Balanchine - Brown - Bausch, ONP, 10/12-31/12 2010

[serge1 paris]

Merci Sophia !

La bande annonce est très séduisante.

C'est le genre de sujet parfait pour Wim Wenders. Il va faire encore mieux que son Buena Vista Social Club et les foules vont découvrir l'univers de Pina Baush.

Ce serait aussi une bonne chose que la troupe de Wuppertal commence à éditer en DVD les grands spectacles de Pina Baush pendant que la flamme est encore vivace.

Pour rebondir sur certains commentaires, il me semble que le Sacre est la seule chorégraphie de Pina Bausch en mesure d'être mise au répertoire d'autres grandes compagnies. C'est un des grands chefs d'oeuvre chorégraphiques de la seconde moitié du 20° siècle. La grande chorégraphie de Sacre, avec celle de Béjart. Une veine chorégraphique dont Pina Bausch s'est malheureusement assez rapidement détournée et qui est un peu restée sans suite...

[nabucco]

[paco]

Paris offre ce luxe de pouvoir s’attendrir au Gaumont Opéra à 17h avec la Kaptsova dans Casse-Noisette en direct du Bolchoi, puis de traverser la rue et d’assister 30 minutes après au Sacre du Printemps de Pina Bausch à Garnier.

Ce soir c’était Eleonora Abbagnato qui dansait le rôle de l’Elue. Sa prestation hallucinée, hagarde, exprimait une allégorie de chaos saisissante. Corps de ballet extraordinaire et, comme déjà mentionné dans ce fil, Orchestre de l’ONP en état de grâce, vraiment magnifique.

Il est cruel d’insérer « O zlozony / O composite » de Trisha Brown dans la même soirée, mais en même temps cette cohabitation est intéressante, tant elle illustre pourquoi certaines créations de ces dernières années laissent indifférentes, comparées à des « chocs » indémodables comme le Sacre de P.Bausch.

En effet, là où Pina Bausch transcende avant tout une partition de Stravinsky et une histoire de Nijinski (c’est bien Pina Bausch qui s’exprime, mais en transfigurant chaque note, chaque inflexion de Stravinsky, aucun mouvement qui ne soit avant tout inspiré par la musique), Trisha Brown tisse une sorte de "happening" plastique pour vernissage mondain, certes très beau, mais dont la musique électro-années 2000 très glucosée n’est qu’un fond sonore (sans intérêt du reste), une illustration sans grand rapport avec ce qui se passe sur scène.

Là où Pina Bausch crée une tension savamment construite, avec une progression constante et son climax, « O zlozony / O composite » est une succession de jolies images sans grand lien entre elles, une sorte d'exercice de forme, et ça se termine au bout de 25 minutes mais ça aurait pu s’arrêter 10 minutes avant ou 10 minutes après personne ne s’en serait rendu compte,... tant il n’y a aucune logique dramaturgique dans la conception même de l’œuvre.

Le Sacre pourrait se voir tous les soirs sans lassitude, tant il recèle de détails (c’est une chorégraphie quasiment « digitale »…). Et puis rien que pour voir les 8 bennes déposer leur terre sur le plateau de Garnier ça vaut le déplacement

Concernant l’œuvre de T.Brown, belle interprétation, très douce et fluide, de Muriel Zusperreguy, Jérémie Bélingard et Alessio Carbone, tous trois très applaudis à juste titre.

Peu sensible à l’univers Balanchinien, je ne commenterai pas Apollon, si ce n’est pour mentionner un Pas de Deux très tendre et aérien entre Marie-.Agnès Gillot, d'une musicalité à fleur de peau, et un Nicolas le Riche en très grande forme.

Une soirée d’un niveau exceptionnel !!

[sophia]

L'article de Philippe Noisette dans Les Echos : Un Sacre en hiver (20/12/10)

Et alors, le live de Casse-noisette?...

