Soirée Roland Petit, ONP, 22/09 - 09/10/2010

[Ambrine]

Je n'ai pas vu autant d'interprétations que vous autres mais comme j'aurais aimé que la version du Jeune homme et la mort avec Leriche/Abbagnato soit enregistrée !
Je n'ai pas assisté à la représentation vantée par Haydn mais celle du samedi après-midi tenait déjà du chef d'oeuvre.

[eili]

bonjour. J'y étais le 4 octobre et je dois dire que je n'aurais pas pensé pouvoir trouver une Mort aussi réussie que Marie-Agnès Gillot (que je n'ai vue qu'en captation) mais Eleonora Abbagnato était parfaite. Disons que je les mettrais à égalité. Interprétation superbe.

Et j'ai été étonnée par Stéphane Bullion : ce n'est pas Nicolas le Riche (les sauts sont moins spectaculaires et l'interprétation plus...retenue) mais je l'ai trouvé très convaincant.

Une bonne soirée. Je trouve quand même le Jeune Homme et la Mort très au-dessus des 2 autres ballets (que ce soit la musique ou la chorégraphie).

[haydn]

Bienvenue eili!

[haydn]

Dernière de la soirée Roland Petit en ce 9 novembre... Nicolas Le Riche, qui a enchaîné deux représentations dans la même journée, a gardé suffisamment d'énergie pour sauter par dessus le lit installé à cour dans le décor du Jeune homme et la Mort et venir saluer un public surchauffé. Les rappels ont été nombreux, et il en avait apparemment déjà été de même lors de la matinée... L'indulgence aura été de mise pour l'Orchestre Colonne, correct sur l'ensemble de la soirée, mais qui nous aura commis un méchant décalage dans la petite harmonie au début de la Passacaille, et que le chef, Yannis Pouspourikas, a tenté de rattraper à grands mouvements de bras.

Difficile de dire encore quelque chose au sujet de ce ballet, qui remporte toujours un très gros succès, et qui, en Eleonora Abbagnato et Nicolas Le Riche, a trouvé des interprètes idéaux. Pour Mlle Abbagnato, on pourrait presque dire qu'il s'agit du "rôle de sa vie".

L'autre intérêt majeur de cette ultime soirée "Roland Petit" était l'apparition de Ludmila Pagliero aux côtés de Stéphane Bullion dans Le Loup. S'il est de bon ton de critiquer cette artiste récemment promue Première danseuse, force est de constater qu'elle s'est montrée ici irréprochable. Certes, le Le Loup ne comporte pas de difficulté technique majeure, certes, elle n'a pas encore la stature minérale d'Emilie Cozette, qui avait brillé précédemment dans le même rôle, mais le jeu de scène était travaillé, et elle a su trouver un équilibre remarquable entre la théâtralité et le jeu un peu distant, compassé, qui est la marque de Serge Lifar. Non, il ne s'agit pas d'une erreur : chaque pas, dans Le Loup, porte la marque de Lifar, qui a manifestement été le modèle de Roland Petit pour ce ballet, alors qu'au contraire, les deux autres ouvrages à l'affiche de ce triptyque appartiennent à un tout autre univers. Paradoxalement, le Rendez-vous, antérieur de près de dix ans au Loup, renferme de manière bien plus évidente les prémices de ce que sera le style de Roland Petit à partir des années 1960-1970.

Il faut aussi mettre au crédit de Ludmila Pagliero son adaptabilité à ses partenaires masculins (même si, en toute bonne logique, les choses devraient être inversées...) ; comme elle avait su "apprivoiser" Mathias Heymann lorsqu'elle était Gamzatti, elle a ici su dompter le loup farouche de Stéphane Bullion, pour former avec lui un couple d'une indéniable homogénéité.

Pour conclure ce compte-rendu à rebours de l'ordre du programme, quelques mots sur Le Rendez-vous, confié aux bons soins de Benjamin Pech et d'Isabelle Ciaravola. La gestuelle de Benjamin Pech est ici toujours un peu véhémente et désordonnée, et on ne sent pas de ligne directrice, de progression dramatique, à l'opposé de ce qui, dans le même ouvrage, a si bien réussi à Nicolas Le Riche. Dans la seconde partie de l'ouvrage, la confrontation avec Isabelle Ciaravola a mieux réussi à Benjamin Pech, et sa danse est apparue moins échevelée, mieux contrôlée. Mais dans cette série de représentations dédiées à Roland Petit, c'est, de toute évidence, dans Le Loup que M. Pech aura donné le meilleur de lui même, et il s'y est imposé de manière incontestable.

[LucyOnTheMoon]

[sophia]

Etrange... Sur TF1, un reportage le 8 octobre sur la première :

http://videos.tf1.fr/jt-we/les-ballets-de-roland-petit-illuminent-l-opera-de-paris-6094175.html

[LysNoir]

Haydn, j'aime bien l'expression que vous avez trouvé pour Emilie Cozette: "stature minérale"...Elle a quelque chose dans l'allure, dans le visage, qui évoque une statue grecque...

