Concours interne de l'Opéra de Paris 2006 [résultats H / F]

[haydn]

Oui les candidats suivants ne sont plus classés, Berlioz.

En ce qui concerne les promus, très honnêtement, les résultats correspondent assez aux impressions que la plupart des personnes qui assistaient au concours ont pu avoir à l'issue des épreuves.

MM. Heymann et Ibot ont chacun très largement dominé leur classe, et l'issue du concours ne faisait guère de doute en ce qui les concerne. Pour le second poste de Sujet, Sébastien Bertaud et Audric Bezard se tenaient au coude-à-coude, et là, les résultats auraient pu être inversés sans que cela apparaisse scandaleux. Dommage qu'il n'y ait eu que deux postes à pourvoir.

On peut faire la même réflexion en ce qui concerne les Quadrilles. M. Ibot s'est imposé sans discussion possible, mais pour la deuxième place, si la chance a souri à M. Stokes, M. Moreau lui aussi aurait pu être du nombre des promus. C'est vraisemblablement la belle prestation de Daniel Stokes dans sa variation libre (Roméo et Juliette, acte I) qui a, au bout du compte, fait la différence.

Pour les Sujets, la cause semblait entendue, M. Duquenne allait enfin obtenir le titre de Premier danseur qui lui échappait depuis plusieurs années ; juste récompense, d'autant que dans les faits, il assumait souvent la plupart des rôles normalement dévolus aux titulaires du grade.

Si l'on s'en tient strictement à ce qu'on a vu sur scène, M. Duquenne a sans conteste dominé la variation imposée, qui de toutes façons exigeait un interprète très expérimenté. En revanche, dans les variations libres, ont ne peut pas dire qu'un danseur surclassait vraiment les autres. A titre personnel, j'ai particulièrement apprécié Simon Valastro dans Dances at a Gathering, de Jerome Robbins. Sa danse était d'une propreté et d'une élégance rares, et on eût espéré qu'il obtint mieux que la sixième place du classement.


Le niveau général des classes des coryphées et des sujets était bon, et il y a eu peu de fautes techniques grossières à déplorer, aussi bien dans les variations libres que dans le programme imposé.

En revanche, la variation de Don Quichotte (2ème variation de Basilio, acte 1) a posé de grosses difficultés aux quadrilles, et seul M. Ibot s'en est réllement sorti de manière satisfaisante, justifiant ainsi d'autant plus sa promotion.

A noter tout de même qu'il ne s'est produit aucune chute véritable cette année, ce qui est plutôt de bon augure.

Un gros regret toutefois, la non-promotion de Samuel Murez. Le jury est évidemment - et heureusement - tenu de prendre en compte les deux variations, notamment dans leurs aspects techniques. M. Murez est assez mal à l'aise dans les exercices académiques, et la variation de Don Quichotte ne lui était guère favorable. Mais, parmi les Quadrilles, il fut, dans la variation libre (Twyla Tharp, Push comes to shove), l'un des seuls à nous montrer véritablement un travail d'artiste en représentation, construisant son personnage avec le plus grand soin et épatant le public par son sens du théâtre.

Chaque année, M. Murez se fait remarquer de la sorte, et il est dommage que ce danseur créatif, au tempérament de soliste, ne puisse franchir le barrage forcément quelque peu "scolaire" que constitue le concours de promotion.

[sophia]

Quelques petits commentaires sur cette première journée du concours de promotion interne qui aura donc fait taire l'adage: "honneur aux dames"...

Tout d'abord, évidemment, félicitations à nos heureux promus!

Une remarque générale: les résultats, tout du moins les promotions, me semblent dans l'ensemble correspondre à la réalité des prestations lors de ce concours. La promotion de Christophe Duquenne n'est, comme chacun sait, que justice, et les premières places des quadrilles et des coryphées paraissent vraiment incontestables, tant Axel Ibot chez les quadrilles que Mathias Heymann chez les coryphées ont dominé et leur sujet et leur classe, dans la variation imposée comme dans la variation libre.

Pour en revenir plus spécifiquement aux différents niveaux...
Chez les quadrilles, la variation imposée était la 2ème variation de Basilio dans l'acte I de Don Quichotte: du pur Noureev dans une chorégraphie sans grande musicalité, peu passionnante au fond et qui ne fait qu'accumuler les difficultés techniques. L'année dernière, nous avions eu droit à la variation de l'acte III qui avait posé un certain nombre de difficultés, - dirons-nous pudiquement -, aux quadrilles; cette année, re-belotte avec Basilio et la variation du 1er acte dont peu de candidats ont réussi à se sortir correctement. Le seul à avoir montré une réelle maîtrise à la fois dans l'imposée et dans la libre, en plus d'indéniables qualités de style et d'élégance, fut Axel Ibot: sa Mazurka notamment (celle de Suite en blanc) était largement digne du niveau d'un sujet. Une promotion et un classement qui me réjouissent, car Axel Ibot est un danseur que j'apprécie particulièrement depuis le jour où je l'ai remarqué dans le corps de ballet, c'était justement dans Don Quichotte, en 2004. Il avait déjà brillé lors de son premier concours il y a deux ans dans une autre Mazurka (celle d'Etudes), le jury l'avait alors classé sans le promouvoir, sa réussite cette année est vraiment amplement méritée!!
Pour la deuxième place, le choix de Daniel Stokes me semble encore justifié, il s'affirme comme un danseur très élégant et sa variation de Roméo était particulièrement belle et réussie.
Le reste du classement prête davantage à discussion: la place d'un Fabien Révillion sans grand brio me surprend quelque peu par exemple. J'ai apprécié pour ma part Florimond Lorieux qui a interprété une belle variation de Casse-Noisette, le talent de "performer" de Samuel Murez dans Push comes to shove, ou encore les qualités d'Adrien Couvez ou de Marc Moreau. Globalement, je trouve les quadrilles meilleurs que l'an dernier, même si l'on peut déplorer le manque de personnalités réelles.

