", vous verrez trois autres interprétations - M. Baryshnikov dans la mise en scène de ABT avec Mlle. Tcherkassy, début des années 80, M. Kolb du Théâtre Maryinskii avec Mlle. Ayoupova, ici au Châtelet il y a 3 ou 4 ans, et Rudolf Nureyev, en méforme, avec une ballerine très émouvante, anonyme.

Rudolf fait son truc en plumes, inventant de la chorégraphie. Passons là dessus.

Ce qui est intéressant, est de comparer M. Kolb à son aîné M. Baryshnikov (élève de Pouchkine) - pourtant tous les deux éduqués dans le même théâtre.

M. Kolb, très laxe, est "all over the place" - il n y a pas un seul instant où la plastique soit rendue clairement. Les formes sont confuses et se fondent indistinctement les unes dans les autres, sans qu'il n'y ait des temps, des moments identifiables.

Aussi les coutures sont-elles visibles à chaque préparation de pirouette et de saut, et l'application de la force, aussi.

Les ports de bras sont aussi "génériques" qu'ils sont aléatoires, et l'on ne sait plus si le chorégraphe est le génial Fokine, où quelque générique "classicichien".

A la vue de tous ces défauts, et avec tout le respect que je dois au fort sympathique M. Kolb, la qualité de mouvement en devient langoureuse et effeminée, ne présentant aucun contraste aux gestes de la jeune fille.

Voici étalé devant nos yeux tout le problème de l'actuelle école Vaganova.

Si l'on remonte à la représentation des années 80 avec M. Baryshnikov, c'est tout autre. Les ports de bras sont absolument précis, et beaucoup plus riches. Chaque mouvement de tête ou de main est là pour un motif chorégraphique. Aucun saut, aucun tour n'est mis en valeur en tant qu'acte technique - ce sont des temps chorégraphiques, pas des tours de cirque. Les protagonistes racontent l'histoire.

La filiation est donc directe avec ce que nous venons de voir ici avec M. Cornejo, et la production actuelle d'ABT est écho fidèle de ce que cherchait Fokine. Rappelons-nous que Fokine partit en exil après la Révolution, et se retrouva aux USA, concrètement à New York, où il enseigna "Le Spectre" à ceux qui l'ont enseigné à l'ABT.

Il est regrettable que l'ABT n'ait utilisé un décor (même un décor virtuel, par effet de lumière), ou n'ait emprunté nos décors à l'Opéra de Paris, car ce ballet joue beaucoup sur des effets d'imagination, et cela aide les interprètes de se trouver dans une aire mystérieuse, avec cette fenêtre par où va passer, tel la Sylphide, ce sylph qui est un homme.

Dans ces circonstances un peu arides, il n'est pas facile de "juger" pour ainsi dire, si M. Cornejo et Mlle. Reyes eussent pu aller un peu plus loin dans les aspects plus intangibles, mais la qualité de danse du Spectre lui-même était rigoureusement classique, ses ports de bras très beaux, et le tout, sans immixion de vulgarité ou des "pelvic thrust" si chers à Georges B. de l'autre côté du Plaza new-yorkais.

M. Pierre Lacotte, qui a fait une excellente production de cette oeuvre, était dans la salle ce soir là. Espérons que le théâtre national français le permette de la remonter très rapidement - par exemple, en la saison 2007/2008.


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paco



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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 3:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Katharine pour toutes ces informations et précisions concernant les interprétations de l'ABT de la semaine dernière. Cela me rassure d'avoir confirmation que les danseurs n'ont pas eu les conditions logistiques adéquates.

Je suis par ailleurs tout à fait d'accord sur le fait que le Châtelet est très inadapté aux spectacles de ballet. Bien qu'ayant payé une place de 2e catégorie, je ne voyais que 2/3 de la scène, sans compter le monsieur géant devant moi qui me bouchait la vue centrale...

Concernant Mr Cornejo, bien que ne connaissant pas les antécédents du Spectre de la Rose et malgré l'absence de décors, j'ai été subjugué. Suggérons à l'ONP et au Royal Ballet de l'inviter de temps en temps...


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Lanou



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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 4:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je tiens tout de même à signaler que mon but n'était pas de formuler des critiques assassines gratuitement. J'avoue mon relatif désappointement quant à l'ABT, car je m'en étais fait une idée plus favorable à la vue de certaines vidéos, notamment (qui sont toujours à replacer dans un certain contexte, certes, et en relativisant avec la prise vidéo). Puisqu'il semblerait que je fasse de l'anti américanisme primaire, il n'en est rien. Je salue évidemment l'initiative d'inviter une troupe de danse (et une deuxième en juin), la politique du Châtelet ayant véritablement tourné une page de son histoire avec le changement de directeur de théâtre l'année dernière, tout du moins en ce qui concerne les oeuvres lyriques. Maintenir l'invitation de troupes étrangères est nécessaire à notre éducation et pour savoir que nous (l'opéra de paris, étant parisien régulier et garnieromane permanent) ne sommes pas seuls dans le monde de la danse (et je ne peux aller à Londres pendant trois semaines pour voir le Bolchoï tous les ans, comme je l'ai fait l'été dernier).Mes regrets concernaient surtout le "ramassé" des représentations, en même pas une semaine, alors que le Mariinski était là deux semaines l'année dernière et le Bolchoï l'année d'avant (ou deux années auparavant peut être) était resté trois semaines. Il est désavantageux également de présenter un pot pourri de plusieurs ballets, sans en accorder une soirée entière à un grand ballet en trois actes, qui permet de se faire une meilleure impression sur une troupe, plutôt qu'un "best of", qui n'était peut être pas le best, justement. Ce qui était présenté était sensé être le meilleur, et je ne pense pas que ce fut le cas, mis à part le pas de deux de diane et actéon, et le spectre de la rose, que je n'ai pas vu, mais dont il semblerait que ce fut exceptionnel.
Il est important de présenter aussi des ballets que nous ne voyons pas à Paris, et qui font partie du répertoire d'autres compagnies, je suis pour la tradition. Mais avoir invité des danseurs sur une période si courte ne leur a très certaienement pas permis de s'habituer à la scène un peu petite du Châtelet; le marinski avait eu aussi ce problème l'année dernière.
Quant à la politique de "sponsoriser" les danseurs, je garde mes opinions.


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haydn
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MessagePosté le: Ven Fév 16, 2007 5:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Heu, les accusations d'antiaméricanisme primaire, ce n'est pas ici que vous avez dû les lire, Lanou... Wink

Il est vrai par ailleurs que nous avons pour la plupart été vraiment "cueillis à froid" par la désastreuse première de l'"Acte des ombres" de la Bayadère, qui ne nous a pas forcément mis dans les meilleures dispositions d'esprit pour la suite...

Côté positif, je me souviendrai surtout - et comme beaucoup d'autres sans doute - de Herman Cornejo dans Le Spectre de la rose, en tous points remarquable, et de la découverte que fut pour moi La Table verte.

Enfin, sur le sponsoring des danseurs, nous serons d'accord, Lanou, mais je crains que cette pratique, sur laquelle une lectrice de Dansomanie avait attiré notre attention déjà il y a quelques mois, ne reste pas longtemps l'apanage des seuls Etats-Unis d'Amérique...


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