[nabucco]

[paco]

[nabucco]

Je ne sais pas, ça me paraît à la fois assez naturel et assez sain, en tant que réaction au côté parfois, comment dire, assez sucré des chorégraphies de Balanchine (que j'aime aussi beaucoup - ce n'est pas une critique). Disons que c'est intéressant au moins au point de vue de l'histoire de la danse...
Et puis il y a ce côté autre monde, dont on ne comprend pas les règles, cette rigueur formelle, qui n'est pas sans intérêt, je trouve. Enfin, j'imagine que j'aurai un peu plus à en dire quand je l'aurai revu jeudi et vendredi prochain...

(je dis tout ça mais au fond je confonds O zlozony et Glacial Decoy: je sais que je préfère l'un plutôt que l'autre, mais lequel?)

[sophia]

Glacial Decoy, c'est simple, c'est entièrement dans le silence, alors qu'O Zlozony, ça parle tout le temps, et en polonais.

[nabucco]

Mais ça ne me dit pas ce qui se danse là-dessus...

[Lulu]

[paco]

[Ailey]

Pour ma part, je l'avais aimé en 2004 et c'est toujours vrai : j'aime le poème de Milosz (enfin, sa traduction!) et la voix qui le dit ; surtout les synergies qui se créent entre les trois danseurs me fascinent. Mais c'est un ballet poétique et un peu hermétique, comme le texte, et on l'a placé entre deux oeuvres narratives et, en ce qui concerne le Sacre, très dramatiques. C'est peut-être là l'erreur.

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Ailey

[paco]

Un compte-rendu de la représentation de dimanche dernier (+ bref article sur les démonstrations de l'Ecole de Danse), sur le site hispanophone "Danza Ballet" (url ci-dessous)

http://www.danzaballet.com/modules.php?name=News&file=article&sid=4094

[Gracian2]

Je suis rentré bouleversé de Garnier hier soir après la représentation du « Sacre ».
En y réfléchissant j'ai eu l'impression d'avoir participé à la fois à une messe et à un exorcisme.
À la messe, par ce grand rituel qui vous fait retrouver les forces primordiales qui régissent la vie; cette force sacrée, violée et détournée par notre civilisation.
Exorcisme, parce que la transe où nous plonge musique et chorégraphie – n'ont pas imitée, mais vécue par les 32 danseurs – lave, balaie tous les miasmes de médiocrité et de mesquinerie qui pèsent de plus en plus sur notre monde.

Alice Renavand m'a beaucoup impressionné. Son interprétation de l'Elue transforme une victime terrorisée en offrande, sacrifice offert à une renaissance. La danseuse s'abandonne et n'est plus que cette transe sacrée engendrée par la musique de Stravinsky.:

Comment Stravinsky a -t-il pu, en 1913, pressentir l'écroulement sanglant sur le point de se produire ?
Comment Pina Bausch a-t-elle réussit a épouser sa musique et puiser à ces mêmes profondeurs terrifiantes ?
On dirait que ce « Sacre » est le fruit d'une collaboration des deux artistes ! Il est en tout cas un des rares chefs-d'œuvre du répertoire de l'Opéra. Pouvoir vivre à un tel niveau l'essence de la musique et de la danse est un privilège dont il faut être reconnaissant à notre Académie nationale.

Cette essence voulait être exprimée, je pense, dans le premier ballet de la soirée, « Apollon », le sobre et élégant ballet de Balanchine. Jérémie Bélingard, aux formes statuaires, convient parfaitement à ce rôle. Clairemarie Osta, que j'admire beaucoup, était ce soir une Terpsichore très désinvolte, Hurel et Daniel excellentes à leur habitude.

Hélas, il y avait ensuite « O zlozony ».
Pourquoi, grands dieux, cette nullité de Trisha Brown est-elle au répertoire ? Ce ballet de 2004 est prétentieux, démodé, cherchant avant tout à surprendre et en vain. Impossible de juger les danseurs quand ils n'ont rien à interpréter.

[Aurélie]

Le critique du Post a trouvé Amandine Dubuisson un peu scolaire...

http://www.lepost.fr/article/2010/12/22/2348853_b-to-b-a-l-opera-garnier-balanchine-brown-bausch.html