Roméo et Juliette, Opéra de Paris [11 04 - 30 04 2011]

[nabucco]

[sophia]

Ce sont quand même les interprètes qui transcendent - ou non - cette histoire de passion et de mort, quelle que soit la chorégraphie. De ce point de vue, la "version" de ce ballet ne me semble vraiment pas une fin en soi pour être touché (ému, je ne peux pas dire, aucune Juliette ne m'a émue fondamentalement cette année, j'ai pu éprouver un plaisir esthétique, mais c'est autre chose - et c'est déjà beaucoup). J'ai pour ma part apprécié très différemment la version Noureev selon ses interprètes du jour (je dirais même que pour le rôle de Roméo et les rôles masculins en général, elle ne résiste pas à la médiocrité).

[nabucco]

Nous ne sommes pas d'accord sur ce point : bien sur, une bonne Juliette peut largement sauver les meubles, mais le poids de la version me semble ici particulièrement écrasant. Non seulement les solos ne sont supportables que si transcendes, mais les passages de CDB, l'aspect theatre si important dans tout R&J sont souvent vraiment ridicules. Vraiment, démenez-vous pour voir la version Cranko, vous verrez la différence ! Même sans Lacarra, ça reste passionnant (plus qu'Oneguine, d'ailleurs...).

[Imtheboy]

Vous me donnez en effet très envie de voir la version Cranko, surtout que j'étais tombé amoureux (décidément...) d'Oneguine. Je suis assez surpris par vos critiques que je trouve dures, mais si c'est pour trouver la version de Cranko si sublime, je conçois changer d'avis ! J'en parle encore sous le coup de l'émotion de ce RJ.

[Florestiano]

Un peu à contretemps, réaction à la représentation du 30 avril dernier en matinée. Je fais partie de ceux qui ont trouvé Myriam Ould-Braham éblouissante compte tenu du fait qu'il s'agît d'une prise de rôle et je suis d'accord avec ce qui a déjà été dit en ce sens ici, pas besoin d'en rajouter.

Ce qui m'a par ailleurs beaucoup plu dans cette représentation, c'est le caractère remarquablement homogène de la distribution, notamment dans les rôles secondaires, qui étaient pour l'occasion tenu par une génération certes expérimentée mais tout de même émergente pour ce qui est des rôles principaux. Homogène dans le sens où personne n'écrasait personne d'une part et d'autre part dans le sens où il y avait une belle entente entre les différents protagonistes.

Plus particulièrement,
- Marc Moreau en fait peut-être un peu beaucoup dans la minauderie, mais j'ai trouvé jubilatoire son jeu, surligné mais irrésistible - quelle finesse dans les expressions. La longue scène de la mort de Mercutio était très réussie,
- Yannick Bittencourt a bien peu à se mettre sous la dent en Benvolio, mais il en tire ce qu'il peut en tirer, et avec quelle classe ! Vivement qu'on le voie en Roméo un jour. Un futur Prince pour la Compagnie !

Le pas de trois avec Roméo-Duquenne était très harmonieux, avec ce qu'il faut d'humour.

[sophia]

Pour revenir sur la discussion précédente, il me semble aussi que la version de Noureev brille beaucoup plus par son côté grand spectacle (scènes de rues, combats, danses populaires, danses "oniriques"...), qui peut finir en effet par lasser (j'excepte le bal des Capulet, la trouvaille de génie de cette version à mon avis), que pour ses solos et duos d'amour à proprement parler, dont la complexité ou le manque de fluidité nuisent parfois (souvent?) au lyrisme et à l'émotion (on en revient aux interprètes et notamment aux garçons contraints d'être hyper-concentrés sur la technique). Bref, l'expression du sentiment se noie un peu dans le péplum. Par ailleurs, peut-être me trompé-je, mais si, durant cette série, nous avons sans doute vu tel ou tel soir des couples qui "fonctionnaient" et de beaux interprètes sur un plan individuel, nous n'avons pas non plus vu LE couple qui transcendait le tout, le fond, la forme, la thèse et l'antithèse... Or, Roméo et Juliette, c'est quand même d'abord ça, ce n'est pas Le Lac des cygnes où il y a toujours le corps de ballet et la chorégraphie des actes blancs pour sauver un couple - et surtout un Cygne - en demi-teinte.
J'ai regardé un instant le pas de deux du balcon et celui de la chambre dans la version Cranko (qui figure intégralement sur YT avec Marcia Haydée et Richard Cragun, il faut être motivé pour visionner un ballet dans ces conditions, avec une qualité d'image très moyenne, mais quelques extraits choisis méritent vraiment le détour), difficile de ne pas penser à Onéguine bien sûr, mais cette simplicité, comme ça d'un coup juste après Noureev, c'est un autre monde, presque une révélation...
http://youtu.be/cDloTFpoZAI
http://youtu.be/gibswPyqpIk

