Concours interne de l'Opéra de Paris 2006 [résultats H / F]

[déesse]

Merci de donner les résultats aussi rapidement. Merci pour ceux qui n'ont pas la chance d'être sur place.
Merci à tous pour vos commentaires.
Je suis très heureuse que Mathias Heymann soit promu. Il a toujours été magnifique.
Bravo aussi à Kora Dayanova qui est une véritable battante.
Une petite pensée à Julien Cozette qui semble, malgré qu'il ne soit pas classé, s'être fait remarqué, cette année, positivement.
Félicitations à Tous
Et ...courage à tous les "blessés" qui n'ont pas pu participer.

[Azulynn]

Plus de commentaires plus tard, mais en un mot, je suis un peu déçue pour Eléonore Guérineau. Son classement aujourd'hui ne reflète pas son talent - elle a dansé l'imposé et la Sérénade de Lifar avec une maestria rare (et un sens des formes, une liberté qui ne courent pas les rues...). Certes, elle est encore jeune, et a le temps de monter en grade - donc rendez-vous est pris pour l'année prochaine.

Déception aussi pour le non-classement d'Alexandra Cardinale, qui a fait une très belle Carmen. Mais je suis ravie pour Sarah Kora Dayanova, dont l'Ombre était à couper le souffle, du niveau des plus grandes.

[Canari]

j'avoue avoir guetté les résultats de Charlotte Ranson, que j'ai eu le plaisir de voir deux fois danser à Chartres.
ce sera pour une prochaine fois.
Quelqu'un aurait il plus détail sur la prestation des candidates.

[haydn]

Personnellement, si les résultats du concours Messieurs m'ont semblé parfaitement conformes à l'opinion que j'avais pu me faire moi-même des prestations des différents candidats, ceux des épreuves féminines m'ont quelque peu surpris, et je ne crois pas avoir été le seul dans ce cas. Mais ce n'est pas mon rôle ici de m'engager plus avant dans un tel débat.

Précision d'abord, une candidate a été rajoutée in-extremis dans le concours des coryphées, Christelle Granier, qui a interprété la variation d'Esmeralda du 1er acte de Notre-Dame de Paris, de Roland Petit. Elle ne figure de fait pas sur le dépliant fourni à l'assistance.

Dans la classe des quadrilles, on s'attendait à voir Mlles Philbert et Guérineau dans le haut du classement, et à l'arrivée, aucune des deux n'est promue. Il est vrai que cela ne compromet nullement leur avenir au sein de la compagnie, compte tenu de leur jeune âge. Soulignons tout de même que dans la variation libre, Mlle Guérineau avait fait un choix courageux, avec la Sérénade, tirée de Suite en blanc, de Serge Lifar. Les difficultés techniques y sont extrêmes, et elle les a - en dépit de quelques petites fautes vénielles - maîtrisées avec beaucoup de panache. C'est peut être un incident stupide survenu dans sa variation imposée (Mlle Guérineau a été gênée par un mouvement intempestif de sa robe) qui lui aura coûté une place de coryphée.

En ce qui concerne la première du classement, Ludmilla Pagliero, elle a exécuté une variation imposée (1ère variation du Pas de trois de l'acte 1 du Lac des cygnes) correcte, mais sans relief particulier ; en revanche, son Esmeralda (Notre Dame de Paris) choisie comme variation libre fut remarquable : très propre, elle y a montré beaucoup d'abattage et de présence scénique.

Parmi les autres candidates qui ont retenu mon attention, Lucie Matéci, dans la même variation d'Esméralda, ainsi que Leila Dilhac, la concurrente que j'ai le plus apprécié dans le Lac des cygnes. Seule la diagonale de tours piqués, à la fin, souffrait de quelques imperfections.

Mlle Hasboun a aussi réalisé une prestation de bon niveau aussi bien dans la variation imposée que dans le programe libre (variation de Gamzatti - La Bayadère).