Pour Ludmila Pagliero, je l'ai vue deux fois à l'oeuvre, une fois dans le Pas de deux des vendangeurs, l'autre dans Clara. Je trouve que c'est une danseuse solide, avec une bonne technique, qui peut rendre de précieux services à la troupe. Elle semble avoir à coeur de bien faire. Mais force est de constater qu'elle n'a pas le charisme naturel d'une Ciaravola, ni la prestance d'une Gillot, ni la théâtralité d'une Abbagnato, ni la sensibilité d'une Moussin ou d'une Osta. Maintenant, elle est bien distribuée, elle va prendre du métier. Les débuts de Cozette, à qui on adressait sensiblement les mêmes reproches - n'ont pas été faciles et à présent, elle est en progrès, enfin, je trouve...

[wagneriano]

Le 9 soir, à signaler la présence en salle de Roland Petit, très applaudi à la conclusion de la première partie du spectacle. Dans le public, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur avec son épouse Marie-José.

[sophia]

Pour rebondir sur le post de LysNoir, je dirais pour ma part que je ne vais pas au théâtre pour voir en continu dans des premiers rôles - au-delà même du statut d'étoile - des danseurs solides, utiles à la troupe (ah! il est grand, il est beau et il porte bien... ), avec une bonne technique... Une fois, je veux bien, mais plus, c'est la lassitude ou le désintérêt qui gagne!... Ce qu'on peut accepter dans une petite compagnie (où du reste c'est souvent le corps de ballet qui est plus faible) ne l'est pas dans une troupe de 150 et quelque danseurs où tous sont quand même supposés avoir "une bonne technique" et un style caractéristique. Un premier rôle doit être bien au-delà de cela, me semble-t-il!... Si ce n'est pas la personnalité artistique (qu'on l'apprécie ou non importe peu d'ailleurs), un certain brio scénique, une virtuosité exceptionnelle, autrement dit LE petit truc à part, pourquoi un tel plutôt qu'un autre? Bref, je ne vise pas un danseur en particulier (et s'il n'y en avait qu'un, ce ne serait pas bien grave), simplement une tendance générale, sans doute frustrante pour bien des spectateurs aujourd'hui, qui donne parfois l'impression que l'on s'extasie à bon compte sur des prestations somme toute "moyennes" (attention, il y avait aussi des "fadasses" distribués il y a dix ou quinze ans, ne rêvons pas sans nuances sur le passé...).

[haydn]

Pour wagneriano : parlez-vous de la représentation du 9 en matinée ou en soirée? J'y étais le soir, et je n'ai absolument pas vu Roland Petit monter sur scène se faire applaudir. Si c'était le cas, j'ai intérêt à consulter un ophtalmologiste de toute urgence...

Pour sophia : je me livrerai pas à ce genre d'exégèse. J'ai vu Ludmila Pagliero dans Le Loup samedi soir, et qu'elle soit une virtuose exceptionnelle ou non, qu'elle soit bien en cour ou non, ce qu'elle a montré était bien fait et convaincant tant sur le plan artistique que technique, ce qui par ailleurs n'enlève rien aux mérites d'Emilie Cozette que j'avais précédemment appréciée dans le même rôle.

[LysNoir]

Allez, je rebondis sur le poste de Sophia, ça va faire trampoline...En vérité, je suis très rarement émue, que ce soit au ballet ou au lyrique que j'aime aussi beaucoup. Très souvent, on a affaire à des artistes "solides" mais il manque la "chose" qui fait qu'on retient son souffle, que pendant quelques instants, on est ailleurs...En fait, les très grands sont rares. Mais il arrive qu'on tombe dessus. Et ce sont ces moments si précieux, que je garde en souvenir. Les autres, plus ordinaires, je les oublie vite. A force d'aller au ballet, on finit par connaitre un peu la troupe, alors il faut prendre les choses comme elles viennent, avec humour...Par exemple, je suis très amusée à l'idée de voir Cozette et Bullion dans Paquita, ce sont des contre emploi pour eux (enfin, c'est mon avis) et on verra ce qu'ils en feront...L'idée d'une perfection attendue n'est pas toujours très excitante non plus. Je sais très bien que tel ou tel artiste ne donne généralement pas le grand soir, et comme Sophia, je préfèrerais qu'il en soit autrement, mais dans la mesure où je ne choisis pas les distributions ( je suis abonnée, donc je prends ce qui vient), autant avoir une certaine bienveillance de départ, qui ne devient pas pour autant de l'indulgence ensuite...

[sophia]

+ 1

[paco]

[eili]

ha, à lire vos récits j'aurais bien aimé être à la dernière pour voir la prestation de Nicolas Le Riche...

et merci haydn pour les souhaits de bienvenue

[bwv582]

Je ne sais pas si Roland Petit était dans la salle (je ne l'ai pas vu), mais M. Dutilleux était au premier rang du balcon, et Stéphane Bullion a salué en sa direction quand les lumières ont été remises. Il a alors eu droit a une belle ovation des danseurs, des musiciens et du public.