[laurence]

Nabucco, cela a l'air effectivement très beau, merci. Marcia Haydée est une Juliette de rêve le role est fait pour elle...
Difficile sur You tube d' imaginer le rythme du déroulement...
Ce qui me semble c'est que Cranko n'a pas cette fine touche d'humour de Mac Millan que j'adore...

[doudou]

Avec moult retard mes impressions des deux représentations du 30 avril.

Pour les couples.
On a avec Gilbert et Hoffalt un couple au niveau de Pujol-Ganio.
Dorothée Gilbert est superlative techniquement mais tout à fait intéressante dramatiquement. Et surtout elle ne laisse pas sa supériorité en danse pure prendre le pas sur la construction du personnage (après on aime plus ou moins ce qu'elle propose). Josua Hoffalt est un partenaire sur et nullement écrasé par sa partenaire.
Myriam Ould-Braham est une Juliette touchante un peu différente (plus victime) qui assume parfaitement la chorégraphie. Il est dommage qu'un partenariat peu fluide avec Christophe Duquenne ait un peu entravé la vision de couple essentielle dans ce ballet. Attentif mais précautionneux, Christophe Duquenne a été correct mais un peu tendu.

Le Tybald de Saiz sans atteindre la maestria Bullionesque était tout à fait satisfaisant et crédible. Stéphane Phavorin offrait une figure moins affirmée (excellent dans les rôles comiques, il est moins dans son éléments dans les "méchants")
Marc Moreau a été très bon en Mercutio, rivalisant presque avec Thibault pour le jeu. Alistair Madin a fait une bonne prestation sensiblement moins aboutie mais nullement déshonorante.
Saiz excellent Benvolio en matinée a montré plus de présence que Bittencourt, qui était néanmoins tout à fait estimable
Mention pour Laura Hecquet double Rosaline et pour Julien Meyzindi, élégant Paris de la soirée.
L'ambiance était en effet assez électrique et on s'attendait en effet à une annonce heureuse tant en matinée pour Juliette qu'en soirée pour Roméo.
Partie remise.

[frederic]

Je rejoindrai Sophia pour dire qu'un couple de danseurs peut parfaitement transcender n'importe quelle version et c'est même à mon sens l'essentiel. Mais faute d'voir été ému, ni par Roméo, ni par Juliette, la version Noureev m'a pas paru pesante, et trop souvent à contresens du livret tout de même. Mais je suis un fan absolu de la version Lavrovsky, et à défaut de celle de MacMillan, tellement plus lisibles...

[paco]

[laurence]

C'est drôle Paco, moi la version Noureev m'a donnée souvent une impression de scène vide qui m'ennuyait... quant à la version Lavrosky, vue en film, il me semble que c'est un enchainement de jolies postures... il est vrai qu'Oulanova travaillait au millimètre près ce qui était aperçu d'elle par le public...

[haydn]

[Jonquille]

J'avais signalé cet article dans la revue de presse d'hier.
En ce qui concerne une éventuelle nomination je pense qu'il convient de rester prudent et de ne pas trop l'évoquer...

[haydn]

Cette nomination est évoquée publiquement dans l'article de Gérard Mannoni, qui a dû être lu, relu et approuvé par le service de presse de l'Opéra de Paris. Je ne vois pas, dans ce cas, pourquoi il faudrait passer cela sous silence...

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[sophia]

J'ai aussi souvenir que par le passé Mannoni n'a pas toujours été du même avis sur ce danseur...