Chez les Coryphées, à l'issue des variations imposées, personne ne semblait vraiment sortir du lot. Parmi les concurrentes, Marie-Solène Boulet - finalement promue - était celle qui m'a paru avoir réalisé le parcours le plus propre, devant Mlles Dayanova et Cardinale.

Sarah Kora Dayanova a mis ensuite tout le monde d'accord, avec une variation de l'Ombre (Les Mirages, Lifar), en tous points admirable. Il n'y a eu pratiquement aucune faute technique à déplorer, et sur le plan de l'interprétation, Mlle Dayanova nous a gratifié d'une performance qui n'aurait pas déparé sur scène un soir de spectacle. Si l'Opéra de Paris décide de reprendre, dans un avenir proche, ce ballet, il faudra certainement songer à Kora Dayanova pour le rôle.

Venait ensuite la très belle Variation de la Taverne (Carmen, Roland Petit) dansée avec beaucoup de panache et d'abattage par Alexandra Cardinale, dont on peut être surpris qu'elle ne soit même pas classée... Mais, en tant que fan n°1, je manque certainement d'objectivité

Parmi les autres prestations à signaler, celle de Sabrina Mallem, dans Delibes Suite de José Martinez ; dans la variation imposée (2ème variation du Grand pas de Paquita), le trac lui a manifestement fait perdre une partie de ses moyens, ce qui est fort dommage car cette très belle danseuse possède toutes les qualités pour réussir dans un tel programme.

[sophia]

Les résultats du concours de promotion sont sur le site de l'Opéra et nous permettent de connaître l'âge des candidats promus.

[Jonquille]

Je suis vraiment perplexe (et très énervée aussi !) devant les résultats d'aujourd'hui.
Chez les Quadrilles Ludmila Pagliero a effectivement séduit en Esmeralda et j'ai hâte de la voir plus sur scène. Quant à Daphnée Gestin je trouve qu'elle est passée complètement inaperçue dans ce concours...

Chez les Coryphées Sara Kora Dayanova nous a livré une prestation très aboutie de la belle variation de l'Ombre de Lifar. Cela restera un grand souvenir. Mais, au coude à coude, il y avait la Carmen d'Alexandra Cardinale, variation non seulement très propre technique mais aussi très sensuelle. Quelle n'ait pas été promue est injuste, qu'elle n'est pas été classée est proprement scandaleux ! Marie-Solène Boulet n'a effectivement pas démérité dans la variation imposée mais sa Carmen fut bien fade...

[sophia]

Voici quelles sont mes impressions sur cette deuxième journée de concours.

Autant les résultats chez les messieurs sont dans l'ensemble conformes aux prestations, même si l'on peut toujours discuter de quelques détails, autant chez les dames, on peut raisonnablement et sans esprit partisan s'interroger sur quelques promotions et/ou oublis significatifs qui ne sont pas sans laisser un certain goût d'amertume...

Chez les quadrilles, la variation du pas de trois du Lac des cygnes n'a pas posé les mêmes problèmes techniques aux candidates que la variation de Basilio tirée du premier acte de Don Quichotte. Les réticences que l'on pouvait légitimement avoir venaient davantage du style adopté par les concurrentes, imparfait ou inadéquat. Difficile donc de les départager sur cette seule variation, même si l'on pouvait remarquer déjà la justesse stylistique et la technique impressionnante d'une Eléonore Guérineau ou la manière d'être en scène d'une Aubane Philbert, qui, dès son entrée et en dépit d'imperfections réelles au cours de sa variation (la dernière diagonale de tours piqués notamment), charme par son aisance et son très beau travail des bras et des mains (qui sait ne pas tomber dans le chichiteux). Emilie Hasboun y a également montré de belles qualités (de même que dans sa variation libre, la difficile variation de Gamzatti à l'acte II de La Bayadère). Sur la variation libre, Eléonore Guérineau s'est détachée très nettement, en nous offrant une Sérénade de grande classe, aux difficultés parfaitement maîtrisées et digne d'une soliste rompue à la scène. Pour son premier concours, cette jeune demoiselle éblouit littéralement par son savoir immense de l'art de la danse.
Difficile alors de comprendre sa troisième place, derrière deux candidates probablement méritantes, - Ludmilla Pagliero était effectivement impeccable, et plus encore, dans la variation d'Esmeralda, en revanche Daphnée Gestin ne m'a guère laissé de souvenir (et pour "La Flûte" qu'elle avait choisie en variation libre, celle de Leila Dilhac m'a semblé meilleure et/ou plus mémorable) -, mais qui n'ont manifestement pas le même potentiel artistique que Melle Guérineau ou encore Melle Philbert (charmante et manifestant toujours autant d'aisance, mais peut-être encore un peu verte, si je puis dire, dans la variation du Printemps de Robbins). Certes, elles sont toutes deux jeunes, très jeunes, mais l'on sait que la danse ne connaît pas la même notion du temps... et un concours reste un concours où le meilleur est censé gagner le jour dit...