Avec les coryphées, le niveau est évidemment autre, que ce soit sur le plan de la présence scénique ou celui de la technique pure. Néanmoins, Mathias Heymann a dominé d'une manière tellement évidente, pour ne pas dire écrasante, les autres concurrents qu'il ne pouvait pas ne pas être classé premier, et ce, haut la main. Dans la variation lente de Siegfried, il a montré qu'il n'était pas qu'un pur virtuose, étiquette qu'on lui accole volontiers. Il a su construire un personnage, et c'est l'un des seuls, avec Sébastien Bertaud peut-être, qui cherchait vraiment le Cygne... Dans la variation de Basilio, il m'a impressionnée non seulement par sa maîtrise technique, mais aussi par l'aura de "star" qu'il dégage déjà... Il a en plus pour lui la fougue et la vitalité de la jeunesse. Un grand espoir du ballet, qui ne le voit?...
J'aurais personnellement classé Sébastien Bertaud second: sa variation de Siegfried était magnifique et il m'a paru très juste dans Don José. Alors pourquoi Audric Bezard? Le choix d'une variation tirée d'Appartement était original et sa prestation mérite certainement les éloges, il a dû vouloir montrer par là qu'il n'était pas qu'un "beau prince". Maintenant, justement dans le répertoire classique, il me convainc nettement moins...
Jean-Philippe Dury a malheureusement déçu, mais sa promotion au rang de sujet n'est certainement que partie remise... Son imposée était techniquement faible et la variation d'Armand Duval qu'il avait choisie était interprétée d'une manière... pour le moins surprenante!

Pour terminer, quelques mots sur la classe des sujets qui concouraient pour la place très convoitée de premier danseur. A l'issue du concours, difficile, contrairement aux deux dernières années (Thibault, Phavorin), d'affirmer sans risque de devoir être contesté la suprématie d'un danseur sur ses autres concurrents. Personne n'a été vraiment mauvais, personne ne m'a semblé non plus intouchable sur l'ensemble du concours. Sur la variation imposée néanmoins, Christophe Duquenne fut, je pense, de très loin le plus convaincant dans le rôle d'Armand Duval, le seul à manifester une vraie puissance interprétative et à savoir construire un personnage cohérent de bout en bout. Bruno Bouché et Simon Valastro n'étaient pas mal non plus. Il est vrai que la course finale d'un bout à l'autre de la scène peut parfois être rédhibitoire pour les interprètes et tourner un peu à la farce... Sur la variation libre, j'ai particulièrement apprécié Simon Valastro dans Dances at a gathering, absolument magnifique de lyrisme et de finesse, ou la Mazurka de Florian Magnenet.
Que Christophe Duquenne ait été promu est en tout cas parfaitement mérité et couronne un beau parcours artistique que nous connaissons tous... En revanche, la suite du classement me semble incompréhensible et injustifiée, que ce soit l'oubli de Julien Meyzindi ou la 6ème place d'un remarquable Simon Valastro!!

Demain les filles!!

[FeeClochette]

Concernant Samuel Murez, un question me vient : quelle place accordée dans un Ballet Classique à un danseur "hors du moule"? Il est vrai que M. Murez dispose de grande qualité d'interprétation (même si pour ma part j'ai detesté son Hilarion) du moins un talent d'artiste indéniable (à voir ses créations). En revanche, sa variation classique était d'une qualité très très médiocre, si ce n'est la plus mauvaise (réception aléatoire sur les doubles assemblés, ligne d'arabesque vraiment peu soignée). Peut-il un jour espérer monter les échelons de l'opéra, ou doit-il trouver une compagnie capable de mettre en valeur ce talent hors norme? Merci

[haydn]

Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec vous au sujet de son Hilarion, que j'ai beaucoup apprécié.

