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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Dim Avr 17, 2011 10:25 pm Sujet du message: |
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Il restait des places libres hier soir aux balcons...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26521
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danse-0pera
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 406
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Posté le: Dim Avr 17, 2011 11:43 pm Sujet du message: |
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J'ai assisté cet après-midi à la représentation de Roméo et Juliette réunissant Laëtitia Pujol et Mathieu Ganio dans les rôles titres. Ils forment un très beau couple, très à l'écoute l'un de l'autre.
Laëtitia Pujol campe une Juliette au caractère bien affirmé et qui évolue visiblement tout au long des 3 actes pour passer de l'adolescente espiègle à l'héroïne tragique, lucide face au sort qui lui est réservé. Elle met toute sa solide technique au service de l'histoire. Melle Pujol ne cherche pas à faire Juliette: elle l'est, tout simplement. Elle vit son rôle, sans chercher à "faire joli". Je retiendrai avant tout sa scène de douleur après la mort de Tybalt, comme la folie de sa Giselle m'avait déjà marquée en 2006. A croire que Laëtitia Pujol est faîte pour (interpréter) la douleur, le désespoir. C'était poignant ! Egalement, magnifiques Pas de deux du Balcon et au début de l'Acte III.
Le Roméo de Mathieu Ganio a été absolument extraordinaire. Il a le physique de l'emploi, c'est indéniable. Ses lignes de jambes et de pieds sont superbes: quel travail ! Mais plus encore, sa danse est pleine de noblesse et de raffinement. Il maîtrise ce rôle de bout en bout (à part peut être une réception un peu difficile lors de 2 tours en l'air dans le manège de la scène du balcon, mais dont on ne saurait lui tenir rigueur !). Son jeu est sobre mais naturel, lisible.
Yann Saïz remplaçait Sthéphane Phavorin, apparemment blessé. Son Tybalt est également remarquable. Que dire de plus à part que ce beau danseur propose une danse et un jeu d'acteur soignés, recherchés et réfléchis. J'étais ravie de le découvrir dans ce rôle qu'il marque de sa personnalité et de son charisme.
Le Benvolio de Christophe Duquenne est assez sage et sympathique bien qu'un peu terne, sans doute en raison du rôle lui-même qui a, je trouve, peu d'envergure. Mathias Heymann est un Mercutio techniquement très convaincant: sa danse est irréprochable, ses variations toujours impeccables. C'est un véritable plaisir d'admirer ce danseur, qui semble avoir beaucoup de bonheur sur scène - et d'ailleurs le public le lui rend bien ! Mais, comme il a été dit précédemment, il lui manque le caractère vraiment comique et farceur que savent déployer d'autres danseurs, comme Lionel Delanoë ou Emmanuel Thibault (vus sur vidéos).
Je ne vais pas une fois de plus énumérer les qualités de Myriam Ould Braham, au risque de lasser ! Mais encore une fois, même dans un rôle aussi mineur que celui de Rosaline, elles sont indéniables ! On ne demande qu'à en voir plus et j'envie ceux qui auront la chance de voir sa Juliette.
Julien Meyzindi a parfaitement assuré son rôle de Pâris, et la charismatique Stéphanie Romberg a campé une belle Dame Capulet.
Enfin un grand bravo au corps de ballet, impeccable, comme à son habitude. Toute les amies de Juliette étaient parfaites (Mathilde Froustey, Myriam Kamionka, Juliette Guernez, Daphnée Gestin, Eléonore Guérineau et Leïla Dilhac); se sont distingués aussi Laurence Laffon et Laura Hecquet, Hugo Vigliotti, Pierre-Arthur Raveau et Grégory Dominiak. De plus, une rencontre fortuite dans le métro avec un des danseurs m'a permis d'apprendre que la plupart d'entre eux assurait 3 représentations ce week-end: la fatigue, si elle se faisait sans doute sentir dans les jambes, ne s'est pas devinée sur scène !
Pour terminer, bien que je ne sois pas mélomane, la superbe musique de Prokofiev a été - je trouve ! - parfaitement servie par l'orchestre de l'Opéra dirigé par Vello Pähn. Ils ont été chaleureusement applaudis.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 7:46 am Sujet du message: |
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La critique de Philippe Noisette dans Les Echos, qui ne s'engage pas trop sur le couple n°2 (à part ça, il a aussi noté, comme Haydn, la ressemblance Roméo/Pâris, Magnenet/Bittencourt), et s'étend surtout sur la chorégraphie de Noureev.
Les amants terribles (18/04/2011)
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Jules
Inscrit le: 21 Fév 2011 Messages: 36 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 9:38 am Sujet du message: |
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Merci Sophia. En parcourant cette critique je ne peux pas m'empêcher de m'agacer une fois de plus. Que signifient ces phrases vides : "Noureev donne aux corps mis en scène une puissance évocatrice éblouissante." ? Un débutant tentant faiblement de soigner les mots de sa rédaction ?