Les coryphées avaient comme variation imposée la 2ème variation du Grand Pas de Paquita, - enfin une belle variation, avait-on envie de dire, qui n'a laissé poindre aucune lassitude au bout de la nième prestation, même si la chorégraphie en est un peu trafiquée... Sur cette variation imposée, Marie-Solène Boulet, légitimement classée, m'a paru la plus juste et la plus brillante, Sarah Kora Dayanova était aussi techniquement très solide et très propre, même si l'on peut émettre quelques réserves sur le travail des bras, à mes yeux insuffisant pour cette variation typique du grand répertoire russe.
En revanche, sur la variation libre, point d'hésitation, sa variation de l'Ombre, tirée des Mirages était grandiose et parfaitement aboutie, elle a laissé tout le monde par terre, tout comme Mathias Heymann la veille. Sa promotion est donc tout à fait justifiée.
En revanche, je crois que pour la deuxième place, on pouvait franchement hésiter: la Carmen de Marie-Solène Boulet ne présentait pas un grand intérêt et celle d'Alexandra Cardinale était bien meilleure... Candidate de dernière minute, j'ai bien aimé le concours et la présence de Christelle Granier, même si l'ensemble était un peu inabouti, par la force des choses?... En-dehors de Sarah Kora Dayanova, j'ai franchement du mal à comprendre la suite du classement: c'est vrai, aucune candidate n'était vraiment mauvaise ou inversement franchement renversante dans toutes les parties du jeu, mais bon...

[haydn]

Nous avons tous nos préférences, mais gardons-nous des excès de passion dans nos réactions. Laissons ceux à qui la chance a souri savourer leur succès, et gardons une pensée émue pour ceux dont les espoirs ont été déçus en dépit des efforts consentis.

[sophia]

Je suis notamment déçue pour Sabrina Mallem, une danseuse que j'apprécie beaucoup et qui jouit d'un vrai potentiel de soliste. C'est vrai qu'au regard de son concours, il était difficile de la promouvoir, car elle a montré trop de fragilité dans la variation de Paquita, mais elle possède néanmoins le grand style aristocratique, - que l'on n'a pas toujours vu chez certaines -, nécessaire à ce genre de variation, où il ne suffit pas d'être techniquement propre. Peut-être son choix de variation, en l'occurrence Delibes Suite, était-il justement un peu léger... On voit bien à chaque fois dans le concours que le choix de la seconde variation peut s'avérer presque aussi déterminant que la prestation elle-même, quand bien même celle-ci s'avère réussie...

[Berlioz]

Une petite question d'ordre général :

Le principe d'un concours interne de promotion est t-il une spécificité de l'opéra de Paris ou bien pratique t'on de la même façon dans d' autres grandes compagnies (Bolchoî, Mariinsky, Royal Ballet, NYCB...)?

[sophia]

Le concours de promotion interne est une spécificité de l'Opéra de Paris. Ailleurs, les promotions se font différemment et sont liées aux prestations scéniques.