En revanche, il semble effectivement peu à l'aise dans des variations classiques brillantes et très techniques, ce qui lui complique les choses lors des concours alors que son talent mériterait certainement bien autre chose qu'une place de coryphée. Alors, est-ce que l'opéra acceptera néanmoins un jour de le promouvoir quand même, il faut l'espérer. Il y a peu d'exemples de personnalités vraiment atypiques qui soient arrivées au moins jusqu'au grade de sujet. Chez les dames, on pourrait citer Céline Talon, que j'apprécie énormément, et chez les messieurs, Wilfried Romoli, étoile, mais qui néanmoins, avant de s'intéresser particulièrement au répertoire contemporain, a aussi brillé dans le classique (il danse l'Idole dorée dans l'enregistrement vidéo de la Bayadère).

[Silk]

Au sujet du concours des sujets (mauvais jeu de mots... ), je vous rejoins.
C'est vrai que, pour Christophe Duquenne, sa maturité artistique a fait toute la différence et a rendu sa variation imposée bien supérieure à celle des autres, dans le sens où, enfin, on assistait à un extrait de spectacle ! Quel plaisir de le voir son talent, sa sincérité, et son engagement récompensés...
Stéphane Bullion était très intéréssant, je trouve, dans sa variation libre.
Un excellent choix que celui de Bruno Bouché ("Suite on Dances") qui le mettait très en valeur, dans un style inhabituel pour lui.
Les progrès de Florian Magnenet sont impressionnants depuis le dernier Concours ! Il a dansé avec beaucoup de style sa Mazurka de "Suite en blanc".

[sophia]

Une petite surprise...

Mathias Heymann, 13 ans, Ecole du Ballet de Marseille, France.
Finaliste junior du Youth America Grand Prix (2001)
Bourse du Conservatoire de Harid (USA)



http://www.yagp.org/

[Jonquille]

Je félicite tout d'abord très chaleureusement tous les promus.
Les promotions d'Axel Ibot et de Mathias Heymann sont comme on l'a déjà dit amplement méritées. Ils dominaient très largement leur classe. L'accession au titre de "Premier Danseur" à Christophe Duquenne est une très bonne nouvelle même si son concours ne m'a pas paru supérieur à celui de ses camarades. Mais après son Frantz et ses diverses prestations au ballet on ne peut contester cette promotion. Nous avons enfin le Prince qu'on attendait !
En revanche j'ai l'impression que pour être bien classé il vaut mieux choisir une variation de danse "contemporaine" qui ne demande pas une technique superlative. Certes il y a un travail d'interprétation, qui vaut aussi pour les variations "classiques", mais il me semble que le concours doit avant tout servir à montrer ce qu'on sait faire techniquement...

[haydn]

[haydn]

Comme pour le concours des messieurs hier, je vous serais reconnaissant de ne poster aucun commentaire concernant celui des dames avant que les résultats ne soient connus.

[Omega3]

Je suis déçue par la troisième place de Sébastien Bertaud.

Bravo à Mathias Heymann mais je ne peux m'empêcher d'avoir une petite pensée pour Béryl de Saint-Sauveur qui avait dansé Daphnis et Chloé avec Mathias dans le spectacle de l'Ecole de Danse. Elle est surnuméraire dans Giselle et je le trouve très bien en wilis ou en dame de la cour. Je trouve surprenant qu'elle n'ait pas été engagée dans le Ballet.

[édité par la modération]

A ce propos, je me demande ce que devient Marie-Astrid Casinelli.

[holiday]

Merci à tous pour ces comptes-rendus d'un concours auquel le commun des mortels ne peut assiter (hélas !).
Cela nous permet d'imaginer.
Félicitations à tous les promus, et, histoire d'en rajouter une couche, tout particulièrement à Christophe Duquenne. Promotion largement méritée, quelle qu'ait été sa prestation lors du concours, par son travail quotidien au sein du ballet et ses remarquables prestations sur scène (ah Coppélia lundi soir).

[haydn]

Concours Femmes :


Promues Coryphées :


1. Ludmilla Pagliero

2. Daphnée Gestin



Promues Sujets :


1. Sarah Kora Dayanova

2. Marie-Solène Boulet

[haydn]

Classement, sous réserve d'omissions et d'erreurs et sans garantie d'aucune sorte :




Coryphées (postulants à sujet) :


1. Sarah Kora Dayanova Promue
2. Marie-Solène Boulet Promue
3. Laurène Lévy
4. Charline Giezendanner
5. Sabrina Mallem
6. Lucie Clément


Quadrilles (postulants à coryphée)

1. Ludmila Pagliero Promue
2. Daphnée GestinPromue
3. Eléonore Guérineau
4. Aubane Philbert
5. Pauline Verdusen
6. Leila Dilhac



Félicitations aux promues!

[Georgie]

Et bien mes pronostics étaient faux...j'ai apprécié les 2 prestations de Aubane Philbert et Miho Fuji. Longs frémissements vocaux, à chaque passage de Melle Guérineau à l'amphithéâtre...elle a de nombreux fans ! Je n'ai pas pu rester pour le concours de l'après midi, j'ai hâte de lire vos commentaires !

[Berlioz]

Je n'ai pas assisté au concours mais il me semble que la promotion de Sarah Kora Dayanova s'inscrit dans une certaine logique si me réfère aux nombreux éloges qu'avait suscités son interprétation du cygne noir lors du gala de St LMaur en octobre dernier.