Qu'on me pardonne ce coup de gueule, mais étant passionné de ballet depuis quelques années je m'afflige à chaque fois du niveau pitoyable des critiques français, les Noisette, Boisseau, Bavelier... pour ne citer que ceux-là. Quelle exaspération de lire ces papiers écrits à la va vite qui ne montrent après tout aucun respect pour le lecteur.
Qu'apprend-on à la lecture de cet article par exemple ? Dans cet exercice scolaire, on reprend les vieux ingrédients : Il y a là une vague idée "grand spectacle sous influence cinématographique", quelques vacheries, une pour Noureev, raté du cinéma :" il rêva d'une carrière - sans suite -", une à peine voilée pour Mlle Letestu ("pas tout à fait l'âge du personnage"), une remarque de fond sur la musique (!) : "Quant à la partition de Sergueï Prokofiev, elle ne se résume pas au tube « La Danse des chevaliers »", une absence de style qui devient pénible "Le regard du spectateur est happé par l'intensité du drame", des avis éclairés et détaillés sur les danseurs "Stéphane Bullion est un Tybalt sombre, Eve Grinsztajn une Rosaline enjouée", pour finir par une tentative d'envolée qui tombe à plat : "Ce « Roméo et Juliette » c'est aussi et surtout une déclaration à la danse."
Noisette n'est ni meilleur ni pire que les autres. J'exprime seulement ma lassitude face à de tels articles sans intérêt .
Suis-je seul à regretter cette vacuité dans les critiques de danse en France ?? Je pose la question, lire cet article ou rien, quelle différence ?
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3561
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 9:54 am Sujet du message: |
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france a écrit: |
Après avoir lu vos messages, j'ai tenté ma chance cet après-midi au guichet de Bastille. En me présentant une heure avant le spectacle, j'ai pu avoir une place à 10€ dans la première galerie qui m'a paru remarquablement bien placée pour ce prix. |
tiens ? A chaque fois que je me rends aux guichets depuis que la location pour ce spectacle est ouverte, on me dit que les galeries sont complètes (et que de toute façon toutes catégories confondues ce n'est plus la peine de revenir, il ne reste rien de rien). Sont-elles désormais réservées à la vente de dernière minute ou est-ce encore une de ces habituelles attitudes de "vente selon l'humeur du moment" typique de l'ONP ?
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26521
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 10:09 am Sujet du message: |
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On m'a fait les mêmes réponses, et en effet, hormis pour la Première, il y avait des places libres (principalement au fond du premier et du second balcon). Cela dit, les caissiers ne donnent pas forcément sciemment des informations erronées. Eux ne voient sur le plan de salle informatique que les places que la direction a effectivement autorisées à la vente. Si un contingent de places a été "mis en réserve" et n'est libéré qu'à la dernière minute, ils n'ont aucun moyen de le savoir à l'avance.
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yiannakis74
Inscrit le: 12 Fév 2011 Messages: 141
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 10:21 am Sujet du message: |
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Je crois que par rapport à tout ce qui est évoqué par Jules il existe un véritable problème en France (et pas seulement en France) par rapport aux critiques de la danse (mais aussi souvent dans d'autres domaines artistiques). Souvent on apprend rien en lisant ce type de critiques. Il faut une connaissance approfondie de l'oeuvre chorégraphique, une capacité d'analyse du spectacle et aussi de se mettre à la place du spectateur ce que la plupart des critiques oublient. On voit partout deux ou trois noms cités parmi les critiques de danse en vogue en France et chaque fois qu'on lit une de leurs critiques on se demande si on avait assisté au même spectacle. Je crois qu'en Angleterre les critiques comme Debra Craine pour The Times (certains ont évoqué aussi certaines figures en Russie) ont peut-être plus de crédibilité. Mais, d'une manière générale on voit de plus en plus un manque de culture générale et souvent d'un style personnel aussi de la part des critiques dans plusieurs domaines (le théâtre, l'opéra, le cinéma etc.)
Même parfois dans de revues spécialisées comme" Ballet 2000" il existe de problèmes (sans parler de problèmes de traductions puisque cette revue est trilingue). L'essentiel je pense c'est lorsqu'on lis une critique sur un spectacle de danse de vouloir découvrir davantage sur l'oeuvre, le chorégraphe, les interprètes ou la compagnie de danse. Si on avait assisté au spectacle en question de voir si le critique a ressenti la même chose que nous spectateurs ou non et pour quelle raison. Si c'est juste pour un règlement de comptes avec tel chorégraphe ou telle danseuse ou tel danseur cela ne sert à rien.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 10:31 am Sujet du message: |
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Pour moi la question n'est pas d'être d'accord - ou pas - avec un critique. Ce qui compte, c'est la manière de le dire et rien d'autre - en bien ou en mal. Voilà pourquoi Macauley est intéressant, et Bavelier beaucoup moins. Crisp me crispe, si je puis dire, avec ses certitudes et ses dogmes, mais au moins a-t-il une superbe plume, une maîtrise merveilleuse de la langue, une finesse dans le jugement, en plus d'une longue expérience du spectacle, il n'y a pas d'équivalent ici depuis André Levinson.