On sait que Noureev voulait le supprimer et que les danseurs se sont mis parait-il en grève pour qu'il soit maintenu.

A priori, on pourrait penser que c'est une garantie d'objectivité (relative bien sûr), tous les danseurs concourant le même jour à égalité. Mais bon, tout le monde sait, - inutile de recourir à la langue de bois -, que le concours était plié d'avance à une certaine époque... Il faut reconnaître que depuis l'arrivée de Gérard Mortier (dont je ne suis pas vraiment fan, précisons-le), les résultats du concours correspondent un peu plus à la réalité des prestations, même si le classement des filles hier n'est pas sans nous laisser sceptiques...

Pour moi, l'existence de ce concours est vraiment intimement liée à l'esprit français, à la mentalité très administrative qui est l'une des spécificités françaises depuis des siècles et ce, par-delà les changements de régime. Et puis, en France, il s'agit toujours, d'une manière ou d'une autre, de plaire au Prince. Franchement, je n'arrive pas à imaginer cela ailleurs, du moins sous cette forme...

Vu de l'extérieur, je n'en pense pas que du bien, même si je suis moi-même un pur produit de ce système français que je viens d'évoquer... On peut être une bête à concours, et un piètre orateur, si vous voyez ce que je veux dire. Si l'on réfléchit un tant soit peu, on admettra que l'art ne peut pas s'évaluer ainsi. L'art, c'est lorsqu'on est en scène qu'on doit le voir, lors des représentations... De même, on ne danse pas de la même manière dans un cours, en studio, et sur scène. Contrairement à ce que pense souvent le public de l'Opéra, du moins c'est l'impression que j'en ai, la danse ce n'est pas que la technique, et dans un concours, c'est surtout cela qu'on voit et que l'on valorise. Je crois aussi que le concours influe sur la manière de danser des artistes; or pour moi, être un bon élève ne suffit pas.

Mais il est probable que d'autres auront un avis divergent du mien...

[Berlioz]

Merci Sophia. J'adhère tout à fait à votre analyse.

[alexbk]

et comment était Mlle Gernez? Je suis surprise de ne pas la voir dans le classement. Pourtant il me semble qu'on ne tarit pas d'éloge sur cette danseuse.

[Aurélie]

Je l'ai trouvée en progrès par rapport à l'an dernier. Son imposée était bien, mais elle a une tendance à faire de l'esbroufe, si je puis me permettre, et peut-être que ça ne plaît pas beaucoup au jury. Par exemple, elle fait son développé à la seconde très haut, mais après elle a du mal à passer en arabesque... Dommage.

Sa libre était bien aussi, elle y a montré un certain charisme. Peut-être était-ce un peu trop court.

[sophia]

Juliette Gernez a été très mise en avant à l'Ecole de danse par Claude Bessy, puis lorsqu'elle est entrée dans le corps de ballet en 1999; elle est d'ailleurs devenue coryphée l'année suivante. On l'a moins vue par la suite, en raison de blessures. J'ai l'impression qu'il est arrivé un peu la même chose à Aurore Cordellier notamment, qui est de la même génération à un ou deux ans près. Des jeunes filles en qui on a vu trop tôt des étoiles et qu'on a usées prématurément...

Pour le concours de Melle Gernez, je n'en ai pas parlé, c'est vrai, car je n'ai pas apprécié sa prestation. Pourquoi le souligner à gros traits? Dans la variation de Paquita, ses fragilités techniques, notamment dans les équilibres, m'ont moins gênée que l'inadéquation stylistique dans l'interprétation. Pour la variation libre, en l'occurrence la variation de Diane tirée de la Sylvia de Neumeier, j'ai trouvé que ce n'était pas vraiment un choix judicieux, la variation est un peu courte, sans réelles difficultés techniques, donc l'accent doit être mis sur l'interprétation, et là aussi j'ai été déçue...