Ce qui me gêne en France, c'est que la critique de danse y ressemble trop souvent à de la promotion publicitaire, ressassant le contenu pré-mâché des dossiers de presse (d'ailleurs il y a de moins en moins de critiques d'après spectacle, en-dehors des créations, et, à la place, des sortes de "bande-annonces"), et peine par ailleurs à se départir d'un ton de courtisanerie, perpétuellement ravi, vis-à-vis des pouvoirs et des "copains" en général que je trouve personnellement insupportable. On peut écrire des critiques positives, enthousiastes, là n'est pas la question, mais un peu de distance tout de même...
Dernière édition par sophia le Lun Avr 18, 2011 12:03 pm; édité 2 fois |
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Aurélie
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 1317 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 10:49 am Sujet du message: |
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Il y a même des spectacles qui obtiennent "4 étoiles" avant même leur création... Et ça marche, on me dit parfois: "Oh, tu vas voir ce spectacle, les critiques sont super bonnes!", alors que je vais voir la première dans 5 jours...
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yiannakis74
Inscrit le: 12 Fév 2011 Messages: 141
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 10:52 am Sujet du message: |
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Le côté complaisant des critiques qui ressemblent plus à des publicités de promotion c'est vrai on voit cela assez souvent. Il faut que les critiques aient un style, une personnalité qui nous donnent envie de lire leur article. Cela n'est pas facile. On peut se demander pourquoi il y a cette crise avec l'absence des vrais critiques en France. La danse n'intéresse pas la presse? Manque de formation de ceux qui rédigent les critiques? Des réseaux journalistiques hermétiques à toute ouverture qui empêchent aussi des éventuels bons critiques de danse d'y percer?
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Jules
Inscrit le: 21 Fév 2011 Messages: 36 Localisation: Paris
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serge1 paris
Inscrit le: 06 Jan 2008 Messages: 877
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 12:12 pm Sujet du message: |
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Étonnant ce débat impromptu sur la critique...
Pour avoir assez bien connu ce milieu de l'intérieur et croisé Noisette dans un autre journal il y a une vingtaine d'années je crois qu'il faut essayer de voir les choses en face.
Il fut une époque assez lointaine où le métier de critique musical ou critique de danse était un métier respectable et respecté. Tous les grands magazines et quotidiens avaient leur critique attitré, salarié assez souvent à plein temps.
Le problème actuel n'est pas la désaffection du public des rubriques de critiques puisque les salles sont pleines.
Le problème est que la presse a perdu beaucoup de lecteurs ainsi que de budgets publicitaires et que les journaux ne veulent plus rémunérer ni publier les critiques. Donc, survivent seulement quelques rubriques quand les relations des auteurs avec leur direction sont encore suffisamment bonnes pour leur éviter l'éradication.
Sinon les critiques qui ne veulent pas lâcher le morceau se recyclent sur des sites internet crées pour la cause d'où le cirage de pompe permanent pour être agrée par la direction des théâtres et continuer à être invités aux spectacles.
Mais plus personne n'est rémunéré et cela devient une activité de retraité qui y trouve un moyen de continuer à exister.
Cela dit le cirage de pompe a toujours prospéré et il est même excellent pour la longévité des pseudo-critiques [édité par la modération].
Dansomanie a la chance d'avoir les critiques de Sophia qui (sans cirage de pompe...) sont d'assez loin ce que l'on peut trouver de mieux sur la place parisienne...
PS: au fait , qui est Crisp ???
Dernière édition par serge1 paris le Lun Avr 18, 2011 12:20 pm; édité 1 fois |
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Jules
Inscrit le: 21 Fév 2011 Messages: 36 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Avr 18, 2011 12:38 pm Sujet du message: |
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Merci pour ce lien Sophia, je n'avais pas lu Crisp depuis pas mal de temps. Le style est particulier vous avez raison, je comprends qu'il irrite, toutefois la première phrase est un poème à elle toute seule : "Ballet is an art written on air". (plus percutant que cette phrase indigeste de Noisette : "Du legs Noureev entretenu avec soin par le Ballet de l'Opéra de Paris, le spectacle « Roméo et Juliette » est peut-être le trésor le plus précieux".)
Je vois ensuite un avis et un style tranchés, qu'on est libre d'apprécier ou non, puis des références historiques, un peu d'humour au vitriol, et une conclusion claire : "Diaghilev everywhere betrayed rather than celebrated."
Au moins c'est autre chose que le vide ou le consensus mou, quelque chose a été dit, en l'occurrence écrit.
Serge1, merci pour vos explications, cohérentes et tout à fait déprimantes
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